Nous sommes un peu, l’un et l’autre, comme des naufragés qui s’étreignent pour assurer leur survie.
Je la sens, elle tout comme moi, prête à s’abandonner, À bout de force, de résistance.
Nous sommes tous les deux à fleur de désir et nos peaux se touchent. La sienne lisse et moite, la mienne désireuse et inquiète.
Tant de souvenirs me reviennent en tête. Après si longtemps, et de si loin.
Ni l’un et l’autre ne disons mot. Dans ce silence lourd mais complice, mon cœur bat à hurler. D’envie, de peur, de bonheur. Je tremble comme un collégien qui connaît son premier émoi.
Sa bouche brusquement s’est posée sur la mienne, répondant à mon désir. L’aspect cireux de son rouge à lèvre, sa senteur fruitée à peine perceptible, éveillent en moi de si fortes émotions qu’au fond de mes entrailles tout se noue.
Je savoure avec fébrilité ce court instant qui annonce la fraîcheur de la source.
Elle presse ses lèvres sur ma bouche avec tendresse, délicatesse… Une pause. Brève. Et j’imagine son regard doux qui me fixe un moment.
Puis son bras s’enroule à mon cou et, avec une infinie délicatesse, elle m’embrasse de ses lèvres humides.
Ma main se pose à sa taille. Je caresse sa blouse de satin qui frôle sa peau. Je sais vite qu’elle ne porte pas de soutien-gorge et ma main suit la courbe de ses hanches.
Ses cheveux, à l’odeur musqué, coulent sur mes épaules. Tout contre moi, je sens sa poitrine qui se soulève. Respiration du désir. Haletante. Et peu à peu je vais à la rencontre de ses seins.
J’y vais du bout des doigts, avec prudence, tout en savourant ces instants intenses de crainte remplie de vertige qui nous rapprochent irrémédiablement d’une intimité qui s’avère maintenant inéluctable.
Elle sent mon trouble. Et, comme pour me rassurer, elle me dit…