TOMBOUCTOU

Séculaire cité de saints et d’érudits,
Presqu’île du désert, refuge des cadis ;
Ville des proverbes, des prodigieux écrits,
Ô port caravanier jamais assez décrit !

Port confluent dont parlent nos griots et historiens,
Déversoir des produits fluviaux et sahariens,
Ville des mystères et des sables mouvants
Que balaie chaque jour un glacial ou chaud vent ;

Enfin ocre cité jadis phare du monde,
Que reste-t il de toi face aux choses immondes
Car à présent souffle le violent vent, fatal
A tout ce qui chante ta beauté de cristal.

Vois-tu ? les saints tombeaux gênent les lois urbaines
Et des fils ont renié jusqu’à leur peau d’ébène.
Le bonnet paternel devient aussi encombrant
Que les fidèles fils occupent le bas rang.

- je survivrai toujours, dans la bouche des griots,
La plume des savants, les récits impériaux.
Mes traces sont partout : dans les rides des dunes,
L’architecture des mosquées, la pleine lune…

Je vis dans l’œuvre d’art, les généreux desseins,
Les paroles des vieux, les prêches des jours saints.
Je m’adapte et survis, dans la voix des muezzins,
La virginité des nubiles en basin…

J’existe à travers le moindre secours mutuel,
Dans l’hospitalité, dans les actes rituels.
Jamais ne s’éteindra mon lumineux flambeau;
A l’horizon déjà, flotte mon beau drapeau .

Tombouctou le 25 janvier 1999

Par : Alfadoulou ABDOULAHI