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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire
Inscrit: 2-2005
| | Envoyé vendredi 22 décembre 2006 - 19h39: | |
Je ne sais pas ce qui me hante, ce qui m’habite et qui m’obsède.
Est ce réel ou bien un rêve ou le pressentiment d’une réalité qui me suit depuis toujours et que je ne parviens pas à cerner de façon claire, comme une autre réalité à côté de la réalité de tous les jours ?
Cela se passe souvent à la tombée de la nuit, lors de ma promenade quotidienne. Je marche dans la rue, cette rue si familière, et en même temps, je suis ailleurs, je ne marche que depuis cinq minutes et, d’un seul coup, cela fait des jours et des jours que je marche sur ce chemin, cela fait si longtemps que je marche que je marche depuis toujours, et je ne marche plus, c’est le chemin qui se déroule sous mes pieds, c’est l’horizon qui vient à moi et je suis dans la parfaite immobilité.
Puis je sens une légère fatigue, je redeviens un marcheur ordinaire et je reconnais la rue familière.
Je pressens parfois la possibilité d’un phénomène analogue pour l’écriture, comme une espérance, comme une promesse d’un état nouveau ou je n’écrirai plus, ou, magiquement habité d’un sentiment de liberté, je contemplerai, sans effort, les mots défiler sous ma plume, envoûté par le rythme musical des phrases, les oreilles enchantées par la sonorité des mots, l’esprit émerveillé par la clarté logique du discours, les sens comblés par le trouble délicat du aux odeurs musquées émanants de mots inconnus, venus de derrière l’horizon, aux couleurs sensuelles et mystiques, des viva la muerte, des mots pour dire le reflet du soleil sur l’épée du cavalier chrétien chargeant au galop avant que sa lame ne s’ensanglante de rouge vermeil et que ne retentisse pour toujours en son âme le cri de douleur de l’ennemi terrassé qui lui ressemble tant et qui adore le même Dieu, des mots interrogateurs, sagesse de la folie, des mots aussi, remontant des entrailles de la terre, terrifiants comme la clameur des guerriers avant la bataille, des mots d’avant, d’avant le big bang, d’avant l’instant ou commença le temps, des mots nourriciers d’une sagesse pacifiante, comme pour dire par exemple Satori de l’instant , Solitude des Rois, Silence Originel. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| | Envoyé vendredi 22 décembre 2006 - 21h44: | |
Le temps que mesurent les chronomètres s'involue parfois, semble s'arrêter, est absorbé par un temps intérieur, beaucoup plus lent, plus calme, et qu'on pourrait appeler le temps de l'âme. Ai fait cette même expérience, trois ou quatre fois. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| | Envoyé samedi 23 décembre 2006 - 12h02: | |
Cela m'est familier itou. Il fut un temps où j'allais à la rencontre dominicale de ce temps de l'âme à travers champs. Je ne tardais pas à oublier la "civilisation", je me pendais aux nuages et, entré en lévitation, prenant mon élan sur la crête des forêts, je bondissais d'astre en lune, prenais un bain dans la mer irisée du soir, suivais en silence la course du soleil au-delà de la ligne horizontale d'échappement, bref: les limites spatiotemporelles étaient abolies et les horloges n'existaient plus. Je revenais auprès de mon âtre avec un de ces poèmes que je qualifiais de "sidération".
Ce temps intérieur loge hors de l'horloge, comme le dit joliment Etienne Klein ("Les tactiques de Chronos", Champs Flammarion). |
Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| | Envoyé samedi 23 décembre 2006 - 12h18: | |
oui sensation connue, belle évocation merci rienadire... |
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