Eric FARUEL
| Envoyé vendredi 09 avril 2004 - 23h09: | |
Je lave la terre Tous les matins, je lave la terre Dans l’évier. Je brosse, râpe et lime les aspérités, Je nettoie les sangs rouges mêlés de boue, Je lave les cerveaux crasseux et pâles Trépanés ou bien défoncés. Je laisse tremper tous les péchés, à cœur. Je rince et laisse sécher les âmes épurées. Tous les matins, je lave la terre Dans l’évier Dans les eaux fumantes et grasses Les peaux se mélangent et se déteignent. Je retire les balles perdues des corps, Corps étrangers blottis au cœur. Je lave les vies que la mort a entrepris, Enfants, adultes ou vieillards égorgés. Tous les matins, je lave la terre Dans l’évier. J’essuie les traces des malheurs, Quelquefois un sourire sur des lèvres Encore tièdes, rondes et belles, Une fleur rose cachée dans une main. Je lave le vomi des peuples torturés, La cruauté des seigneurs ou des vassaux. Quand tout est fini, je prends l’éponge Et je rince, peut être par routine parfois. Je lance les scories et les poussières, là haut, De peur qu’elles ne reprennent vie, Dans les vents qui balayent l’univers Avec des sifflements d’airs et de lumières.
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