Santos le clochard

Le vieux forum: Soumettre un premier texte: Santos le clochard
By WAROCH on Unrecorded Date:

Note: Waroch et arnaud (auteur du poème "Prière de l'Inca") sont une seule et même personne.Qu'on ne m'accuse donc pas de plagiat. Merci.

By WAROCH on Unrecorded Date:

Adèle,

Qui peut réponde d'elle ?
Elle s'envole à tire-d'ailes
Elle est insaisissable.

Je lui pose des questions
Sur sa situation
Elle coule hors de mes mains
A la manière du sable.

Elle est comme une gitane
Qu'on ne peut pas fumer
Comme une flaque de butane
Qu'on ne peut enflammer.

Tu portes le nom d'une bière;
Quand j'irais au bistrot
Je ne commanderais que toi
Et je m'enivrerais
En étouffant mes rots
En soignant ce patois
Que cette substance amène
A partir du français
Dans la bouche du pauvre hère
Qui un peu trop en bois
Et je te consommerais
Par procuration
Et sans modération.

By WAROCH on Unrecorded Date:

PRIERE DE L’INCA

Toi, soleil ! Qui m'éclaire de ta face arrogante
Toi, soleil, sans qui je ne serais qu’une amibe pourrissant
Toi qui t’insinues, dès l’aube, par les plus petites fentes
Dans ma pauvre cabane, quand tu es rouge sang.

Toi qui m’éveilles et m’ordonne de dévaler les pentes
Pour aller au combat du pénible labeur
Qui lui aussi me fait vivre et me hante
Car lui aussi peut éteindre mon cœur.

Toi, Dieu tout - puissant! Pour qui ma mort
Ne serait qu’une brindille qu’on brise entre ses doigts
Toi que je ne peux regarder qu’un court moment en face
Car comme un amour perdu qui m’emplit de remords
Ta splendeur m’aveugle, et les couleurs s’effacent
Et le monde devient gris, et mon regard se noie.

Toi, soleil ! Qui m’a vu naître, marcher, pousser mes premiers rires
Toi qui perces mes fenêtres, et me verras mourir
Sache qu’il n’est pas un jour ou j’oublie ta présence
Pas une seule nuit ou j’oublie ton absence.

Dors en paix, car je te voix descendre
Vers ces montagnes blanches qu’on croirait éternelles
Et qui ne sont qu’un souffle, que ta grandeur énerve
Qui ne sont qu’un instant, et déjà plus que cendres.
Tu es mon dieu, et je t’aime.

By WAROCH on Unrecorded Date:

Haschich, haschich,

Quand on parle de toi, les yeux s'allument et suintent
De l'odeur du désir.
Toujours je suis chiche
De goûter une autre
de tes suaves étreintes
Quand tu te laisses saisir.

Je n'accorde au plaisir
Qu'une toute petite place
On ne me voit rosir
Que quand brûle ta face.
Toi l'ultime horizon
Des limites de ma foi
Tu diriges ma raison
Et tu scies les barreaux
De ma propre maison
Quand ses murs et son toit
Deviennent une prison.

Raconte-moi, haschich,
Ces insolites histoires
Qui n'ont court que la nuit
Quand les hommes deviennent riches
De leurs rêves envolés
Quand ils craignent l'ennui
Et cherchent l'échappatoire.

Raconte-moi comment
Les rois mages ont frappés
A la porte de Joseph
Parce qu'ils n'arrivaient point
Avec ce méchant zef
A allumer leur joint.

Relate-moi les exploits
Du Christ, défoncé
Dès l'âge le plus tendre
Par cette substance foncée
Que ces trois hors-la-loi
Chefs du royaume des cendres
Déposèrent, en silence, dans des coffrets d'argent
Aux pieds de ce Jésus, magnifique nouveau-né
Dont l'enfance fut baignée, comme pour tant d'autres gens
Par ce parfum étrange, qui charme tant le nez
Par cette pâte odorante, dont parfois le besoin
Apparaît comme pressant
Comme unique médecine,
Et comme unique soin.

By WAROCH on Unrecorded Date:

SANTOS LE CLOCHARD


Mesdames et messieurs, laissez-moi vous racontez l'histoire
De Jimmy Santos, un pauvre clochard installé à Marseille
Et qui n'en avait même pas l'odeur du savon.
Ce pauvre hère, disait-on , ne s'était plus lavé depuis le directoire,
Il puait comme un piaf d'après la marée noire, on lui disait "Essaye!"
En parlant d'un bon bain, mais il était semblable à ces oiseaux de mer tout couverts de mazout,
et que l'on doit traîner, de force, jusqu'à une eau plus douce.
Alors ses copains s'éloignaient, dépités et amers,
De devoir supporter l'odeur de leur ami, fort agréable au demeurant - l'ami, point
Le fumet pestilentiel qui sortait de ses pores et sa bouche .

Car qu'on ne s'y trompe pas! Le clochard est comme le cochon;
il n'est sale que quand il ne lui est point donné une autre alternative!
Mais Santos était un cas à part. Il vomissait chiffons et torchons,
regardait travailler les motos-crottes avec dans les yeux comme une lueur rétive.
Le croiriez-vous ? Il refusait même de parler avec les éboueurs,
qui pourtant chaque matin, de bonne heure, sans ces manières craintives
qu’ont les gens d’ordinaire à l’égard de ceux dont ils craignent la senteur,
taillaient le bout de gras avec ses camarades,
pendant que quelques rats finissaient leurs emplettes.

Et oui , Santos était sale non par obligation mais bien par volupté.
Il détestait tous ceux dont l’unique vocation semblait être la ruine,
l’extinction, la suppression, le génocide de la saleté.

A l’heure ou je vous parle, il a quitté Marseille. Las du trop grand zèle
de ces mairies du sud obsédées par la crasse,
Il a fait place nette - enfin c’est l’expression - et déployé ses ailes,
chassant ses idées noires, vers ces terres de légendes,
A la pointe de la France et du progrès, là ou souvent l’expression « jeter l’encre »
se rapporte aux couleurs des ces liquides étranges et sombres comme des cendres,
qui se mêlent à la mer, quelquefois , en Décembre.

Les hindous se baignent dans le Gange. Jimmy Santos alla se baigner dans la fange.
Ainsi il plongea, nu, dans les profondeurs abyssales du mazout, et nul ne le revit plus.
Et mon histoire s’arrête ici. S’il faut y trouver une quelconque morale, c’est que son premier bain fut aussi le dernier de sa si pauvre vie.


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