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Mariechristine (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé lundi 22 décembre 2003 - 13h04:   

Je vois en effet que les jardins t'inspirent. Nous avons une passion commune. Les tiens ont des ambiances aussi variées que ceux du parc de Citroën. Merci
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HERGE
Envoyé lundi 22 décembre 2003 - 1h30:   

En guise de remerciment, et pour faire étalage de ma culture à orientation trés horticole....:-) :-)

JARDINS DIVERS

Dans ton jardin, par jalousie,
Jamais tu n’as planté de fleurs,
Pourtant, les roses te sourient,
Et, peu de temps après, se meurent.

A céder à la modestie,
Aux sentiments vrais de ton cœur,
Dans un jardin d’Andalousie
Saurais-tu trouver l’âme sœur ?

Au jardin de la nostalgie,
Errez, souvenirs, sans douleur,
Ce qui était à prendre fut pris,
Y’a plus d'galères, que du bonheur !

Au jardin d’août, ta bouche, encore,*
Décline en vers, plaisir, langueur,
Jardinier, tu cultives, à tort,
Tes hérésies, t’es qu’un looser !

Jardin d’Avril, en pluie, encore,
Jardin de vils, pour les menteurs,
Jardin d’hiver, pour un crooner…
Jardin de Mai, mais quoi encore ?

HERGE

* Ou :Au jardin doux, sa bouche, en cœur,
Au libre choix (et à l’indulgence) du lecteur !






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Mariechristine (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé dimanche 21 décembre 2003 - 21h07:   

Je ne peux pas résister à l'appel de tes petits souliers, tout gros de rêves d'enfant.
Donc, comme promis, voici posté un poème de haine : "La méduse, à la manière de Lautréamont".
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HERGE
Envoyé dimanche 21 décembre 2003 - 19h48:   

Non,point de haine dans ce texte, celle que j'évoque est cette haine latente,dans laquelle baigne notre quotidien,qu'un Noel ne saurait éradiquer d'un revers de la main,qu'on ne poura éluder ni aujourdh'ui, ni demain, l'homme se cherchant entre sain et saint...
Oui, tout reste à dire et à faire, et le poéte n'est que le laboureur d'une terre féconde qui reste à ensemencer.
Vite, d'autres écrits de toi, promis comme cadeaux de Noel!Le grand enfant que je suis resté a déja mis ses (petits) souliers devant une cheminée porteuse d'attente et d'espoirs.
Trés amicalement.

HERGE :-) :-)
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Mariechristine (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé dimanche 21 décembre 2003 - 12h37:   

Y'a de la haine dans ce texte ? Ah bon ! Mais si ça t'intéresse, j'en ai quelques-uns qui te plairont davantage. Je les posterai bientôt. Comme cadeau de Noël.

Amicalement

(oui, je parle trop, on me l'a souvent dit. Pourtant, j'ai toujours l'impression que tout reste à dire)
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HERGE
Envoyé dimanche 21 décembre 2003 - 4h45:   

Pourquoi tant de désespérance,de mélancolies teutoniques(ça, j'aime bien!),de sang lourd dans des veines étroites,de recherche identitaire,de course aprés un état si vil...
Laisse tes semelles coller à la terre pour en emporter un peu,partout ou tu iras, et les rincer dans ton Niger en crue, à la mousson venue...
Silouhette floue sur l'autre rive,je t'y observe par le petit bout de la lorgnette,laissant passer ces heures ou tu te meures à toi même,inexorablement....Le temps te presse, qui t'est précieux,que tu noiras, entre 20 berges, entre deux eaux, dans les eaux noires d'un marigot,une fête FOR haine,contre les salops,
au LA d'un sol,qui chante faux!
Non, t'es plus seule,toi, qui parle trop, ne gémis plus, Noel est beau,mais, d'la haine,y'en a toujours trop, t'en trouveras même dans tes sabots...
Amitiés,et merci pour ta prose aux relents de désespérance, j'aime...

HERGE :-)
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Mariechristine (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé samedi 20 décembre 2003 - 9h36:   

Bonjour à tous,

Je rassure tout le monde. Non, pas de pilotage automatique. Marc m'a envoyé un identificateur hier soir. C'est moi qui étais trop impatiente de vous rejoindre.
A bientôt donc, dans les commentaires.

Amicalement
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franz
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 23h48:   

Ah!Ah!Ah! Le site est sur le pilotage automatique. Marc est en vacances! :-)
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Jade (Jade)
Identificateur : Jade

Inscrit: 11-2001
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 21h03:   

Marie-Christine,

En général, l'obtention d'un espace implique, après décision du webpapa, toujours un peu de temps. Marc n'est pas toujours disponible, ou bien sera-t'il peut-être en vacances, mais il n'est jamais très loin de ses kids...

Mais ne t'inquiète pas, je doute que tu ne nous rejoignes pas fort bientôt !

Bonne soirée dame poète.
Jade *
*
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Marie-Christine E
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 18h13:   

Je l'ai fait hier et aujourd'hui mais je n'ai pas de réponse, seulement des notifications de réception.
?
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franz
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 17h56:   

Pour commenter les autres et obtenir plein accès au site, il faut en faire la demande à Marc le webmaster.
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Marie-Christine E
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 16h57:   

Franz, j'ai lu dans ton salon le commentaire à "Zut! Alors..." auquel je ne peux pas répondre puisque je n'ai pas d'identificateur. Dommage, j'espère pouvoir bientôt te commenter.
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Marie-Christine E
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 16h25:   

"Après l'affichage définitif, il est trop tard pour changer quoi que ce soit."

Tant pis alors.

"il vaut mieux n'afficher qu'un seul texte par message en créant une nouvelle discussion pour chaque texte, plutôt que trois ou quatre écrits à la fois dans le même message (à moins qu'ils ne constituent un tout inséparable)."

Tu dis ça pour l'autre texte, Rêverie aux jardins... ? Mais justement, c'est un tout dont les parties se répondent. Ce n'est peut-être pas si perceptible que ça.

En tout cas, merci infiniment pour tous ces conseils.

Marie-Christine
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franz (Franz)
Identificateur : Franz

Inscrit: 9-2000
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 15h41:   

"Merci Franz. En effet, tout y est. Encore une question cependant. Comment fait-on pour rééditer un message ? Je voudrais insérer les codes qui conviennent dans mon texte. C'est possible ?" M-C E

Marie-Christine!

On ne peut pas changer le message après qu'il est affiché définitivement.

Pour éditer, il faut y penser avant!

Après avoir cliqué PRÉVISUALISER/POSTER LE MESSAGE et avoir vérifié ce que ça donne plus haut comme résultat, il faut revenir dans le rectangle MESSAGE.

Alors seulement, on peut corriger le texte dans le rectangle MESSAGE et ensuite recliquer PRÉVISUALISER pour vérifier les changements avant d'afficher définitivement.

Après l'affichage définitif, il est trop tard pour changer quoi que ce soit.

Autre suggestion:

Pour être lu(e), et recevoir plus de commentaires, il vaut mieux n'afficher qu'un seul texte par message en créant une nouvelle discussion pour chaque texte, plutôt que trois ou quatre écrits à la fois dans le même message (à moins qu'ils ne constituent un tout inséparable).

De plus, en cliquant une NOUVELLE DISCUSSION par texte, chaque texte possède ainsi son propre titre au palmarès du jour quand on clique RÉCENTS dans le menu.

Et chaque texte peut recevoir alors les commentaires qui lui sont adressés, bien à part de tous les autres textes.

FRANZ

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Marie-Christine E
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 8h55:   

Ah ok ! J'ai lu "Zut alors!". Echos, échos, échos...
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Marie-Christine E
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 8h28:   

Merci Franz. En effet, tout y est. Encore une question cependant. Comment fait-on pour rééditer un message ? Je voudrais insérer les codes qui conviennent dans mon texte. C'est possible ?

Bonjour Hergé. Contente que tu viennes apposer quelques rimes à la suite de mon texte comme une brise légère, même si j'ignore le sens des murmures du vent.

Salut à vous.
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franz
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 2h25:   

C'est un retour ingénieux! Tout plein de cachotteries.
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HERGE
Envoyé vendredi 19 décembre 2003 - 1h54:   

RETOUR POUR FRANZ :-)

La poésie revient en courant
Par la grande porte,
Elle reste encore dans le vent
Qui te la rapporte.

Passant ici, comme avant,
Juste devant ta porte,
Elle balayera,au printemps
Toutes les feuilles mortes.

Oubli l'hiver et les gens,
Ce sont des cloportes,
Moi, je te dis en passant,
Que seule l'amitié importe.

Toi qui a des rêves à cent
A l'heure qui t'emportent,
Tes vers s'en vont grandis sans
Que ton art nous transporte!

HERGE :-) :-)



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franz
Envoyé jeudi 18 décembre 2003 - 23h44:   

Allo!

Hé bien! tu cliques TRUCS ET ASTUCES dans le menu et tous les codes y sont expliqués avec exemples.
Franz
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Marie-Christine E
Envoyé jeudi 18 décembre 2003 - 16h28:   

Merci Franz. En effet, on peut bien appeler ça un délire émotif ou bien "vu(e) de l'intérieur"

Petite question annexe : sais-tu comment on fait pour mettre en italique et aussi comment centrer ? Les balises php ne fonctionnent pas
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franz
Envoyé jeudi 18 décembre 2003 - 14h24:   

L'intensité et l'originalité des images sont saississantes. Comme un délire émotif.
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Marie-Christine E
Envoyé jeudi 18 décembre 2003 - 13h32:   

J'ai le sang lourd des mélancolies teutoniques et des spasmes idéaux d'apesanteur. Certains soirs entre chien et loup, la voûte céleste s'abat sur mon sternum et me comprime l'épigastre. Je fais alors des rêves de noir intersidéral en apnée métaphysique. Je ne suis plus qu'un corps soumis au magnétisme du non-être, écrasé par la force du non-vouloir.

Je vois des silhouettes sur l'autre rive, très loin au bout d'une lunette inversée, qui font des signes inintelligibles comme un frottement d'élytres au soleil de mai. Et ma vue se trouble à vouloir suivre les fines hachures de leur présence. J'ai pourtant le pressentiment d'un sens dans ce ballet de métamorphoses.

J'ai perdu le son une nuit d'août où l'été criait trop fort à mon oreille engourdie. Depuis, j'invente des formules de politesse dans l'espoir d'entendre à nouveau le rire des eaux cascadantes. Mais j'ai oublié le rythme des sonates et la gamme des baisers.

Du fond des grottes basaltiques j'obture les galeries aveugles de mon existence. Sans autre lieu où ramper, j'aspire à l'essor, à l'espace, à l'essence et m'étire aux heures de morne désespérance vers les stigmates présumés d'une aurore boréale. Ainsi puis-je entretenir l'incandescent foyer de l'incertitude, résister au confort du pire, à la densité de l'échec.

Aux parois de la terre suinte l'eau noire comme un sourire. Des jours durant je contemple la formation des gouttes dont j'imagine l'écho fracassant au fond des fosses souterraines. Que le chant de la roche est paisible ! Luisant de rondeurs humides. Et qu'il est doux de se laisser entraîner lentement par le murmure des froids liquides jusqu'aux grands sommeils léthargiques. [i]Non ! Réveille-toi ! Réveille-toi ! D'un coup de talon repousse le silence, la tentation du puits. Ouvre les yeux. Regarde : ici les couleurs chantent, les corps sont tièdes d'une si tendre chair. Ouvre les yeux ! Regarde autour de toi.[/i] Alors j'ai gravi la nuit ongles saignants pierre après pierre jusqu'au jour. Et là, j'ai poussé l'horrible vagissement du nouveau mort.

*

Ils sont si nombreux, si semblables en dehors de moi-même. Pourtant, nos contours respectifs restent flous. Je traverse parfois un visage et m'accroche à quelque souvenir dont je saignerai pour longtemps. Jadis, au coucher, j'inventoriais mes gestes pour contrôler leur provenance. Je trouvais toujours des projets et des larmes en surplus. J'écoule à présent sans ne plus faire de comptes.

J'ai l'angoisse du secret, de l'opaque, du mur. Pour apaiser mes peurs, malignement j'observe leurs brèves coulées le matin puis le soir en sens inverse. Je recherche les lieux où ils font masse. Je veux les tenir tous d'un bloc sous mon regard. Alors pourquoi ces larmes dans le chenal du coude à coude ? Pourquoi cette émotion surgie d'un antique souvenir de meute ? Jouissance du museau collé au flanc du frère. Et l'intuition poignante de ne pas faire partie ? Comme si la masse véritable s'était formée ailleurs, secrètement, et la foule ici rien qu'un leurre.

Que cachent-ils derrière leurs portes ? J'imagine des secrets de famille, des souffrances humiliantes, de honteuses débâcles. J'ai besoin de croire qu'il y a un malheur écroué dans leur sourire trois pièces et leur poignée vacante. Et si la futilité entre nous n'était pas feinte ? Serait-ce moi seulement qui porterais le deuil d'un jour vers l'autre ? Je les vois tout à coup dans de coquets séjours, qui feuillettent un journal ou épépinent un fruit. J'ai besoin de croire au désastre écroué dans les bonnes manières.

Etre la main baguée, sûre d'elle, qui tend le pain et les croissants. Le geste avenant qui raconte le futur proche des enfants grandissants. Etre l'oreille mi-distraite derrière le comptoir. Pleine encore du bruit du rideau de fer, des sucriers remplis dans la quiétude de l'avant coup de feu. Etre le regard clos des mauvais jours quand les chiffres lumineux rappellent les longs crédits et le prix des cadeaux pour Noël, conforté dans la certitude que l'aujourd'hui se traînera jusqu'à la fermeture. Etre le pied désinvolte qui remet en place les chiffons pour que l'eau draine les balayures. Et l'eau s'épand sur la chaussée, tout à coup onduleuse et confiante comme un Niger à la mousson. Etre lui, être elle, être eux. Etre, nostalgies de l'être. Comment fait-on pour acquérir une existence personnelle ? S'y creuser une place à polir soixante ans ?

*

Composer avec l'habitude. Apprivoiser sobrement la routine de peur qu'elle ne domine ou s'évanouisse à l'aveuglette. Et après ? Le ciel serait-il encore bleu et les mains vives à reconnaître ? Creuser son lit comme un fleuve avec le temps, avec les crues. Apprendre à déborder, s'exercer à l'élan vers l'unité disjointe. Et les mois, les ans, les siècles, il faut les fabriquer eux aussi, les coudre d'un fil blanc de seconde à seconde. Mais le temps est si dense et résiste au burin.

Je sillonne les rues dans le but de me perdre, d'oublier à jamais mes précédents regards. J'étouffe tant d'être moi-même ; je recherche une brèche par où quitter mon corps. Enfin rejoindre l'improbable. Une rue aux murs de gaze qui claquent au vent comme des étendards. Une place ronde et rose où brasille un vieillard. Un banc où déposer mes postures en suspens. Il m'arrive parfois après des heures de marche de buter contre un angle ou un portail de fer. Et soudain, j'y suis. Dans la pure intuition de la vie.

*

Tristes temps d'occlusion aux synapses engorgées. Mon esprit absorbe le tout venant du monde et ne sait pas le métaboliser. Des pages écornées résistent aux sucs pancréatiques et des visions fermentent dans les replis du côlon droit. Alors je vomis des phrases sur les murs, sombre mortier qu'il faudra bien ré-ingérer.

Je débranche une à une les fibres qui relient les organes au cerveau. Je ne vois plus qu'au pourtour de l'iris et mon ouïe se borne à l'avant du tympan. J'essaie de façonner du vide sous ma peau. Je confectionne un corps flottant.

Doit-on tenter de démêler le dedans du dehors ? Les enfants semblent le pressentir lorsqu'ils lancent leurs bulles irisées dans le ciel. Leur joie est si entière quand elles éclatent.

Le temps presse. Déjà la Voie lactée pétille dans la main. Sera-t-il encore temps de miser sur le jour où m'effacer torche vivante ?

***

Pourtant il y a eu lui, cet autre et tous ceux-là qui ont descendu en rappel les pentes de l'oubli. Il y a tous ceux qui hurlent au fil de mes torrents de boue. Emportés si vite, si loin, et cependant vivaces dans leurs appels restés en témoignage que tout n'était pas qu'illusion. Et lui, lui dont la mémoire me tourmente comme un remords de ne pas savoir lui offrir un au-delà de vie digne de ses premiers espoirs et ses ultimes angoisses. Tant de réminiscences qui me hantent comme autant de noyés entre deux eaux. Des visages qui plongent et refont surface, leurs yeux ternis levés vers moi implorant le souvenir.

Toi qui m'avais offert la joie, la douleur et tes yeux, j'ai aussi érodé l'empreinte de ta voix. Je te regarde, tu prends ma main et mille ans nous séparent. Je ne sais pas retrouver le chemin du corps de ce temps-là. Il flotte encore quelque part dans l'espace une écharpe de ciel d'après la pluie, la courbe de ton dos penché sur le bureau, deux doigts caressants sur ma paume, une étincelle, un profil, des mots, des mots, des mots... Mais le chemin du corps de ce temps-là s'est évanoui lui comme un rêve.

Pourquoi chaque heure qui passe meurt-on un peu plus à soi-même ? Il faut sans cesse se redonner un nom et un état civil pour suivre sans danger la galerie des ombres et faire front à un monde ductile, déformable, fusible où rien jamais n'est assuré. Un nom et un état civil pour prendre pied. En dépit du sol sournoisement mouvant qui menace d'engloutir à chaque pas distrait.

J'avance dans un brouillard opaque. Mes semelles collent à la terre détrempée. Le molleton du silence s'effiloche par rafales aux bruits d'une fête foraine sûrement proche. Je marche lourdement dans l'angoisse...
J'ai oublié d'où venait le sourire qui a infusé mon réveil.

*





mce

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