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Philippe Nollet
| Envoyé mardi 21 septembre 2004 - 16h14: | |
Les hommes ne lisent pas de poésie. Ils sont devant Dieu et les tribunaux humains le témoignage anticipé d'une époque à venir qui n'a plus besoin de mots pour exprimer l'indéfinissable... Le monde est cette ombre sur le mur : à midi il sera brûlant et sur la route, nous grisant de poussière et de vent dans les yeux, nous le rencontrerons... Nous lui dirons merci d'être là et le remercierons aussi de sentir son ombre nous effleurer parfois. Les guêpes et leur bourdonnement se dissolveront dans l'eau des fontaines. Il y aura aussi quelqu'un dans l'herbe sous un parasol bleu comptant les nuits et les jours... Nous lèguerons à nos veuves les wagons éperdus qui nous emmenaient hier dans des contrées obscures et tout ce que nous avions presque oublié et qui nous semble proche. Tout sera un peu flou bien sûr : le flanc des montagnes retraçant les parcours et les marches, les cailloux jetés dans les fleuves et le vague désir de s'y plonger avec, les pollens fourmillants de ces ruches d'enfer - et moi Seigneur qui ne connaît aucune prière ! et les jeunes filles sans voix qui faisaient les cent pas et les aulnes cisaillés par la folie furieuse des êtres sans incertitude oui ces aulnes n'entreront en scène qu'au milieu de la plus noire confusion et dans le décor la réalité nous sautera à la gueule car même les cerbères bouffent les voleurs de pommes - quand ceux-ci, crottés jusqu'aux genoux, croyaient aux aventures dont on parlait jadis et qui faisaient courir les gosses dans les broussailles... La douce lenteur un peu écoeurante des souvenirs d'enfance nous monte à la gorge. Nous sommes enfermés dans ces souvenirs comme sous l'emprise du feu - l'incessant travail de la chaleur... Voilà où nous en sommes. Le gris remonte à la surface Le gris remonte à la surface Le gris remonte à la surface et rien n'avance. |
Philippe Nollet
| Envoyé mardi 21 septembre 2004 - 16h50: | |
"...se dissoudront", bien sûr... |
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