Mon ultime, mon amie

Il n'y aura ce jour là
Que du gris sous mes pas
Lourds et indécis
Traversant lentement
Les traces profondes
Délaissées en travers de la route
Par d'anciens souvenirs
Qui voudraient s'accrocher
Aux ailes déchirées
De lointains avenirs.
Mais au bal des demains en déroute
Nul n'est prié d'amener son passé.
Infidèle mémoire, laisse moi seul enfin,
J'ai déjà bien du mal à savoir qui je suis.

La solitude restera près de moi chaque nuit,
Cette sœur esseulée, mon ultime, mon amie.

Et l'odeur du néant
Attendant à mon huis
Se dépose en passant
Sur la surface des pierres
Qui seules resteront
Quand poussière nous serons,
Dominant fièrement
Les plaines immenses
Aux allures hauturières
Tant de fois parcourues
Silencieuses et altières.

La solitude restera près de moi chaque nuit,
Cette sœur esseulée, mon ultime, mon amie.

Et vienne enfin ce jour
Que s'éloigne de moi
Cette envie de combat
Les bras lourds et blessés
Par les assauts répétés
D'assaillants invisibles,
De chimères sans nom.
Il n'est, pour seul affront
Que le pas régulier
Des horloges qui dansent
Sans aucune limite,
Et qui dansent
Sur nos têtes baissées.

Il n'y aura ce jour là que du gris sous mes pas
Et l'odeur du néant attendant à mon huis
Que s'éloigne de moi cette envie de combat
Que je mène chaque fois pour sortir de l'ennui.

La solitude restera près de moi chaque nuit,
Cette sœur esseulée, mon ultime, mon amie.