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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé vendredi 08 décembre 2006 - 14h20:   

Un couple inconnu. C'est l'intitulé de la photo. Un homme, une femme. Du blanc du noir. L'homme est en noir, la femme en blanc. Deux personnages dans un ovale. C'est comme un œuf. Fécondité. Famille bourgeoise. Famille prospère. L'homme est sévère, trop sévère, trop respectable, et malgré l’œuf l'amour n'est pas là. Premières impressions : dualité et comme une absence.
Mais Dieu que cet homme a quelquechose de désagréable, comme il prend la pause, comme il est solennel, comme il prend toute la place sur cette photo, il doit penser qu'il représente la famille à lui tout seul. Ce n'est pas la photo d'un couple, c'est la photo du chef de famille, et sa femme n'est là que comme un accessoire, un signe extérieur de sa respectabilité bourgeoise.
La femme apparaît en négatif, elle est en quelques sortes effacée, sans consistance, comme inexistante. Elle est passée de l'autre coté du miroir, elle n'est plus de ce monde. J'imagine un petit garçon à qui l'on montre la photo: « C'est ta maman, vois comme elle était belle. Elle est au ciel maintenant. »
Et l'enfant se met à penser à sa mère. Cette photo, c'est un médaillon, comme on en voit sur les tombes. Il va souvent lui rendre visite, au cimetière. Il aime bien aller au cimetière. Surtout il aime bien marcher sur les graviers tout blancs, ça fait un drôle de bruit. Et puis de là on peut voir la mer.Et il se demande si sa maman voit aussi la mer. Elle est jolie la tombe. Sa maman il ne la voit pas, elle est dans le trou, bien cachée. Mais on lui a expliqué que, elle, elle le voit. Mais lui, il ne la voit pas, sauf pendant les rêves. C'est bien les rêves, on peut voler, comme les oiseaux. Il suffit juste de vouloir être à un endroit et on s'y trouve. Alors, il va souvent lui dire bonjour, et il peut même la voir, c'est pas comme dans la vie. Et elle est vraiment belle, et sa robe est blanche, et c'est pour ça qu'il aime les graviers, parce qu'ils sont blancs. Elle est belle comme un sourire, et quand elle lui parle, et quand elle le touche, c'est comme une vague d'amour qui le caresse, et c'est tellement bon, et il se sent chaud dans son cœur et il se sent bien.
Pourtant, quand il se réveille, il a de larmes aux yeux, parce qu'il comprend que ce n'était qu'un rêve, que ce n'était pas pour de vrai.
Mais c'est quoi le vrai ? Mais c'est quoi le rêve ? Mais c'est quoi la vie et c'est quoi la mort ? La vie c'est pas drôle, on peut pas voler, maman n'est pas là.
Déjà de vraies questions dans une petite tête d'enfant, déjà de vraies souffrances dans le cœur très grand d'un petit garçon.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 08 décembre 2006 - 18h13:   

Est-ce une photo qui t'inspire? Imagines-tu à partir d'une photo? Les photos de famille sont des supports passionnants pour rêver, conjecturer ce qu'a dû être une ou des existences. Je me suis livré à cet exercice lorsque, ma mère ayant disparu, j'ai retrouvé un lot de ses photos d'enfance... C'est une coïncidence: je faisais un peu ce que fait ce petit garçon, autrefois, mais la tombe était celle de mon père.
Joli coup de fraîcheur que tu me donnes-là! Et même sans faire le rapport avec mon vécu personnel, joli texte, Rienadire.
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé vendredi 08 décembre 2006 - 23h45:   

Effectivement,Tm, on nous demandait d'observer, en atelier d'écriture, une photo pendant quelques instants, puis d'écrire. La consigne n'était pas de décrire la photo, mais de travailler sur le 'punctum'( mot savant que l'on doit à Bartes et qu'il oppose au 'cogitum'je l'ai appris ce jour là),sur l'émotion et les sentiments.Il y a donc nécessairement une part d'autobiograhie.Néanmoins j'ai préféré ecrire à la troisième personne plûtot qu'à la première, probablement pour garder une certaine distance.
Ce n'était pas la première fois qu'on nous faisait écrire, avec des consignes différentes toutes plus interressantes les unes que les autres, à partir d'une photo.

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