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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé jeudi 29 mars 2007 - 9h58:   

C'est un de mes amis qui a ecrit ça:
PSY


Paul étira doucement les jambes et fit légèrement basculer son fauteuil en arrière. Il alluma un cigare, les mêmes que Lacan, aimait-il à dire. Depuis un quart d’heure déjà il n’écoutait plus son patient qui, allongé sur un divan parlait sans doute de son enfance comme à l’habitude ; La vie d’analyste avait du bon et Paul depuis longtemps ne se préoccupait plus de savoir si les analysés allaient mieux ou non. Il adressait les cas les plus préoccupants à de jeunes confrères plus enthousiastes et n’accordait ses rendez-vous qu’à une quinzaine de personnes. Fidèle clientèle fortunée qui en avait pris pour dix ans au moins à raison d’une séance par semaine. Il refusait donc du monde, ce qui lui donnait un prestige que semblaient partager ses clients privilégiés.
Paul parlait rarement aux analysés, souvent ne les écoutait pas et quelques fois se permettait de lire le journal ou rédiger son courrier. Ses honoraires étaient en rapport avec sa réputation et il vivait bien.
Bientôt une heure que ce bon monsieur Bouchard radote sur le divan songea Paul en consultant sa montre, j’ai du m’assoupir, trois quarts d’heure c’est la limite.
« Ça sera tout pour aujourd’hui monsieur Bouchard ». Douze ans que ce brave Bouchard venait chaque semaine participer à assurer le train de vie de Paul.
Nous étions mardi et dans une heure, Paul aurait droit à une petite récréation. Son prochain rendez vous était avec madame Chevasson, une bourgeoise bien névrosée qui
l'amusait encore. Il est vrai qu’elle était nouvelle, à peine trois ans d’analyse et elle avait toujours des histoires incroyables à raconter. Elle fantasme complètement pensait Paul. Il sortit un carnet d’un tiroir de son bureau, car pour Geneviève Chevasson, et seulement pour elle, Paul prenait des notes. Il relu quelques pages qui concernaient les précédents rendez-vous. Chaque semaine, pendant trois quart d’heure et depuis trois ans, Geneviève Chevasson racontait d’incroyables aventures sexuelles supposées lui arriver. Ce n’est pas son inconscient qui parle aimait à dire Paul, mais plutôt le fond de sa petite culotte. Seize heures sonnèrent au clocher de l’église voisine. Paul se dirigea vers son salon d’attente, sobrement meublé de deux fauteuils et d’une toile contemporaine. Les fauteuils étaient vides. Geneviève Chevasson était pourtant, à l’habitude parfaitement ponctuelle. Un peu irrité, Paul regagna son bureau en laissant ouverte la porte qui donnait sur le couloir. De toute manière, si un patient ratait un rendez-vous, il devait quand même payer la séance, c’était la règle. Paul n’aimait pas attendre, au bout de vingt minutes, il décida qu’il en avait assez et sorti.
Paul se promena au hasard des rues, pris un café en terrasse et continua à marcher, un soleil de printemps rendait l’atmosphère légère et transparente. Il s’attardât devant la vitrine d’un libraire et le titre d’un livre le fit sursauter.
« La vie sexuelle de Geneviève C. »
Intrigué, Paul entra et acheta l’ouvrage. Sitôt rentré chez lui, il ouvrit le livre et, stupéfait, lu très vite les premières pages, son carnet était encore sur le bureau, les deux textes concordaient presque mot pour mot, c’était hallucinant.
Une lampe clignotait sur son téléphone. Un message avait été enregistré en son absence, il décrocha distraitement le combiné. Immédiatement il reconnut la voix- c’était elle « un grand merci pour tout docteur » ( il détestait qu’on l’appelle docteur, il était analyste et pas psychiatre ).
« Le livre est paru alors à un jour peut-être pour un nouveau volume »
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 29 mars 2007 - 11h34:   

Bonjour Rienadire !

Tu fais preuve d'une belle verve de nouvelliste, ces temps-ci.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 30 mars 2007 - 13h08:   

Jolie satire d'un herméneute pas trop préoccupé d'euristique!
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé vendredi 13 avril 2007 - 18h36:   

toujours du même ami à moi
…sur la commode

Un homme est assis à sa table de travail. Une femme le regarde écrire.

- Ça fait une heure que tu n’as pas écrit une ligne, tu restes là à fumer le cigare et à boire des verres de bourbon.
- S’il te plait, je ne te demande pas pourquoi tu es assise à poil sur la commode.
- J’attends qu’il règne une température décente dans la salle de bain pour prendre une douche.
-Ah bon !
- Oui parce que c’est pas avec tes bouquins à la con qu’on pourra faire installer le chauffage central.
- Tu sais bien que les gens lisent de moins en moins.
- Alors fais autre chose, il ne t’est jamais venu à l’idée de travailler ?
- Mais je travaille
- Oui, tu restes assis des heures à rêvasser en buvant des coups.
- Si tu étais moins chiante, je pourrais au moins me concentrer.
- Tu n’as pas toujours dit ça, j’étais ton inspiratrice, ta muse, ton égérie.
- La salle de bain doit être à bonne température maintenant.
- Pauvre mec !
( Elle se lève et quitte la pièce en claquant la porte. Il écrit quelques lignes et rallume son cigare. Elle revient enveloppée d’un peignoir blanc. Il lui tend une feuille.)
- Tiens, lis ça.
( Elle lit un texte à voix haute.)
- C’est encore moi qui vais devoir le rentrer dans la bécane, tu devrais prendre une secrétaire, j’en ai marre.
- Tu sais bien que l’ordinateur, c’est pas de ma génération.
- Il se trouve que toi non plus tu n’es pas de ma génération, j’ai envie de vivre moi.
- C’est ça, va jouer avec des gens de ton age, je pourrai enfin souffler.
( Silence) Mais sinon ce texte ?
- Ouais ! C’est pas trop mal, tu l’as écrit pour me faire plaisir ?
-Peut-être
- Merci.

Elle commençait à doucement l’énerver, assise à poil sur la commode, avec ses histoires de chauffage central. Il aurait bien aimé avoir un peu de calme pour terminer la lecture des Bienveillantes.


Je pourrais franchement lui exploser la tête à coups de marteau. Vincent Delerme en boucle, je peux plus, d’ailleurs j’ai jamais pu. Je n’ais rien demandé moi, si, juste qu’on me foute la paix. Je suis pas allé la chercher, c’est elle qui est venue, qui c’est installée dans ma maison et dans ma vie. Elle range des trucs, fait sortir le chat, coupe du bois en disant que c’est dur. « Et la vidange de la voiture, c’est moi qui dois la faire » qu’elle me dit. La voiture elle s’en fout de sa vidange, je pourrais lui répondre, mais je réponds même plus, je devrais lui conseiller de lire Philippe Delerme, c’est aussi con mais ça fait moins de bruit. Elle est pourtant pas si bête, elle pourrait faire de la politique, élever des hippocampes, reprendre des études, faire des stages, observer la fonte du permafrost en Sibérie. Mais non, elle est là, elle me regarde, m’observe, s’inquiète de ma santé, compte mes verres de bourbon. « T’es encore rentré tard » elle me dit souvent, chez moi, je rentre quand je veux. Elle m’attend, elle me guette. Il paraît même que je drague ses copines.
Elle me suce l’âme, j’ai l’impression.

Ah ! Il est beau le poète, imbibé de bourbon, il écrit trois lignes par jour et réclame du calme. Juste bon à frimer devant mes copines. Un macho tient un vrai macho. Désespéré jusqu’à la moelle qu’il dit. Le pire c’est que ça marche et il en profite ce vieux cochon, parce que c’est vrai, parfois il est pas si mauvais.


C’est jamais triste, une soirée chez Bob et Lola, il est toujours bien dans son rôle de vieil écrivain fatigué, même si tout le monde sait qu’il parle plus qu’il n’écrit, mais bon, on l’aime comme ça. Et je crois que Lola aussi elle l’aime comme ça. S’il était trop bien, elle n’aurait plus grand chose à dire. Alors que là, c’est sur, il y a matière, tout le monde a adoré le sketch sur le chauffage central, il y a presque de quoi en faire un film.
Il avait attendu longtemps Bob avant d’avoir le physique qui corresponde à son personnage. Maintenant ça y était, il était mur. La soixantaine bedonnante, le cheveux blanc et rare, le visage mangé par une barbe derrière laquelle il se cachait, Bob était maintenant écrivain. En fait, il écrivait peu et parlait beaucoup. Ça plaisait aux filles et il aimait bien plaire Bob, il a toujours des histoires à raconter et certain trouvent même qu’il est un peu mytho. Lola a du le rencontrer dans une soirée, à une heure ou il brillait encore avant d’avoir trop bu. Elle était belle et brune Lola, elle ne devait pas avoir plus de trente ans.
« Elle fait joli dans la maison » disait Bob quand il était fâché.
En fait, sans être dupe, elle se complaisait bien dans le rôle de l’égérie du grand écrivain incompris. Il existait entre eux quelque chose de l’ordre de la complicité. Séduire le rassurait et elle en tirait certainement quelques bénéfices secondaires. Elle avait la chevelure comme les jambes, longues, et n’avait gardé de chez Chanel que le tailleur qu’elle portait souvent avec un vieux jean, « La vraie classe c’est ça » aimait-elle à dire. Son travail dans l’immobilier lui assurait un confortable revenu, ce dont Bob ne se plaignait pas. Il profitait donc d’après-midi tranquilles à travailler sur son futur roman, une bouteille de bourbon à portée de main. Lola au début, elle avait cru découvrir un nouveau Bukowski, mais Bob, s’il était moins chiant que le vrai, n’avait pas le même talent. Alors, elle avait composé Lola, il lui importait surtout que les apparences soient sauves. Quand Bob était saoul, c’est qu’il était fatigué et c’est pas lui qui allait tondre la pelouse ou fendre du bois, il avait quand même autre chose à faire.
Ça avait duré trois ans comme ça, jusqu’à que Lola reprenne le sport, elle partait souvent en VTT avec Sam.
C’était un vernissage ordinaire à la galerie ARTLOVE, le plaisir de se retrouver entre gens de bonne compagnie. Tout le monde connaît tout le monde et chacun baigne dans l’autosatisfaction d’être là, de faire partie de cette petite « élite » que génère toute sous-préfecture. Le peintre invité était bien sûr un copain de Bob, qui avait participé à l’accrochage. Les toiles exposées (de grands formats), consistaient en une succession de petits carrés, chacun d’une couleur primaire. Les murs de la galerie supportaient douze tableaux, mis en valeur par un éclairage généreux. L’ensemble dégageait une sensation curieuse à mi-chemin entre l’inauguration d’un magasin Castorama et une hallucination collective. Mais, les verres de rosé aidant, personne ne regardait rien. Quand Bob eût terminé la démonstration qui consistait à insérer son ami peintre dans un quelconque mouvement de l’art contemporain, il aperçut Carla qui parlait avec un couple de résidents secondaires, qui, à chaque période estivale, venait s’immerger dans un bain de culture dont nous nous sentions porteurs . –Bonjours chers amis, je vous enlève Carla un instant.
Bob entraîna Carla vers la table dressée dehors qui, outre les reliefs d'un vernissage réussi (chips et saucisses cocktail), était encore garnie (chose rare), de quelques bouteilles. Une fois leurs gobelets de plastique rempli de vin rosé tiède, Bob et Carla firent quelques pas sur la place, devant la galerie. Carla était une ancienne copine de Bob. Ils étaient restés complices et n’avaient plus guerre d’illusions.
-Dis-moi, c’est quoi cette histoire entre Lola et ce Sam ?
-Depuis quand tu t’intéresse aux rumeurs ? -Je veux juste ne pas trop passer pour un con !
-Ce Sam travaille à Décathlon et il se prend pour un champion, Lola n’est plus une gamine, elle a sûrement déjà cerné le bonhomme, ne t’inquiète pas mon vieux.
-Tu me rassures à peine, Carla.
-Mais il faut bien qu’elle prenne un peu l’air, tu n’es pas toujours drôle, tu sais.
-Tu as peut-être raison.
Pensif, Bob regagna la galerie, Lola venait d’arriver, elle saluait ses nombreuses connaissances en jetant un œil distrait à l’exposition. Elle aperçu Bob et se dirigea vers lui.
-Il est connu le peintre ?
-Pas mal, surtout dans les bistrots de son quartier.
-C’est pour ça que tu lui ressembles.
-C’est gentil !
-Mais non, je t’adore, tu le sais bien.
Le vernissage touchait à sa fin, on pliait les tréteaux supportant le buffet, il ne restait plus rien à boire, le chaland se faisait rare. Il était convenu (entre initiés) de se retrouver dans un restau du coin. La petite dizaine de convives s’installa autour d’une table réservée à l’avance. Un ou deux raseurs avaient réussi à suivre la troupe, à eux de payer leur repas. Paul, le directeur de la galerie était certes généreux sur les notes de frais, mais pas trop. Les conversations roulaient sur la peinture, le marché de l’art, et rapidement prit un tour plus trivial : les vacances approchaient.
-Les Cyclades c’est vraiment génial, les gents sont d’une grande simplicité, ils se contentent de peu, ils semblent très heureux ainsi.
-Il faut aller de plus en plus loin maintenant, pour être tranquille, le tourisme de masse pourrit tout.Bob semblait concentré sur sa pizza, il ne parlait pas. Lola était assise à sa droite. « Ils commencent tous à me fatiguer » Lui dit-il à l’oreille. Le peintre voulait offrir le champagne, mais il était déjà tard, et chacun avait le sentiment (justifié) d’avoir assez bu. Bob et Lola partirent parmi les premiers. De petites rues désertes conduisaient au parking, ils marchaient serrés l’un contre l’autre.
« Ca ne te dirait pas de passer quelques temps aux Cyclades ? » murmura Bob.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé samedi 14 avril 2007 - 13h06:   

Bientôt un roman, Rienadire ?

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