By Albert (Albert) on Unrecorded Date: |
Roger Caillois dans "l'homme et le sacré" livre une réflexion intéressante sur le sacré de transgression. Il risque en particulier une comparaison audacieuse entre la fête dans les sociétés primitives et la guerre dans les temps modernes.
Mais là n'est pas me semble-t-il le point le plus important. Evoquant les saturnales romaines, ou ces jours absents du calendrier chinois, parce que
voués au chaos, Caillois insiste sur la notion de contraste, en particulier sur l'importance d'une alternance entre le quotidien "banal" et cette
étrange période de l'année, retrouvée de manière quasi-universelle, pendant laquelle l'être humain retourne aux sources, au chaos original.
Sacré de transgression, parce que rituellement, les actes commis au cours de cette suspension temporelle, ne sont pas poursuivables.
J'étendrais pour ma part cette idée de transgression nécessaire pour le maintien d'un carcan social acceptable, à la notion de contraste, en rappelant que l'on ne vit que par différence.
Contraste fondateur, base de toutes nos perceptions, écart infime qui nous rappelle à chaque instant que nous vivons. Ce rien du tout qui nous tient en haleine, nous ouvre les yeux, nous pousse à chercher sans cesse, nous
condamne à errer inlassablement, en quête de l'aspérité salvatrice, du grain de sable malin.
Rocher impressionnant au milieu du chemin, jamais je n'acheterai ce tableau qui m'éblouit de différences, de peur de m'en lasser trop rapidement. Mon dévolu se portant plus volontiers sur cette oeuvre étrange, "différente", par l'approche qu'elle suggère, par la qualité de son invitation discréte.
La découverte de nouveaux auteurs, de nouveaux regards, l'émergence de phrases auxquelles on n'avait pas pensé est un vrai bonheur ....
Longue vie au grains de sable !
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