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RGOUBET
| | Envoyé vendredi 23 janvier 2004 - 19h03: | |
L’AVENTURIER
A 24 images par seconde, tu as su piéger le monde,
En noir et blanc, en couleurs, en joie en douleur,
Au viseur, t’as collé un cœur, que le plaisir inonde,
Toi, le petit rapporteur, de quoi aurais-tu peur ?
De graver la pelloche de vues jugées moches ?
De saturer la bande d’images de contrebande,
De parler de Boches, plutôt que d’Allemands,
En dialecte Wolof, à défaut de Flamand ?
De montrer les ronds de ceux qu’en ont pas,
Leur ventre en ballon pour eux témoignera,
Les visages tuméfiés de cadavres mutilés,
La place Tien A Men, encore ensanglantée.
La vie du monde se résume à de petits riens,
A choper, à saisir, au moment opportun,
Empereur de pacotille, Bokassa le centrafricain,
Et bijoux de famille pour Giscard son copain !
Tu captures le monde, scène de trop d’atrocités
La terre, noire ou blonde, vient te concurrencer,
Qui demeure immonde, mais, laisse-la tourner,
A 25 images par seconde, juste pour la télé !
Ta vision du monde, moi, m’a captivé,
Ainsi, il ne me demeure pas totalement étranger,
Trop de cases manquent à leurs jeux de lois,
Faudrait mettre en cage ceux que tu montres du doigt.
Spectateur un peu bête, moi, je reste couché,
Par le p’tit bout de la lorgnette, je regarde les actus alité,
Qui me donnent des maux de tête, me filent la nausée,
Commentaires, vos mots, bientot, me feront gerber !
Tu repasseras demain, engranger tes bénéfices,
Ce que tu donnes d’une main, c’est pas par pur sacrifice,
Tes tuyaux le valent bien, tu n’es pas qu’un artiste,
A voler le quotidien, agrémenté de ses artifices.
Et sous les pavés, reste encore une plage,
Parsemée de quelques rares coquillages,
Ou tu partiras, couler des jours heureux
L'aventure au coeur laisse souvent des bleus.
Robert GOUBET
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