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Philippe Nollet
Envoyé lundi 30 août 2004 - 11h20:   

Grâce aux reportages sur Lourdes pullulant sur toutes les chaînes hertziennes ou télévisuelles et dans nos feuilles de chou vert et vert chou, les croyants ont repris du poil de la bête. Regardez-les comme je les ai regardés : de près. Ils n'ont pas changé. Toujours cette sale engeance molle de pétasses déprimées, de puceaux virtuels mal dégrossis, ces bourgeoises maquillées à la truelle et prêchant pour plus de "vérité", ces vieux bérets acariâtres avec leur col roulé de rigueur, leur petite croix merdique sur le revers du blazer et leur chapelet en main comme un bâton de vieillesse en miniature. Grands barbus filiformes en pull de laine au regard vide exhibant l'immonde mesquinerie de leurs chevilles crevassées dans des jeans trop courts... Sous-intégristes aux cheveux ras feignant la prière et la contemplation, avares grincheux et faux-culs au regard humide et lourd de concupiscence pour les jeunes appelées roulant du cul dans des jupes minimalistes, voilà toute cette meute bêlante affichant cet air pincé, cette médiocrité aux commissures des lèvres et surtout ce teint typique de constipé ayant avalé une hostie de travers, au sphincter en fin de course...

J'ai du mal à croire que l'idée de Dieu - si ce n'est son image - soit prise en otage par cette bande d'intégristes tièdes et de culs-bénits féroces bramant en choeur pour glorifier leur créateur et annihiler l'extase.
J'ai du mal à croire que l'ère des grands soufis illuminés, des prophètes enfiévrés portant la parole sainte dans des provinces en flammes pour mettre le feu aux âmes, des fous cloîtrés gardant en eux plus d'humanités grâce à leur solitude même, j'ai du mal à croire que cette ère soit finie, bannie, envolée ! Où sont les grands cracheurs de poudre blanche, les grands mystiques révolutionnaires, les crucifiés secouant les arbres auxquels les faux saints se suspendent ?

Comment exprimer et vivre son mysticisme sans passer par la mollesse sans nom du monde religieux contemporain ? C'est une des questions, LA question peut-être de ce début de 21ème siècle... Et que nous reste-t-il, à part le scandale, l'anathème ou la répudiation, face à ces exégètes de la Vierge sans aucun idéal qui entretiennent bourgeoisement leur foi dans un confort cossu, comme une vieille superstitution leur permettant de toucher, qui sait, un jour, le Super-Loto du Grand Patron ?

Nous ne voulons pas de scouts pré-pubères, de faux gauchistes chrétiens en sac à dos perpétrant des traditions vicieuses, de prêtres idiots faisant chaque dimanche matin le sacrilège de débiter leurs insignifiantes messes sans intérêt... Nous voulons une foi immense et déraisonnée qui recèle en son sein toutes les lois de la nature et toutes les ressources de l'homme : une foi sauvage qui ébranle toutes les certitudes, y compris celles du matérialisme le plus diabolique... C'est pas avec quelques vieux boucs puant de la gueule autant que du cerveau qu'on détruira cette société de consommation abjecte, ce début de nouveau siècle supérieurement friqué et ignoblement cynique, fanatiquement consensuel et dans le sens du poil à gratter des troupeaux de putains trappistes...

Le pèlerinage de Lourdes est la lie de nos temps, le tombeau de la foi, la fin de toutes les espérances en notre Seigneur Jésus-Christ... Toute religion communautaire et communautariste devrait être abrogée et ses représentants passés sous les armes ! Toute foi vantant la mollesse mériterait de disparaître sous elle. La mollesse est l'ennemie du Christ. C'est à cause de la mollesse des idées et de la pensée que tant d'âmes en verve ont déserté les si belles églises de la révolte et du dépassement de soi. La mollesse est à proscrire, à expurger de notre monde moderne : alors peut-être reverrons-nous ces hommes libres renaître de cendres poussiéreuses et de psychothérapies réformistes... Dans le domaine de la foi, cette assurance du doute dans le coeur des hommes, tout est à chambouler, à foutre en l'air ; dans ce domaine comme dans tous les autres. Le seul futur viable est peut-être dans ce retour à soi, dans une église absolument personnelle et irrémédiablement individuelle, conçue pour chacun en file indienne jusqu'à la nuit des temps et qui bouterait de toute ligne d'horizon le moindre christianisme affublé de ses clichés rances... Dans la vraie prière muette et la plus exemplaire solitude...
Amen.
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mardi 31 août 2004 - 15h15:   

bof, de toute façon moi je suis anti-religiosité, alors cette mise en scène ou une autre, je m'en bats la semoule. Tu m'as l'air bien religieux pour un contre-Lourdiste.

Ah pardon, il ne fallait pas relever le contenu. Excuse-moi, c'est bête. Je réponds toujours primairement aux pamphlets.
Philippe Nollet
Envoyé mardi 31 août 2004 - 16h59:   

Pourquoi ça, ne pas relever le contenu ?

Bien sûr que je suis religieux, ça n'a rien à voir avec Lourdes d'être religieux - je ne sais même pas si je crois en Dieu, c'est une chose dont je me fiche complètement, je crois d'ailleurs qu'il faut être abominablement présomptueux pour affirmer une chose pareille...

Je suis religieux parce que j'aime la beauté, même quand elle se niche dans une laideur de surface, je suis religieux commes les animaux dans leurs messes sacrées, je suis religieux dans mon rituel lorsque j'écris : le tas de feuilles blanches à droite, la bouteille de whisky à gauche et Prince dans le cd en sourdine... Je suis religieux quand je pense que la pensée s'incarne toujours dans la chair, par la magie du verbe...

Etre religieux ne veut pas forcément dire croire en Dieu, ni en tout cas suivre les préceptes d'une RELIGION à proprement parler, édifiée comme un dogme. on a tous un côté sacré, le sens de la beauté, l'éventualité d'un miracle, le don de soi... moi je préfère employer ce mot : religieux...

Oui, tu as répondu primairement - ça nous arrive à tous.
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mardi 31 août 2004 - 18h15:   

"Pourquoi ça, ne pas relever le contenu ? "
Parce que tu m'as répondu ailleurs que "ce texte n'était pas supposé avoir une portée "idéologique" ni même "théorique" ; il faut le lire comme il a été écrit, c'est-à-dire n'explorer que sa veine littéraire".
Mais une fois de plus je me suis laissée aller à réagir à "l'idéologie". C'est l'effet que ça me fait, moi toujours les pamphlets.

"Etre religieux ne veut pas forcément dire croire en Dieu".
Ben chacun ses définitions à ce qui semble. Cela dit, je te taquine, je vois bien ce que tu veux dire par "sacré" mais n'y aurait-il pas un poil de plus dans ton réquisitoire ? Pas facile d'être polémique et cohérent.

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