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Claire (Claire)
Envoyé mercredi 05 février 2003 - 10h49:   

Un très beau texte, où rien n'est vide de sens, tès fluide, très maîtrisé et pourtant mené du début à la fin par l'émotion.
J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres.

Claire
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Garcia
Envoyé mardi 04 février 2003 - 21h02:   

Racines


Ton ventre grouille !
Racines fouillées au terreau noir
Dans tes mousses en mangroves
Qu’un fin brouillard attiédit

Ton corps, grave à l’abandon se démembre
Aux paysages profonds
D’où infinis et lents perlent les rêves
Comme gouttes de rosée aux herbes

La main ondoyante du souffle
Ecarte les nuages
Et tes cheveux fins filigranes
Gisent jais dentelé
Dans le lin indécis de ton sommeil

Les sources d’eau les ruisseaux
Qui sillonnent tes pensées
Bourgeonnent et respirent,
Les poumons d’ombre à ton cou
Et la machoire d’angles et le fruit de ta peau,
Sont les cloisons de mon regard
Collé mouvant à tes surfaces
Qui dérobe au-delà du visible
Le tout réinventé de ma vie.

Passive et matérielle, ta pesanteur
Se grave par degrés à mon âme
Et imprime le sacre du hasard
Au présent rencontré, recréé.

Vois ! mais tu dors
Vois pourtant de l’aube à tes pieds
Se dessiner des chevilles en attaches
Et monter les frais frissons
Caresse déjà passée, ô sensuelle
Vois et tourne les yeux
A l’ombre dont la lumière
Eclose et jaillie procède,
Vois et viens vers moi
Une parole, un appel, un secours
Quand s’entrouvre l’émail brillant
De tes poignards
Sacrifice.

Je meurs dans la joie d’être tué !
Et que broient mes rêves mon sang impur
D’avoir voulu s’éprendre à tes doigts
Trop lourd de tant de fautes
Trop fluide de tant de meurtres
Translucide de tous mes suicides
Réussis puis ratés, abolis puis repartis

Je meurs du désir de renaître
Chanteur des phosphores en feu
Des présences irrévélées
Des mystères de beauté transparente.
Je pleure à en féconder tes rêves
Dans la douceur crispée de ton ventre de racines
Et je ne suis plus là

J’ai cherché pour le cri l’espace
Et mon cri roule en échos au silence
Maintenant qu’est vide
La couche aux draps froissés
Et qu’il me faut poursuivre
Avec l’idiot et le mort
La quête envieuse d’une présence
Qui porte ton nom dans la nuit.

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