L'aigle noir se tait longuement
Il dort d'un oeil en couvant ses oeufs.
Il ne rêve pas, il songe,
Il veille dans son sommeil...

D'une secousse il étire ses griffes rapaces,
Sur son pic glacial l'oiseau d'ébène
déploie ses ailes, puis d'un élan,
Tel Icare vers le soleil, il se jette,
poitrine offerte
à la vomissure d'un canon
qui vaguait errante, avide,
dans les cieux de plomb.
Il retombe,
amas de plumes,
sur les décombres des terres déviergées
sur les pâturages ratissés en poteaux de ciment
sur les moulins électriques
et les trous de pétrole gluant,
Il retombe en vrille
englouti par la terre aride,
Il bat le sol au moment ou là-bas, là-haut
la coquille dans le nid craque et s'effrite.
Une tête ahurie pointe et émet le cri
Un cri long, puissant, qui se réverbère, agile, entre les montagnes échos,
L'aigle noir,
dans sa tombe de poussière, frémit
Les oliviers centenaires se penchent et déversent
leur huile bénie sur le front meurtri,
La mère renaît et s'élève,
Rappelée à la vie.