Viens, viens à moi, ma si belle
viens à moi,
aime moi comme un dieu
aime moi comme un rien
pour rien
pour nous deux
touche moi comme un homme
o offre moi ton front et tes cheveux
l'éventail de tes yeux
pleure, o ma belle, o ma forte, ma douce
ma fragile, ma blessée,
dans le creux de ma paume
et je boirais tes larmes
et tes alarmes
tes rafales.

Mais viens, viens à moi, petite chose
aime moi dans un doute
aime moi d'un seul coup
touche moi comme une femme
abouche moi
adoube moi, adoube moi
fais moi femme
fais moi homme, fais moi peau,
fais moi toi,
pour rien, pour toi,
pour vous trois,
pour moi,
pour nous deux.

Puis viens, viens à moi, petite femme,
fais moi bloc,
fais moi fer, et sois fière,
viens à moi,
fais moi flou
rend toi moi
dans la nuit dans la nuit
aux midis étrangers.

Puis va-t-en, va-t-en moi, mon hideuse,
ma vive, ma défunte,
ma défaite,
va-t-en loin
mais en moi tout autour tout en moi
puis va, ma putride,
ma mortelle, pourissante,
va, aime-moi, même moi, hais me moi,
aux clotures, dans les champs,
sans les chants, par les sens,
dans l'humus, sous la terre,
et je boirais tes lèvres
et je sucerais tes os
et j'en ferais une flûte
traversière