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Abîmes poétiques : le forum » Notes de lecture » André Comte-Sponville, L'esprit de l'athéisme"... « précédent Suivant »

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Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 28 février 2007 - 11h41:   

...Introduction à une spiritualité sans Dieu
(Albin Michel)

"Je prends ce mot de "fidèlité" à dessein, parce qu'il et en français le doublet, comme disent les linguistes, d'un autre mot, qui est le mot "foi": les deux vocables ont la même origine étymologique, en l'occurrence le latin fides, mais bien sûr, en français moderne, deux sens différents. Cette origine commune et cette évolution divergente m'éclairent l'une et l'autre. J'y reconnais quelque chose de notre histoire, et de la mienne. La fidélité, c'est ce qui reste de la foi quand on l'a perdue. J'en suis là. Je ne crois plus en Dieu, depuis fort longtemps. Notre société, en tout cas en Europe, y croit de moins en moins. Est-ce une raison pour jeter le bébé, comme on dit familièrement, avec l'eau du bain? Faut-il renoncer, en même temps qu'au Dieu socialement défunt (comme pourrait dire un sociologue nietzschéen), à toutes ces valeurs -morales, culturelles, spirituelles- qui se sont dites en son nom? Que ces valeurs soient nées, historiquement, dans les grandes religions (spécialement dans les trois grands monothéismes, pour ce qui concerne nos civilisations), nul ne l'ignore. Qu'elles aient été transmises pendant des siècles, par les Eglises (spécialement, dans nos pays, par les Eglises catholique et protestantes), nous ne sommes pas près de l'oublier. Mais cela ne prouve pas que ces valeurs aient besoin d'un Dieu pour subsister. Tout prouve, au contraire, que c'est nous qui avons besoin d'elles -besoin d'une morale, d'une communion, d'une fidélité- pour pouvoir subsister d'une façon qui nous paraisse humainement acceptable."
(pp.33,34: ch.1)

"Quel calme, soudain, lorsque l'ego se retire! Il n'y a plus que le tout (avec le corps dedans, merveilleusement dedans, comme rendu au monde et à lui-même); il n'y a plus que l'immense il y a de l'être, de la nature, de l'univers, et plus personne en nous pour avoir peur, ni même pour être rassuré, ou du moins plus personne, en cet instant-là, en ce corps-là, pour se soucier de la peur ou de la sécurité, de l'angoisse ou du danger... C'est ce que les Grecs appelaient ataraxia (l'absence de troubles), ce que les Latins ont traduit par pax (la paix), la sérénité), mais ce n'est pas d'abord un mot (Krishnamurti: "Le mot "tranquillité" n'est pas la tranquillité."), ni un concept: c'est une expérience, et qui ne porte sur le moi, ou qui le traverse, qu'autant qu'elle s'en libère."
(p.160: in ch.3, "L'immanensité")


Je recommande la lecture de ce livre à tous, croyants et non croyants: de la confrontation pacifique des points de vue naît quelque chose comme la lumière (cf. en particulier le ch.2, "Dieu existe-t-il?"). Ce livre est accessible à tous, il est empreint d'un grand respect pour les croyants. On est loin de l' "athéologie" combative de Michel Onfray.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 02 mars 2007 - 14h49:   

Ai parcouru le livre. Fus gêné (un peu) par les MOTS "spirituel", "spiritualité". Il me semble que l'auteur confond "spirituel" et "mental" ou "psychique".
le 2ème § que tu cites me semble un peu plus bouddhique que grec. L'auteur n'a pas, à mon avis, saisi ce qu'est une véritable expérience spirituelle - qui est bien autre chose qu'une sorte de fusion dans le "grand Tout".
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé samedi 03 mars 2007 - 11h27:   

L'expérience d'une vérité ontologique radicale qui se dévoile dans l'immanence et dans laquelle les frontières du "moi" et du "monde" semblent s'abolir: c'est ce que j'en ai retenu. Une "enstase" plutôt qu'une "ekstase", dit l'auteur, qui ne réduit donc pas son intimité à son ego, puisque celui-ci "reflue"...
Une sorte de "mystique sauvage", selon la belle expression de Michel Hulin?
A ce propos, je reste sur ma faim lorsque l'auteur dit que le mysticisme mène au matérialisme: Dieu est en moi, il ne me manque plus, donc il cesse d'être nécessaire... Cela me paraît un peu logico-formaliste! Il y a une contradiction, certes, et certaine mystique s'est vue condamner par le Vatican. cependant, c'est un peu court...
Evidemment, l'esprit de l'athée n'est pas l'Esprit du croyant.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé samedi 03 mars 2007 - 11h33:   

...qui ne réduit pas son intimité à son ego, et donc qui semble poser celle-là avant celui-ci. L'expérience (auto?)affective avant la représentation intellectuelle?
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé samedi 03 mars 2007 - 11h41:   

En tous cas, celle-ci reste selon l'auteur une nécessité pour échapper à la barbarie, qui n'est pas la conséquence de la science, mais de son utilisation à des fins non soumises à une évaluation éthique.
Fidélité aux Lumières, donc.
Et raison de plus pour évoquer un certain promeneur célèbre que Comte-Sponville a préféré laissé dans l'ombre. Bah!
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé dimanche 04 mars 2007 - 10h27:   

Oui, Liberté, Egalité, Fraternité sont des notions qui nous viennent du christianisme. Ceux qui ont rédigé la charte des Droits de l'homme se sont inspirés, plus ou moins consciemment, de la "morale" de cette même religion, etc. etc. , mais "nombre de choses divines échappent à la connaissance par suite de l'incrédulité ("apistia": défiance, incrédulité) ", disait, il y a longtemps déjà, Héraclite d'Ephèse. (Diels/Kranz, frag.86)

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