By joë on Unrecorded Date: |
merci à mes deux amies d'outre-net...
j'ai écrit ce poème, car c'est un poème:-), d'une traite, j'ai laissé reposé, puis j'ai rajouté... à force de l'avoir lu et relu j'en avais perdu le fil... c'est pourquoi d'autant plus merci à vous deux... ça me redonne du jus... combien j'aurai voulu encore donner plus de force, de pétarade :-)), bah tant pis... mais mais je vais le revoir encore...
By Ailen (Ailen) on Unrecorded Date: |
Bonjour Joë
d'accord avec Louve il est très beau ce conte.
Je me demande si je ne vais pas te le demander pour mon thématique. sauf bien sûr si tu préfères laisser l'exclusivité à Albert. je respecterai volontiers.
amitiés
Ailen
By Louve (Louve) on Unrecorded Date: |
joë...
- ca fait une heure que je suis là, à le relire encore et encore, sans pouvoir émettre un commentaire...
ce texte prend tout.
bouleverse, renverse, tue.
un brasier.
By joë on Unrecorded Date: |
--- L'or ---
"Je cherche l'or du temps"
André Breton.
Issue de l'antre, ma vie s'inaugura par la force d'un martyr.
Ainsi, je naquis en un curieux pays.
Les hommes jouaient à la vie pareils à des automates.
Leurs yeux avaient la pupille creuse et les prunelles sans couleur.
Tous avaient entendus parler de l'OR.
Déjà, en mon enfance, m'étaient narrées les résonances titillantes du métal.
Les maîtres du tableau écrivaient : "L'OR, mes enfants, l'OR".
Et sur les ardoises noires nous découvrions les reflets chatoyants de l'OR.
"Algèbre, histoire, science naturelle, orthographe, lecture, vous donneront l'OR et tous ses secrets mes enfants".
Et les maîtres nous adoraient pour l'amour de l'OR.
Et nous demandions aux maîtres du tableau : "Quand verrons nous l'OR?"
Et les maîtres nous répondaient : "Oubliez l’enfant..."
Parfois, on voyait des vieillards agiles les bras accrochés aux voûtes des sanctuaires braillaient : "L'OR, mes frères, l'OR".
Et les fidèles invoquaient : "Où est l'OR ?"
Et, pareils aux chiens des caniveaux, les vieillards doux et fanatiques se chamaillaient : "Sur la barbe du Saint Père ! Sur le ventre du Bouddha ! Sous la pierre noire de La Mecque ! Dans les dédales du temple de Jérusalem !"
Et les saints et les sorciers, main dans la main, les popes et les papes, les mollahs et les rabbins, bonzes, moines et bigots, prêtres de toute obédience, firent de la terre un mausolée.
Et des bûchers hallucinés fascinèrent la rage des meutes.
Souvent, vomis par la foule, des bouffons pourpres l'oeil en rut jetaient des pierres jaunes.
Puis, ils s'égosillaient en chantant : "L'OR, citoyens, l'OR".
Et les pantins poursuivaient leur laïus, les dents serrées, la bouche béante : "Aux victuailles nous vous offrirons notre squelette, nos os, notre vie, nous ferons festin des chairs, service, service, et compte du trésor !"
Et de leurs bouches parfois tombait une dent blanche et pointue tel un silex.
Et ces fantoches calcinés se désarticulaient par anathèmes.
"Donnez-nous la clé du palais et j'écarterai la porte où ronfle l'OR."
Mais, dans la tour, le vieux bouffon édenté avait déraciné les cents portes du palais.
Cent reflets assassinés apparurent sur le même miroir.
Toute jeunesse était vouée au soleil orifugé.
En ces heures, en ces années, je sentais mon âme limpide couler en gouttes putrides.
Et le temps s'amoncela.
Quelques mendiants d’anciennes époques me firent la charité : "Tiens, prends donc, enfant trop plein de rides, ce petit sachet de bonbons pour goûter le temps".
Je suçotais ces confiseries avec conscience, les gravats roses de mon âme, or un jour, dans le recoin blanc de je ne sais quel oeil, je me vis.
Mes compagnons étaient heureux.
Ils avaient trouvé ces précieuses paillettes qui comblent les chemins.
Et ils riaient, et ils avaient pitié de mon dénuement.
Je les observais déjà mort sous le poison virulent des fausses onces.
A ma nudité je dis : “Partons ! J'ai honte de toi !”
“Jamais je n'ai cru que ce qui était arraché aux ronces des sentiers cognés serait de l'OR”.
Nous nous en fumes...
Nous traversâmes des déserts rageurs, des forêts sidérées, des mers écroulées.
Des chiens des races les plus dangereuses hurlaient derrière les grilles, de plus en plus sauvages, le regard clair planté sur la gorge.
Un soir, dans une forêt indistincte, la chasse du couchant fût déclarée ouverte, les bêtes de feu fugaces tentèrent de me crever les yeux.
Et des cris de dernier jour allumaient l’angoisse et la terreur dans mon ventre.
Et les collines fauves, et les montagnes rousses, haranguaient mon remord de suicidé.
L'horizon nous guettait tel un tigre.
Et des pythons, au-dessus de tout vertige, montaient droits, crevant les nuages violets d’un ciel étouffé.
A chaque pas, j’étais plus nu qu’un songe d’opprobre.
A chaque pas, derrière les orages scélérats, les arcs-en-ciel décampaient puis se volatilisaient dans un cri sourd.
Guetteur sans pareil, je coursais les aubes et les aurores, je mesurais les hauteurs radieuses du soleil et sur la cime des arbres le vent me basculait à la lune noire.
La glace était mon refuge.
Au guet du temps, je progressais, ne faisant plus aucune trace sur la neige, au guet, coupant le froid de la buée blanche de mes narines.
Et la ligne des paysages fuyaient la moindre de mes approches.
De dépit, dans mon alambic, je préparais des massacres microscopiques et des mascarades de rapines.
Magma jaillit de mes aortes, de vieux incendies rejaillissaient sans cesse, sans cesse éteint par la vague noire des mascarets.
Je regrettais les cendres répandues sur les terres et les méandres des fleuves rougeoyaient dans les estuaires.
Des bacilles grosses comme des poignées d’homme nageaient dans les cours d’eau.
Des virus, semblables à des saluts de sémaphore, volaient avec des ailes d’autour entre les nuées assommées.
Et des lumières lourdes martelaient les veines irisées des yeux.
Au détour d’un sentier une femme, que je reconnus, jaillit hors de mon âme.
"Ecoute-moi, je lutte sans arme et sans espoir, ma vie jamais je ne la compte."
"Ne sais-tu pas que d’un fils, un fils reposé dans l’amas de mon corps, j’ai effacé ma vie."
"C’est pourquoi, je ne crains ni la défaite ni les pleurs."
"Et ce coeur que tu vois est plus âpre au combat que n’importe qui dans cet univers."
"Je n’offre rien, car je n’ai rien que cette présence qui n'est qu'elle, et toute naissance, et toute origine, et toute vie."
Par excès de confiance, je lui coupais la tête, le zèle rengorgeait mes peines, je n’y renonçais pas.
Et plusieurs fois sa tête roula à mes pieds.
L’herbe froissée était bouffie par le liquide des rubis.
Et l'OR intouchable, en million, surgit de la source gravide des ténèbres.
Que je flambe
en cette toute présence !
Mon brasier
sera mon absence ...
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