Louve (Louve)
Identificateur : Louve
Inscrit: 8-2001
| Envoyé jeudi 09 novembre 2006 - 16h29: | |
Chronique d’une peau rouge "Vous êtes espagnole n’est-ce pas?" Je suis au Saguenay, dans une épicerie entrain de payer à la caisse. Le proprio tout sourire emballe mes trucs. "Vous êtes proche! C’est presque pareil!" Lui dis-je sensuellement Là le monsieur est vraiment content! Et hop la salade dans le sac! J’ai presque eu une invitation à parler latino devant un expresso! Alors vite je me pousse! Le Saguenay est au cœur de l’habitat des autochtones, autour il y a les réserves. Parfois je me sens comme une immigrante qui ne comprend pas trop pourquoi elle est venue dans ce pays de merde! Oups! De neige! Et oui, parfois j’aimerais être cette mystérieuse espagnole. Je lui dis? Non. Mais je dois lui dire! C’est ridicule! Non? Toute en émoi, la nouvelle intervenante, toute jeune et jolie, me transmet son admiration et son plaisir à déguster les repas que je fais. "Quelle joie de savourer la cuisine orientale! Je n’ai jamais mangé cela! J’adore goûter les mets de différents pays! Ca goûte le soleil du Mexique!" Ca existe le Mexique oriental? Je la laisse aller de même pendant deux semaines! Et là, je ris en vous disant cela…De plus elle me trouvais jolie et géniale, alors pourquoi l’arrêter? Tous les jours cette jeune femme me trouvait merveilleuse! Jusqu’à une certaine pause, après un délicieux pâté chinois, alors que la discussion tourne autour de la chance que j’ai de pouvoir manger gratuitement à mon travail et même, de ramener parfois les restes pour ma famille. Les joies du communautaire! "C’est vrai que dans ton pays vous ne devez pas manger à tous les jours surtout que la nourriture est rare, tu dois être vraiment heureuse de vivre au Canada!" Ayoye! J’ai un grain de maïs coincé là, entre les dents! Je la regarde avec pitié et surtout je me sens coupable. Coupable d’avoir pu être admiré. Pour mon courage, ma force, pour moi! Moi. "Tu sais, je suis Ilnu Non! Pas du Pérou! Ilnu, autochtone! Hein? Ohh! non! je ne vis pas dans une réserve. Pourquoi!? Parce que mon grand-père a été dans un pensionnat et Le gouvernement tu dis? Non je ne suis pas subventionnée!" Le café est froid dans ma bouche. Elle s’en va. Très loin. Et elle ne reviendra plus jamais me parler du soleil. loin de ma terre au sommet du ciel quand on frappe la neige sur mes ailes un tout petit vent aura beau dire toutes les écorces il restera son cri et ma plume dans les feuilles rouges Louve |