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Philippe Nollet
Envoyé jeudi 22 juillet 2004 - 18h26:   

Grands souffles de vent. Premières neiges d'hiver. Je griffonne quelques lignes sur un carnet - la solitude passe ainsi, sans rien dire : seul parle le silence. Je me laisse guider entièrement par Bouddha (et non l'idée que je m'en fais), je fais confiance à ma nature profonde et à toutes ces choses qui n'ont pas de réalité tangible. Je participe tellement, à ma façon, au chaos de cet univers prétendu immobile, que je parviens à en faire intégralement partie. Je suis l'univers, et l'univers c'est moi.

Je regarde au loin le ciel changer du tout au tout, en quelques instants : soleil vif puis nuages noirs. Une poudre d'or recouvre un nid de vipères. Ma femme n'est pas loin, elle lit. Elle ne m'accorde pas un regard. Elle fronce les sourcils. Chacun de nous deux se charge de son propre isolement. L'éveil n'est pas une chose en soi, une chose à atteindre à tout prix. L'éveil est l'absence totale de quoi que ce soit. La vie est là, et nous n'en savons rien. L'ouverture parfaite est pourtant possible, lorsque l'esprit n'est plus sujet aux seules émotions, ni sous l'ascendant de ce et de ceux qui nous entourent.

Le secret pourrait résider dans l'acceptation de notre propre néant. Se faire enfin libre de tout attachement. Se concevoir soi-même tel que nous sommes. Le Royaume de Dieu et de Bouddha est partout sur la terre, et nous ne l'entrapercevons même pas, ou si peu. Nous préférons jeter un pont branlant entre la réalité et nous.

Oui, Bouddha me bouleverse de son extrême lucidité. Seuls nos fantasmes et nos désirs créent une barrière contre les autres, contre soi-même. Il n'y a ni passé ni avenir, mais une multitude de présents insaisissables, qui n'en font qu'un.

Bouddha comme une suspension rose dans l'atmosphère, suspendu au bout de la corde d'une immobilité qui bouge... Ne pas chercher à remplir, à surcharger quoi que ce soit... Ne pas vouloir coûte que coûte ajouter à ce qui ne demande qu'à se soustraire... Cet abandon même nous renseigne sur la matière du temps, la signification du temps dont nous venons. Je me sens mieux quand je ne suis rien, parce qu'alors je suis moi, réduit à ma quintessence pure.

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