Finalement ce siècle est mort

Le vieux forum: Albert: Finalement ce siècle est mort
By Lydia (Lydia) on dimanche 06 février 2000 - 00h50:

Finalement, un autre siècle vit,
avec ses quatre vingt dix mille cent trois bougies,
ça nous reserve de longues soirées d'hiver
- quelquefois même, à ne rien faire -
et des " Joyeux Anniversaire ! "
N'est - ce pas Albert ?

Bisous en passant.
Lydia

By Magdaléna (Magda) on vendredi 04 février 2000 - 00h02:

coucou Albert, et bravo pour cette poésie,j'aime beaucoup

gros gros bisous

By albert (Admin) on lundi 31 janvier 2000 - 00h43:

Finalement ce siècle est mort
et mes godillots sont trempes.

Lentement, cédant la place au nouveau,
il s'est éteint, avec cette dernière bougie,
ce fond de bouteille, cette queue de saucisson,
ces éclats de rire, ces sanglots,
la neige déjà grise.

Les Manche-Creux sont repartis, les Angevins aussi.
Il ne reste qu'Elise, nos trois merdeux, le chien,
et cette grande marmite de potée froide,
dont les relents gras, emplissent notre habitat enfumé.

Benjamin, lové contre sa soeur, ronfle.
Alphonse, endormi plus tôt, a choisi notre couche.
Elise l'entoure de ses bras fatigués et noueux.
La pluie traverse le toit, il fait froid,
1900 s'annonce sordide.

Une dernière gorgée de ce vin de pays acide,
pour faire passer cette rage de dents tenace,
j'enfile ma veste.
Les escaliers craquent,
les Dubochet rient encore,
je sors sur le boulevard.

Alignée de becs à gaz, supportant Paulot,
celui qui jouxte la taverne est éteint.
Les éclats de rire s'amplifient,
bruits de verres cassés,
le siècle n'est pas encore passé par là,
ils s'accrochent, résistent.

Les journaux du soir avaient commencé à l'évoquer,
quelques fanatiques avaient choisi de grimper sur des sommets,
mais personne ne pouvaient réellement imaginer
que pour quelques couches de sillicium mal ajustées,
que pour économiser quelques louis, d'un coup,
tout basculerait, que dans la peau de nos ancêtres
nous franchirions une fois de plus la porte du siècle
de la vapeur, du phyloxera et de l'exposition universelle.

Finie l'électricité, la douceur de cette eau tiède fournie à
même la cuisine, le son clair d'un orchestre depuis
longtemps disparu, les aliments permanents, et les maladies
bégnines. Finie les cuissons instantanées, les coup de fil rapide,
Miles Davis, Vengerov, et la nouvelle cuisine.

1.1.1900


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