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Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé mardi 06 mars 2007 - 9h13:   

Les travaux débutent à peine.
L’entreprise de démolition est la première à montée sur les planches.
Elle m’a assurer que pour construire solidement mieux valait partir de rien.
C’est de la création ex-nihilo,
Sois disant quelque chose de nouveau, l’architecte aussi était d’accord, mais là je me méfie.
Ce qui était là avant devait être bien terrible, d’après ce que me disent les artisans et les chefs de chantier, par rapport à la merveille qu’ils vont faire sortir de terre…
Moi je n’en sais rien, j’ai l’impression de ne plus rien maîtriser.
J’ai pourtant bien appuyé sur le bouton START de tout ce cirque, je devais être d’accord.
Mais maintenant tout s’emballe, ce n’est pas que la construction va vite, mais tout change, ou plutôt disparaît et tant que les acteurs du deuxième actes ne monteront pas sur scène le vide remplace l’ancien tout.
Et plus les énormes boulets fracasses les murs, plus on se rapproche du rien, et même si le tout doit naître du rien je sent la panique monter en moi.
Tout est aspiré par le néant, plus de souvenirs ! ce qui est vieux doit disparaître, même s’il s’agit d’une vieillesse toute relative ou d’une vieillesse pleine de charme.

Mon dieux, qu’ai-je fait, arrêté ça !
Mais il est trop tard ou alors je vais rester avec un petit bout d’ancien tout, et un autre de nouveau rien et se sera un équilibre bien instable.
Alors je regarde les murs en pierres séculaires se fendre et puis partir en poussière,
Le toit se trouer et des pants entier s’arracher comme des plumes d’une aile rouge.
Et puis tout n’est plus que fracas, que nuage beige épais aux milliers de joues gonflées.
Je ne distingue plus grand-chose et j’essaye à travers la tempête de sable d’imaginer le vide qui se dessinera après son passage ou plutôt le plein qui s’effacera, enfin qui se sera effacé…
Et j’essaye déjà d’imaginer le nouveau tout qui emplira bientôt mon petit jardin et qui du haut de son premier jour, fier comme un coq surplombant le pic de la nouveauté, trônera au centre de mon orgueil et prendra toute la place qui aura été nettoyée.

Aurais-je néanmoins tout oublié et si je n’oublie pas n’y aura-t-il rien à regretter.
Même si tout, jusqu’aux fondations est pulvérisé il me semble que rien ne pourra disparaître définitivement.
Ce qui n’aura plus de corps sera une impression pour certain de mes sens, je le verrai en fermant les yeux le sentirai en dormant, le toucherait en touchant d’autre mur et le goûterai en léchant une glace ou en mordant un raisin, et le son particulier des marches des escaliers de mon ancienne maison se retrouvera dans les tambours des grosses caisses qui défilent en fin de cortège les jours de fête sur la place du village, le bruit des volets qui grincent en se réveillant sera les violons des concerts qui ne se finissent jamais et qui commencent tard sur les chaînes culturelles et sur les radios pour érudits et les flammes qui divaguaient dans le cadran de la cheminée seront le chef d’orchestre qui explose à la fin du Boléro de Ravel.

Me voilà déjà en pleine nostalgie alors que ce qui en est l’objet, je n’ai l’ai pas encore perdu…
Mais ma vie est une projection, mon esprit est dans le futur, alors que le présent, sous mes pieds et sur ma tête qui avait peut-être des choses à dire s’écroule…


Après tout, il faut bien changer de temps en temps sinon on se lasse.
Alors patientons et oublions, est-il nécessaire de garder des souvenirs de choses qui n’existent plus.
A moins que se soit justement parce qu’elles n’existent plus qu’il faille en garder souvenir.
Oui alors là du coup pourquoi tout détruire si il faut après passer son temps a se creuser la tête pour retrouver les souvenirs de ce que l’ont à envoyer par le fond ?

Tant de question pour une stupide maison.
Et quelle histoire, les ouvriers doivent me prendre pour un fou ou un mystique à me voir concentrer comme ça devant quelques bloques de ciment agonisants

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