Le coup de grâce et l'absolution Log Out | Thèmes | Recherche
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Abîmes poétiques : le forum » Vos textes (publication libre) » Archives : octobre 2004 - mars 2005 » Le coup de grâce et l'absolution « précédent Suivant »

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Philippe Nollet
Envoyé mardi 28 septembre 2004 - 13h04:   

La modernité crève en beauté. Elle sent bien qu'il ne lui reste que très peu de temps à vivre, son obsession désormais est de se mutiler, former les derniers petits clans pullulant à la manière d'un germe épidémique, additionner les conneries jusqu'au néant total. Le 21ème siècle se fait hara-kiri en grandes pompes : les fidèles d'arts contemporains et de musique concrète ne se rendent même pas compte qu'on a changé leur sacro-saint "air du temps" en ringardisme ultime et définitif... Les oeuvres futuristes annonciatrices de lendemains expérimentaux sont dépassées avant de voir le jour, et celles et ceux parmis les "Artistes" qui se croient éternellement universels ne tiendront qu'une saison.

Dans cette confusion des genres la connerie directe, si farouchement affichée par les pires beaufs de la télévision et des médias, ne nous fait plus peur, mais vaguement et indiciblement honte : le jeu consiste à oeuvrer pour demain en se basant sur hier, puis à refourguer ça aux masses dans un package "moderne" - rien n'est plus attardé, plus vain et plus démodable que la modernité... Il y a quelque chose d'irrémédiablement Fin d'Empire dans ces tentatives désespérées de rejoindre l'époque à partir de passés morts et enterrés, sinon d'en devancer les évènements et les frasques socio-culturelles et médiatiques... Les "Artistes", à tour de rôle, viennent jouer leur rôle de victimes expiatoires, bien vulgaires comme il faut dans cette ère du tout-marchandise et pourtant conscients du déroulement et de l'issue du jeu en question... Alors tout ça se perd et se délite dans des exercices de style à vocation masturbatoire qui volent non seulement pas au ras des pâquerettes, mais non plus jusqu'aux prémices de la moindre tige à fleur de sol...

Si l'Artiste en question refuse un tant soit peu de prêter le flanc à cet abrutissement des foules, comme tout être HUMAIN qui se respecte, et reste de marbre devant cette litanie de désastres et de calamités, alors il est relégué d'office du saint des saints et regagne le camp des frustrés qui réapparaîtront un jour en producteur de petite fille susurrant des hymnes sucrés sur des rythmiques de plomb, comme niant une époque pédophile où l'enfant est roi et les borgnes de plus en plus aveugles...

Oui, peut-être enfin faut-il redonner à l'idiotie pure ses lettres de noblesse, sans pour autant laisser s'accroître cette hégémonie de l'imbécillité institutionnelle qui sévit tout autour de nous et nous dirige... Car tout est provoqué artificiellement, par n'importe quel moyen grossier et de la façon la plus rapide qui soit : sacrément efficace à une époque où on n'a même plus le temps de se penser, de réfléchir sur soi et de donner encore un peu de sens à la réalité mugissante ambiante.

Bon, tout marche évidemment par la grâce de décideurs influents, sans scrupules et particulièrement vicieux, pervertisseurs de concepts qu'ils détournent à leur seul profit pour, de gré ou de force, mais de force s'il le faut, réaliser ce qu'ils supposent être vos rêves. Quelle position adopter alors, et ne vaut-il pas mieux s'en foutre et tourner cette funeste page sans plus tarder ? Mais non, vous avez ça dans le sang, dans les neurones, dans les viscères (qui, comme chacun sait, sont le siège de l'âme humaine)... Vous êtes foutus et nous sommes foutus. Nous en sommes au stade où nous comprenons tout juste que la démocratie est une sorte de stalinisme tiède. La liberté elle aussi est devenue une idéologie comme une autre, livrée en pièces détachées aux masses, et démerdez-vous avec ça, mais faites attention à vous si sortez des rangs !

Moi aussi, à ma petite échelle, je résiste, certaines choses m'échappent, je vais mon chemin et je n'en mène pas large, à la fois devant ce qui est déjà là et ce qui nous attend. Imaginez donc ce que nos décideurs doivent endurer, psychologiquement, physiologiquement, pour faire si bien et si régulièrement le Mal, le Mal à l'état pur ! Notre plus grande souffrance aujourd'hui est d'être des individus. En tant que tels, nous sommes des intercesseurs du Mal. Il a choisi de passer par nous. En somme, ceux dans lesquels le Mal s'incarne et croît, même s'ils sont les premiers à blâmer, ne sont pas les seuls responsables. Revenons une seconde aux pédophiles : leur seule crainte, pour certains, c'est qu'on ne les punisse pas. Beaucoup d'entre eux sont avides d'un châtiment. La rédemption ! Et le fait que ceux qui les vouent aux gémonies les plus crasses soient également des gens qui envoient leur gamine de treize ans à l'école habillée en figurante de clip porno, ceci expliquant en partie cela même s'il ne le justifie aucunement, ne change pas grand-chose à cette triste affaire. Un bourreau doit périr de la main même de la victime qu'il a martyrisée : c'est sa seule chance de purgatoire... Hitler avait compris ça. Et encore, il s'est suicidé, ce qui, dans la perspective d'un destin, est une grave erreur.

Cette société maladivement abjecte offre à ses criminels, et notamment pédophiles, une fin digne de Dostoïevski. Quand il faudrait seulement sanctionner et empêcher de nuire. les procès eux-mêmes ne sont que des caricatures : regardez les représentants de la justice des hommes offrir carrément les clés de la maison au fou régnant sur ses décombres de petits corps assassinés ! Souvenez-vous de Dutroux narguant et manipulant tous les acteurs du système de répression, de la police au juge en passant par la presse : lui pardonneront-ils un jour d'avoir révélé au monde leurs propres insuffisances ? Là où il leur fallait sans doute trouver leur salut eux-mêmes ?... Peut-être ont-ils cru frappé les imaginations en alignant sur les ondes et à la barre les indignations offusquées, le ressassement du moindre détail, et surtout le plus sordide, mais en niant ce boucher dans ce qu'il a de plus horrible et en ne réussissant qu'à montrer à quel point il était humain. Effroyablement humain. C'est bien là le secret, et c'est bien là la malédiction des hommes...

Finalement, on ne parle plus de Dutroux. En annulant ce qu'il était par essence même, ils ont également effacé tous ses crimes d'un revers de main. Excepté pour les familles concernées, évidemment. Mais ça c'est une autre histoire. Dont ils se moquent complètement, soyez-en sûrs.
Wizardeol (Wizardeol)
Identificateur : Wizardeol

Inscrit: 9-2004
Envoyé mercredi 29 septembre 2004 - 13h16:   

Si ce procès est devenu un spectacle,cé parce que les gens l'ont voulu,ils n'ont pas boycotté les Jt et les revuues qui se sont servi de cette affaire pour faire du fric.

il faut frapper où ça fait mal ,au portefeuille,quand leurs émissions débiles feront moins d'audimat et quand ils vendront moins de torchons à scandales,ils se diront peut-être que le public est moins con que prévu,

on a le pouvoir,le pouvoir de pas acheter leurs merde,le pouvoir de pas prendre le poison qu'ils nous vendent...

Chacun peut choisir.
Lorma Nie (Intervenant non inscrit)
Envoyé mercredi 24 novembre 2004 - 20h48:   

On a le pouvoir de pleurer sec
De rire aux larmes
de ne retenir du vent que l'iode
ou s'en teinturer les coudes

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