LE DIRE AVEC DES FLEURS


L'amour en cage, malheureux.
De sa prison, brise les barreaux deux à deux
Puis se dégage, enfin … heureux.

Il atterrit le cœur léger,
s'imprégnant des parfums qu'il avait oubliés,
Avec douceur et volupté.

Et le voilà par terre,
Le cul sur la cardère
Ahuri mais ravi de cette liberté.

L'herbe aux écus l'accueille,
Symbole de richesse
Offrant sa tête jaune au zénith du jour,

- Il faut que tu me cueilles,
Je te fais la promesse
Que tu ne manqueras de rien, petit amour.

Alkékenge ravi
Par cette renaissance
Se croit au paradis, entre deux liserons,

Un pied d'alouette ici,
Taquine la garance,
La tendre mignonnette s'insurge sans façon

Mais le réveil matin
Montre ses dents de lion.
De fort mauvaise humeur, s'adresse à l'érodion :

- C'est mon temps de repos
Dit - il pour alkékenge,
Qu'il aille voir ailleurs, ce raffut me dérange !

Le physalis, au pied
D'un orobe géant
Se réfugie alors, confus et rougissant.

- Puis - je me rassasier
Pour me revigorer ?
- Bien sûr dit le caille - lait, si t'as de quoi payer. ?

- J'ai sur moi une fleur
Vertueuse, parfaite
Qui peut porter bonheur et fortune grassette,

Son calice tout d'or
S'épanouit au soleil
Pour qui s'occupe d'elle, est couvert de trésors.

- Fort bien, dit le gaillet
Embaumant, guilleret,
Tu devrais en parler à la Reine des prés.

En cette prairie là
Tu ne la trouveras
Son royaume s'étend en bordure de l'eau,

On se fait du mouron
Car sec est son terrain,
Son pied perd en vigueur il devient tout marron,

Le soleil, c'est certain,
Fait roussir son diadème,
Enfin … Sa majesté se meurt à cette heure même.

- Ci fait lui dit l'amour,
En cela je m'engage,
J'irai quérir son eau, à défaut des orages,

Les gouttes de rosée
Seront alors mon gage
J'irai les recueillir au coeur de l'orchidée.

- L'orchidée ? Es - tu sotte ? !
Crie la Dame de onze heures,
Elle est bien trop avare et joue trop les chochottes !

- Moi j'ai bien une idée
Intervient la pensée
Mais elle est douce - amère, risque de vous déplaire...

- Dis toujours ! Lui répond
Le lis martagon.
- Si tu nous emmenais, nous pourrions lui parler ?

- Parfait ! Répond l'amour ;
Angélique, viendrez - vous ?
- Avec Véronique, nous vous suivrons partout !

Alors les fleurs des champs
Se mettent en chemin
Confiantes en cet amour qui guide leur destin.