Au fond de l'eau il doit etre minuit perlé comme une tenture baroque.
Au premier plan surgissent les courbes allongées d'une créature;lumineusement nue, elle porte l'étoffe bruyante de ses bijoux et les vapeurs-mosaiques de son incandescence de jeune fille. Les flèches sineuses, surmontées de feuilles serties, qui traversent son buste, conduisent à l'autre corps dissimulé sous le casque doré et aquatique de la nymphe. Elle semble gracilement tenir contre elle quelque personne dont l'humanité aurait été absorbée dans les remous des embruns, dans ce vent souterrain qui ouvre pour nous l'enchantement minéral.
Les précieux secrets du lagon retrouvent leurs palpitations premières.
Le souffle et le vertige, ensemble réunis.
Le visage blanc de l'ange est couché sur la droite, endormi, caressé par le ravissement muet qui s'est emparé de lui.
Tout son corps est devenu figure.
C'est une trace ployante aux contours gracieuse-
ment pointus.
les angles disparaissent dans l'ondulation des motifs, des lignes de lumière et des spirales mauves.
La femme n'en finit pas de descendre sous l'eau: c'est un cigne ensiréné, qui, dans son sillon, dans sa douce chute, ne s'est pas séparé de sa peau de tissus tout en vagues.
Elle pénètre dans l'eurythmie de la nuit.
Intenses couleurs du naufrage. Elle danse.
La vision capturée pour un instant dans les filets de la toile va disparaitre sous la masse glacée de la Chevelure.
Crépitements infinis du pinceau qui roule la pate en spirale.
Il donne cambrure aux tremblements luxueux de la lumière.
La Beauté fait la roue.
Etirement verni,
boa-boa du poisson qui tend vers nous son oeil dilaté par le trouble et la surprise
nous sommes là
décors intérieurs
cavernes émaillées.
Le peintre a su saisir l'instant où la langueur tentaculaire du fleuve prend la femme sous sa langue.
Comment la nage se brisa.