Joë Ferami, je te dis écris...
ne laisse pas tes mots sans papier

... ils sont
leur voilure porte un nom....

By Joë on Unrecorded Date:

--Anathème--


Leurs désirs
Leurs fêtes sacrées
Qui tâchent le silence


Leurs corps qui s'entassent
Qui jouissent dans la foule


Leurs esprits qui croupissent
Broyés dans la masse


Et surtout leurs envies
Leurs envies
A l'égal des tyrans


Ils sont sans le savoir
Mais ils sont
Leur ordure porte un nom
Mais eux
Non


Joë Ferami

By Louve (Louve) on Unrecorded Date:

bon jour joë...

ce texte est spécial.
il dit sans dire,
beaucoup de choses...

j'aimerais savoir quelles images tu as de ce texte...

je vois l'image très nette du spectateur.
des passants, des voyeurs...

=;-)

By Joë on Unrecorded Date:

à trop dévoiler, le mystére s'en irait.

à chacun d'y mettre ce qu'il ressent.

ce poème a été écrit il y a plusieurs années un
jour de colère, de colère peut être contre
l'uniformisation rampante, contre les fêtes qui ne
veulent plus rien dire, juste prétexte à se noyer
dans l'indistinction, contre cette esprit rapace
de consommation, cette égoïsme de dernier homme,
le plus petit, le rampant comme il est écrit dans
le Zarathoustra de Nietzsche, contre ce faux
individualisme de suiveur.

c'est la colère qui l'inspire, et la révolte, ce
que je déplore c'est qu'il n'y ait que fort peu de
révolte dans les écrits d'aujourd'hui, c'est
triste.

bien sûr pas la révolte pour la révolte, pas la
révolte comme attitude mais plutôt comme un plus
de liberté et d'amour, d'amour à réinventer (l'une
jamais sans l'autre).

ah ! les grands mots, les grands discours, mais
bon ce fut dit...

amicalement
joë

By Louve (Louve) on Unrecorded Date:

tu as raison...

joë, j'ai trop à dire. les mots ne suffisent pas.
alors je me bats.
et je garde les mots pour l'amour.
pour ma terre
pour mon fils
pour mon regard

parfois je lance un cri.
est-il entendu?
je ne pense pas.

les gens comprennent la force. celui qui parlera le plus fort, celui qui aura les bonnes cartes dans les mains, manipulera et jouera.

je porte un drapeau
sur ma peau
...
ce qui me fait bizarre,
c'est de voir les grands écrivains, les grands poètes être portés aux sommets, après qu'ils ont souffert terriblement. je trouve ca spécial...
rimbaud, nelligan, pablo neruda, garneau...
ils ont été incompris.
mais aujourd'hui ils sont dans les grandes universités, ils sont cités, analysés, approuvés...
combien de fois faut-il mourir pour avoir une voix?
...

leur ordure a le nom de leur faim...

le pouvoir
la vangeance
l'argent
le besoin d'appartenir
d'être aimé
d'être vu
d'être, tout simplement...

...

tout ca est décevant, mais tellement humain...humain...

...
olala!!!
merci joë !
de me permettre de dire tout ca!

dis...
si on inventait l'amour?
=;-)

By Joë on Unrecorded Date:

Finalement je suis plus amateur de poésie que bon
poète, mais je serai vraiment curieux de savoir ce
que tu penses de ce poème Louve ou d'autres, si
tel est leurs désir, peut être le connais-tu, il
s'agit du "Prélude" à "La Quête de Joie" du poète
La Tour du Pin :


"Tous les pays qui n'ont plus de légende
Seront condamnés à mourrir de froid...

Loin dans l'âme, les solitudes s'étendent
Sous le soleil de la mort de soi.
A l'aube on voit monter dans la torpeur
Du marais, les bancs de brouillards immenses
Qu'emploient les poètes, par impuissance,
Pour donner le vague à l'âme et la peur.

Il faut les respirer quand ils s'élèvent
Et jouir de ce frisson inconnu
Que l'on découvre à peine dans les rêves,
Dans les paradis parfois entrevus ;
Les médiocres seuls, les domestiqués
Ne pourront comprendre son amertume :
Ils n'entendent pas, perdu dnas la brume,
Le cri farouche des oiseaux traqués.

C'était le pays des anges sauvages,
Ceux qui n'avaient pu se nourrir d'amour ;
Comme toutes les bêtes de passage,
Ils suivaient les vents qui changeaient toujours ;
Ils montaient parfois dans les coeurs élus,
Bien au-dessus des fadeurs de la terre,
Mais ils sentaient battre dans leurs artères
Le regret des cieux qu'ils ne verraient plus !

Alors ils s'en allaient des altitudes
Poussés par l'orgueil et la lacheté ;
On ne les surprend dans nos solitudes
Que si rarement ; ils ont tout quitté.
Leur légende est morte dans les bas-fonds,
On les voit errer dans les yeux des femmes,
Et dans ces enfants qui passent dans lâme,
En fin septembre, tels des vagabonds.

Il en est pourtant qui rôdent dans l'ombre
Et ne doivent pas s'arrêter très loin ;
Je sais qu'ils se baignet par les nuits sombres
Pour que leurs ébats n'aient plus de témoins.
- Mais si déchirant monte alors leur cri
Qu'il semble briser toutes les poitrines,
Et va se perdre aux cimes de l'esprit
Comme un appel lointain de sauvagine.

Et les hameaux l'entendront dans la crainte,
Le soir, passés les jeux de la chair ;
Il s'étendra sur la lande - la plainte
D'une bête égorgée en plein hiver ;
Ou bien ce cri de coeur dans l'ombre intense
Qui stupéfie brusquement les étangs,
Quand s'approchent les pas des poursuivants
Et font rejaillir l'eau dans le silence.

...

(Patrice de La Tour du Pin, "La Quête de Joie")

amicalement

By Louve (Louve) on Unrecorded Date:

joë...

c'est magnifique!
c'est l'un des plus beaux textes que j'ai lu sur la poésie
et les poètes.
il dit tout.

merci!!!

By Joë on Unrecorded Date:

(la suite)

...

Si désolant sera-t-il dans les plaines
Que tressailliront les coeurs des passants ;
Ils s'arrêteront pour reprendre haleine
Et dire : c'est le chant d'un innocent !
Passé l'appel, résonneront encore
Les échos, jusqu'aux profondeurs des moelles,
Et suivront son vol, comme un son de cor,
Vers le gouffre transparent des étoiles !

Toi, tu sauras que ce n'est pas le froid
Qui déchaine un cri pareil à cette heure ;
Moins lamentable sera ton effroi,
Tu connais les fièvres intérieures,
Les désirs qui brûlent jusqu'à vous tordre
Le ventre en deux, dans un spasme impuissant ;
Et tu diras que ce cri d'innocent,
C'est l'appel d'un fauve qui voudrait mordre...


La Tour du Pin,
Prélude à la Quête de Joie.