Jade Vuaillat (Jade)
Identificateur : Jade
Inscrit: 11-2001
| Envoyé vendredi 28 mai 2004 - 23h09: | |
(repost d'archives) * ... à Jack Tout à l'heure, quand tu seras parti, Ne reposeront sur tes paupières Qu'une feuille vierge, Une enveloppe vide, une plume fanée, Puis au fond d'un encrier, La lie deposée par les rocs de chair Et la main de l'enfant qui, sur la vitre, enlevait la buée... Tu dormiras là, dans ton Ardèche tant aimée Mais tu seras aussi dans les souffles et les soupirs du vent, Dans ses larmes, quand "il partira en pleurant dans un coin". Dans les vols de papillons blancs, tu seras diamant de neige ; Sur le flot des rivières Je sais que tu seras le voile de Séléné, l'or du soleil levant Et dans le miroir de nos étangs le reflet pourpre du couchant, Celui, luisant, du chemin de Saint-Jacques, La lumière bleue d'un ciel profond Et l'ombre de l'envergure de l'albatros... Tu émaneras des senteurs des jardins, des roses, De l'ocre de l'automne, celui des osiers cueillis aux veilles de Noël De l'épi de blé sec ou du rameau de buis grivelé Dans les paysages où tu aimais à te promener. Tu joueras le printemps dans les bourgeons d'un pommier d'Hélène, L'été dans le nectar de ses fruits, Et dans Le Petit Fraisse, en hiver, ton sourire jaillira dans le feu de bois de n'hêtre plus. L'on t'entendra sur la partition d'un Dire Strait, Ou l'une de celles qui savaient te reposer, Dans ta Bible d'Ardèche, les livres de ta Bibliothèque. Tu seras les deux jokers de notre jeu de scrabble Une case blanche de nos poursuites infernales, Entre les deux points d'un dé de jeu, C'est sûr, j'entendrai encore les éclats de nos rires, Et sur mon clavier, je verrai tes doigts danser Les lettres des poèmes que tu n'as pas eu le temps d'écrire... Puis dans le chêne qu'à Saint-Julien tu avais planté, Quand l'orage ne sera plus très loin, Tu nous frémiras la couleur de la paix et la tendresse des mots. Sur les roches seront gravés Ton coeur, le sourire que ton âme a retrouvé, Ton amour au-delà de la raison, L'amitié au-delà de l'amour... Et dans ce monde d'enfants où se rejoignent les poètes Tu seras à jamais l'étoile fredonnant d'Apollinaire : "J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends..." Jade * * Février 2002 |