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Envoyé jeudi 23 août 2007 - 11h23:   

Marcel Conche, Présence de la nature
IV, V: "Penser la Nature" (pp. 75 et 76)
(PUF, coll° Perspectives critiques,2001)

"[Ses] caractères (...) nous disent ce qu'est la Nature, mais de manière négative et donc plutôt ce qu'elle n'est pas que, positivement, ce qu'elle est: non engendrée, non périssable, non finie au sens des étants finis, non divisible, non relative à autre chose, non dépendante, etc. Elle est l'Etre, ce qui demeure. Mais qu'est-ce qui demeure? Elle est inengendrée, impérissable, infinie, éternelle, etc. Mais qu'est-ce qui est inengendré, impérissable, etc.? Cela pourrait aussi bien être Dieu: tous ces mêmes caractères, que l'on vient d'énumérer, lui conviennent. Quant à l'image de la sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part, elle apparaît dans un manuscrit pseudo-hermétique du XIIe siècle, Le livre des vingt-quatre philosophes, comme une définition de Dieu. Et aussi bien que figurant l'immensité de la Nature, elle peut être interprétée comme une figuration de l'immensité divine.
Cependant, entre Dieu et la Nature, l'évidence fait la décision. "De Dieu, nous ne pouvons savoir ce qu'il est, dit saint Thomas, mais seulement ce qu'il n'est pas": De Deo non possumus scire quid est, sed solum quid non est. C'est que Dieu n'apparaît pas. Aussi est-il objet de foi, laquelle est "relative à ce qui n'apparaît point", fides de non apparentibus est. Mais la Nature se montre à nous, nous est présente, et d'après la façon dont elle se manifeste et se tient devant nous, nous pouvons dire positivement ce qu'elle est, et donc répondre aux questions: "Qu'est-ce qui demeure? Qu'est-ce qui est inengendré?, impérissable, etc.?" Car, ainsi que le souligne Descartes à propos de l'infinité divine, cela même qui, comme infini, est incompréhensible, peut-être pensé, tout de même "qu'on peut bien toucher une montagne, encore qu'on ne la puisse embrasser".
Les semata, les "signes" parménidiens, distinguent l'Etre, le il y a, mais ils ne disent pas si ce qu'il y a est Dieu ou la Nature -même si Parménide pensait, de fait, à la Nature, qui lui était présente, comme à chacun. Les penseurs qui l'ont précédé n'ont pas su dire qu'elle est ce qu'il y a toujours: l'Etre. Mais elle s'est montrée à eux comme "ce dont toutes choses sont engendrées", c'est-à-dire comme "principe" (...), comme ce qui qu'il y a, pour tous les vivants, génération et corruption. Une fois l'attention portée sur la Présence et la pérennité de la Présence, si l'on analyse ce qui nous est présent et ne peut manquer de toujours l'être, ce que l'on trouve ce n'est pas tel être particulier ou tel autre, mais seulement le passage, le devenir de l'un à l'autre. Ici, en complément de l'intuition de Parménide, vaut l'analyse d'Anaximandre et d'Héraclite. Ce qu'il y a, c'est la Nature comme donatrice, génératrice de toutes choses qui viennent, pour un moment, à la lumière, et en même temps les englobant toutes dans sa puissance."

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