Désastre

Le vieux forum: Archives 1999: Désastre
By zup on Unrecorded Date:

je parlais de "désastre", merci joe ..

By zup on Unrecorded Date:

il n'existe pas d'expressions pour exprimer ce que ce texte fait naitre en moi !

By joë on Unrecorded Date:

que deviens-tu
mon enfant
de quatre sous

mon désir
de tes dents blanches
et de ton sourire infini
j'y ai renoncé

le vent se penche-t-il
entre tes épaules
l'hiver mouillé
tes pieds se posent-ils
entre les flaques

j'ai cru un instant
trouvé la fièvre
poser un doigt
tremblant
sur tes lèvres
mais derrière toi
le soleil en haillon
s'étouffe
entre ses rayons

d'ancien pays roux
me souffle
dans la tête
comme je suis saoul
je vous ai perdu
mes layons bleus
mes amours en fête

mon enfant
la lèvre close
le soleil s'évanouit
au creux de la nuit
chaque soir
au bout du monde
chaque matin
entre mes mains

tout cela
n'est plus

By joë on Unrecorded Date:

Ambre
pierre infime
à l'infime mouche
que ne touche
plus le temps

ce sont des bris
de soleil
dans la terre
des éclats
porte bonheur
de nos miséres
à ce cou venus
de baltique

résine ancienne
d'anciennes forêts
de vies organiques
vieille séve
morte sous le sol
adoucie policée
en petits coeurs gros
lissés captivés
battant de lumière
d'un sang muet
coulée de lave
est-ce rêves volés

ambre
si transparente
sans savoir
sente sinueuse
je m'y perds
vibrant d'or
plaie béante
en tes reflets

By joë on Unrecorded Date:

-- banlieu --


les robes des tours
enrobent l’antre des villes

ils ont
dans leurs gosiers
des crachats de misères

inutile de reculer
les murs de l’aube

les meilleurs
vendent des étalages
de chimères

inutile de vouloir
une nouvelle aurore

leurs corps à corps
s’entassent entre les décors

By joë on Unrecorded Date:

. L'horreur des aurores
ou la leçon d'histoire .
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« Chaque jour est un jour ancien. »
(in « Temps de révolution » de Gustave Farandon)
--------------------------------------------------


Qu’est-ce que ce néant
des chants nouveaux
cette absence
goutte putride
cette présence
source impavide
ce passe temps
de tombeaux et cariatides
qu’est-ce que ce néant

Une mère parle :

« Cet enfant
manque de couleur
il foule jour après jour
dans sa chambre
le noir raisin de l’ennui
ah tirelire, le temps a passé
ah tirelire, c’est le jack-pot
quelle heure est-il
il aura des diplômes
il sera un homme. »

Et chaque matin
le soleil se lève
et chaque fois on le dit
avec des mots choisis
c’est très beau.

Haïku :
- brise légère
le soleil se lève à peine
souffle de lumière. -

Tu jongles avec ton sac de mots
mais tu gardes tes galops
dans la cour tu lances les billes
trente contre un soldat
et un cavalier
vaudra bien cent.

Derrière ce monde
New-York
Londres
Paris
Tokyo
tiens le toi pour dit
les bourses font la course
le down-jones flambe.

Mais voyons
tissons donc
en trois vers
une poésie naturelle
bouddhiste zen
pas trop grasse
en grains de riz.

Les actions montent
les obligations font hontent
et les crises d’entreprises
à la pelle se dénombrent
patatrac
de quoi moi
j’ai l’aube qui me démange
l’aurore est trop matinale
d’habitude je dors.

Pourtant quelle image
une usine morte
les esclaves ont perdu leurs pains
quand ils ont broyé leurs reins
les machines ont chanté
et les révolutions épidermiques
à défaut du sept ésotérique
ont couru le sol en trois huit
le chant des agonisants.

Haïku :
- brise de lumière
le soleil se lève à peine
haleine légère. -

Platitude de Platon
l’univers se dédouble
du banquet des amours
au vin qui jamais ne saoule
en pied de poule
l’ascétique Socrate.

Génie des coqs
assassin d’Hésiode
Aristote fin politique
incite la citée.

Roulent les siècles!

Plus grec qu’un turc
sur les genoux de Jésus
la Rome antique saute
l’évangile de Jean
encore nous inspire.

A la déclaration des droits
couperet des lumières
des têtes s’entêtent
des cous se désossent
quelques sans-culottes
un Sade se trémousse
un Napoléon à Moscou
le sage Parmentier
invente le hachis.

Haïku :
- brise atrabilaire
se soulève le soleil
guillotine altière. -

Cet odeur de caramel
quand dévale les caravelles
des fondateurs de l’Espagne nouvelle
la canne à sucre incendiaire
nourrissent les phalanstères d’empire
d’ors fins et de carats.

Ronsard prince des poètes
François assesseur et maître
Léonard ouvrier des fêtes
roi d’une France nouvelle
le ciel tourne en croix
un fleuve dénonce sa source
le ciel se renverse
le ciel balance
quand vingt laboureurs
baptise en rite latin
le Saint-Laurent algonquin.

Haïku :
- air de sonatine
se détache le soleil
odeur de rapine. -

...

(extrait)

By joë on Unrecorded Date:

-- Désastre --


Là-haut, depuis ce temps.

Ils ouvrent les portes à coup de bottes.

Des jets de pierre,
des meurtres d’aujourd’hui construisent des routes
pour le départ.

Et des milliers sont partis.
Des vieux contre des enfants,
sans reconnaître les noms, ce sont vengés.

Et lorsque les visages se sont effacés
toutes les voix ont été coupées.

Amputé du ciel
je ne sais plus qui tu es.
Sinon sur la terre
le fracas des autours
qui bavent leurs fiels,
sinon des vieilles
qui ont leurs ventres
bouillonnant de douleur, fatiguées,
ayant vécu encore
une fois de trop.

Dans cette marée humaine
plus un astre ne luit,
à chaque foulée, le soleil fuît,
ensanglanté,
des chiens obscurs chassent
les crocs dans la gorge
de l’aube.

Ils arrivent.
Ils s’amassent. Jour après jour. Ils passent, en longue traînée,
les frontières dans la nuit.

Ils regardent autour d’eux avec leurs yeux sans visages.


Ils sont morts.


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