Les mots, ces maux, toujours le même jeu
L'usure du -o
Seule l'image subsiste
Inerte métaphore figée dans le mal de dire
Ce bien à portée de main
Demain, peut-être

Mais qui saura dire l'aura du dit ?
Parole ou prophétie, les vers sont là
Indélébile version chantée sous le regard
Agression douce-amère de la transfiguration
Et déception en demi-teinte
Des mots à mi-chemin d'une maldonne
Mouette maudite en son envol - maldita
Sans message
Mais corps, mais esprit
Parole

Maux de mots encore
Faillibles déchirures
Fissiles fragilités de haubans immatures
Dans l'ivresse innocente des feux saint-Elme
Et c'est éclat et c'est lumière
Que l'avancée haletante dans le chaos du ressac

Des nefs difformes, oxymores grimaçantes
Fardées sous les strophes grotesques du délire
Voilent la syntaxe obstinée du désir
Et, loin du plus secret lointain des miroirs intérieurs
Brûle le brasero de l'indicible
Immuable souffrance dans l'exégèse de l'existence

Mots d'émail
Emaux limpides des maux
Emoi d'un mal aux mots
Quand mal aimer demeure ce mal
Quand mal aimer devient ce beau
Le mot du mal - fleur

Tourner sans cesse de l'un à l'autre
Vaine soûlographie d'une bouche trop élégante
Lèvres si douces du récit et closes,
Obstinément closes derrière l'enluminure de l'écrit

Mais faux tous ces mots !
Je crie, j'écris
Et pleure et tue le cri dans le fatras des lettres !
Epelé, éploré, le texte s'effondre sur son lit pâle
Et l'aube réminiscente le cueille là
Insatisfait encore au coeur du mal
Ce nid de lames froides givrées à l'encre noire
Cheval de frise au galop immobile dans les déchirures

Mots en guirlandes
Mots en tresses savantes
Maux emperlés, enrubannés
Mots piégés dans l'entrelacs d'une pensée à jamais confuse
Mots, juste ces maux
Pour rien
Juste ces mots
Pour dire
Peut-être
Un bien