TÉNÈBRES

Je me souviens d'une silhouette
Penchée sur mon corps
Brûlure d'une cuisse chaude à mon corps consentant
Genou adolescent parfum
De tout un être sur mon épaule
Qui de ses bras garde-fous
aurait sauvé mon âme
mais ne m'a pas reconnu

Astre noir sur fond de blanc
Ô Marie-Noire
Ma main sur ta paroi a frémi
à tes impossibles vibrations
Douce flamme dévorante et j'ai plongé
vers ton oubli

Cicatrices à ce cœur suturé d'oubli
Cœur déboulonné par des mains si tendres
Cœur mal suturé d'où tu t'es écoulée
Bouts de papier comme des lambeaux de chair dans ce cœur
Où s'est écrite ma vie liquide en encres humaines
De sueur et de sang

Éclatement des synapses
à tout rompre
Tranquille noyade
Où resurgit en suites d'éclairs mon amour
mon Amour piquée de nuit
Si bien qu'il ne reste que mes rêves
façonnés d'oubli
À la courbure de mes yeux sombres

De celui qui aurait voulu étoiler, filer
hanter l'univers
Recommencer la vie
Remplir mes yeux clairs
réveiller mes yeux clairs
De cet infarctus de tous les sens qui m'aurait laissé
Ruisselant de ton espace
inondé de ton temps
échoué sur tes lèvres
De celui qui aurait voulu quitter la terre
en direction du Cygne
En train de lumière pâles photons
À la queue-leu-leu
Comme une traînée de feu
À la recherche de Dieu et revenir
Vous dire où il s'est caché

Que reste-t-il

Rien à attendre maintenant
de ces battements
De ce sang à chaque battement
Que le silence dans la paix de tous les sens
Rien à attendre de ces mains de femme
Rien à attendre des bouches muettes
De ceux qui n'ont rien vu

Clameur hurlante du passé
Ô vous voix mortes de toutes les détresses
Arrachez de vos doigts noircis la terre
Des cimetières et faites-en un terroir fertile
Pour les nouveaux-morts
et pour moi

Laissez-moi enfin m'unir à vous
dans un mariage consommé
Bientôt consommés tous
Fusionnés tous à cette scorie
Morte
Déserte
Qu'on appelait la Terre

Qu'un astre mourant retourne aux enfers
mon corps dispersé
Cette ombre évanescente qui fut moi
Que brouille le courant qui emporte
la mouture du temps