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By GUY SAVIO on Unrecorded Date:

Si...

Si tu restes serein lorsque, autour de toi,
Tout leur semble perdu et qu'ils t’en font grief
Que tu saches croire en toi quand eux n’ont plus la foi
Et que tu le comprennes et pardonnes derechef ;
Si tu sais attendre sans éprouver de rage,
Ou être calomnié sans mentir en retour,
Ou bien être pressé sans aller au plus court,
Et ne cherches à paraître ni trop bon, ni trop sage ;

Si tu crois en tes rêves sans qu’ils ne te dominent,
Si tes pensées ne sont jamais une fin en soi,
Si quand tu rencontres le triomphe ou la ruine,
Tu traites ces illusions avec le même sang froid ;
Si tu peux supporter que les mots que tu dis
Soient détournés, trahis pour piéger les benêts,
Voir les projets, auxquels tu te dévoues, défaits,
Détruits et tout rebâtir avec tes vieux outils.

Si tu peux rassembler tes gains en un magot
Et le risquer d’un coup en un seul pile ou face,
Et tout perdre, et devoir repartir à zéro,
Sans regrets, ni soupirs sur ta chance qui s'efface ;
Si tu contrains ton coeur, tes nerfs et tes tendons
À poursuivre un effort quand tes forces se désistent
Et qu’au tréfonds de toi, alors, rien ne subsiste
Que ta seule Volonté qui leur dit “Tenez bon !”

Si tu es populaire mais sans démagogie,
Ou frayes avec les rois sans perdre ton bon sens,
Si personne ne te vexe, amis ou ennemis,
Si tout homme compte pour toi sans aucune préférence.
Qu’inexorablement, tes minutes tu remplisses
De soixante secondes qui valent la peine de vivre,
Le Monde sera à toi et toutes choses vont s'ensuivre,
Et le plus important : tu seras Homme, mon fils !

Rudyard KIPLING / traduit par Guy SAVIO


If ......

If you can keep your head when all about you,
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you,
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting,
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good or talk too wise:

If you can dream and not make dreams your master;
If you can think and not make thoughts your aim;
If you can meet with Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear the words you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools,
Or watch the things you gave your life to, broken,
And stoop and build 'em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings--nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much ;
If you can fill the unforgiving minute
With sixty seconds worth of distance run,
Yours is the Earth and everything that's in it,
And--which is more--you'll be a man, my son !

Rudyard KIPLING