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Auteur Message
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 09 juin 2005 - 12h31:   

De l’isolement où il gît, le corps transmet son code.
L’âme qu’il appelait le reçoit.
Un être prend vie.
Aussitôt on se met à négocier.
(La famille attendait une autre naissance.)

Déboutés de leurs demandes, circonspects,
cloîtrés dans la cachette même où logeait le corps,
les doctes du clan soumettent à l’analyse les dessous de l’affaire.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 09 juin 2005 - 13h40:   

Je vois là un parti pris spiritualiste ("L'âme qu'il appelait")?
"Aussitôt on se met à négocier": allusion aux mésententes relationnelles parents/enfants?
Le tercet final est pour moi obscur: gamètes déçus de n'avoir été élus? Qui sont ces "doctes du clan"?

Cela me rappelle la fascination mêlée d'horreur que j'éprouvai à dix-sept ans lorsque je pris connaissance de la théorie de l'idéalisme absolu qui mène au solipsisme. Je ressentis un tel malaise en songeant, en pleine rue, que le monde autour de moi pût n'être qu'une illusion que je me demandai si je ne présentais pas les premiers sympyômes de la schizophrénie! Alors, comme un fou (si j'ose...), je me raccrochai fermement à cette réalité que m'offraient (et m'offrent toujours) mes cinq sens.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 09 juin 2005 - 22h35:   

N’ai pas pensé aux chromosomes ni aux mésententes familiales ni à telle ou telle doc-trine. N’ai pensé à rien. Ai simplement eu l’impression que quelque chose naissait et que ce qui survenait là embarrassait un certain nombre de personnes. Il y a des phrases comme ça qui viennent on ne sait d’où, on ne sait pourquoi. (Ecriture automatique ? Je connais très mal le surréalisme.) On peut y voir ce que l’on veut.
Etre mis au courant de ce que chacun imagine à partir de cette cinquantaine de mots m’intéresserait.
Merci à Tm, qui a déjà pris la peine de répondre. Il est plus que plausible qu’existent (quelque part sur la Terre, dans les cieux ou dans les eaux - et quoi que disent certains idéalismes) des gamètes dépités, des conflits de générations, et même des corps qui ap-pellent des âmes…
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé mardi 14 juin 2005 - 19h46:   

Petite interprétation :

Ni vois pas de surréalisme, au sens valeur de symboles.
Tout peut s’interpréter, même le charabia le plus invraisemblable.
On arrive même interpréter les mystères du monde, au travers notamment des mythes ou de la religion, etc.
Rendre l’incompréhensible plus compréhensible. Donnez du sens.
Le sens que je donne à cet extrait.
Premier paragraphe :
Référence à la micro psychanalyse. Un choc, le premier, dont on ne se remettrait jamais, selon le bon Dr Fanti, spécialiste du genre. La fécondation. L’isolement, eh oui, cher Leibniz, nous ne sommes que des monades dans ce meilleur des mondes. On crie à la solitude, on hurle au désir, et merveille des merveilles, pointe cet Autre, cet alter ego, qui nous aime et que l’on aime. Fantastique aventure, le Soi, dans l’Amour donné par un moi qui n’est pas moi, devient un Soi grandiose, compensant le vide du grand Soi. L’expérience où l’on se sent toucher par autrui est unique et forte. Un vertige.
De cet Autre, uni à moi, naît un autre Autre (bébé), dont on se sent si proche. Amour différent.
Tant d’espérance concrétisé dans l’Amour, d’idéalité ancrée, d’espoir dans cet autre Autre, Etre en devenir, que de pro-jets (dans le sens oncologique) pour lui. Et l’on pense que finalement l’autonomie individuelle n’est que pure fiction idéologique (voir Marx).
Bref, on y croit.
Deuxième paragraphe :
Comme les effets du beau et du merveilleux ne durent pas éternellement (sauf peut-être pour les mystiques), l’idéalité s’effrite, cet existence d’autrui qui a priori est une condition nécessaire à la conscience de soi, n’est pas ce paradis attendu.
Qu’est-ce qui se loge dans le cœur, la conscience de soi, le moi, le sur moi, l’ipséité, la transcendance de l’ego au sein de l’immanence de la conscience (l’inconscience étant un autre chapitre), et tout notre petit monde interne bascule, nos croyances, notre Moi qui est révélé qu’à Soi vacille. Cette proximité s’effiloche et l’on retrouve un mixte de proximité et de distance avec autrui (amant, ami, enfant, etc). Plus la proximité s’éloigne plus la distance est là, plus on est seul.
A priori l’existence d’autrui est une condition nécessaire à la conscience de soi a posteriori aussi, mais malgré cela, on n’est (naît) seul. On y comprend plus rien. On doute. On conciliabule avec soi-même, et avec les autres. Les doctes du clan me sont expériences, un dialogue de moi à moi, bien cachée au fond de moi dans une dualité corps (me servant de tremplin phénoménologique- âme.

Bref, la naissance déconcertante est aussi l'expérience et l'apprentissage de soi sans cesse renouvelés au travers de cet Autre .
Und so weiter....
Partir de Soi pour retourner à Soi, parfois tout chamboullé-e!
La Vita est Bella, car justement déconcertante.
Nicole
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé mardi 14 juin 2005 - 22h36:   

Point n'aurait besoin de se justifier, mais néanmoins désolée pour les méchants couacs ortho (ô rage, ô honte, je suis comme TM), mais j'ai cliqué, après la première correction sur "poster le message", par erreur, avant d'avoir eu le temps de me relire.....la pensée m'importait plus que le reste lors de la rédaction...

Ecriture automatique?

Amicalement
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 2h53:   

Merci Nicole. Tu as rendu l'incompréhensible (un peu) plus compréhensible. Il est certain, en effet, que les doctes du clan se trouvent en moi, eux qui toujours discutent (disputent, disait-on jadis) , coupent les cheveux en quatre et qui sont agacés par le mystérieux, le miraculeux, par tout ce qui ne peut pas se dire avec des mots. Ton interprétation du 1er § me dépasse. "L’existence d'autrui [ … ]n'est pas ce paradis attendu" : "l’enfer, c’est les autres", a dit quelqu’un. Quant à l’Autre ou au "tout autre", c’est, pour moi, le "sacré" (il y a peut-être un autre mot ; par "sacré", je veux dire : tout ce qui n’a pas encore été profané, "jeté aux pourceaux"), qui (paradoxalement et bien que certaines de ses manifestations soient terrifiantes) m’est de plus en plus familier. Et je crois au théomorphisme de l’homme ; (Genèse, 1 : 27) c’est même, pour moi, une évidence.
Mais en écrivant le texte, je ne pensais à rien ; et encore moins, si j’ose dire, au "tout autre", ça c’est sûr.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 2h59:   

Quel baragouin ! Quand donc vais-je me débarrasser de toutes ces parenthèses ! Mille excuses.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 13h37:   

J'ai envie -incidemment- de rebondir sur "l'enfer c'est les autres", réplique finale de "Huis clos", pièce de Jean-Paul Sartre. C'est que je l'ai entendu, hier, dans un enregistrement, tempérer cette affirmation devenue une sorte d'adage: autrui n'est l'enfer que pour celui qui est prisonnier de son incapacité à changer ce qui du passé le détermine à travers le jugement d'autrui -si j'ai bien compris.
Sans quoi, au contraire, l'autre est nécessaire à notre devenir. Dans le cadre du "pour-soi"? (J'ai bien peur de n'avoir plus qu'une vague idée du sens de la terminologie sartrienne!)
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 14h31:   

Bien d’accord avec toi pour”l’enfer, c’est les autres”.
Nicole a peut-être raison : phrases pareilles aux bêtes étranges qui circulent dans les mythes et les légendes ; elles n’élaborent aucune thèse ; n’en sous-entendent aucune non plus ; notre intellect ne leur dit ni oui ni non ; phrases que journalistes et”scientifiques” s’interdisent absolument.
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 15h45:   

Pour Sartre, toute conscience est conscience (de) quelque chose.
Ce (de) a une grande importance pour lui.
Le pour -soi se situe dans cette conscience.
Le (de) est entre parenthèses car sans statut d’objet.
L’Etre en- soi est être dans la transcendance.
Cela se corse dans la facticité du pour-soi, insertion du néant par nous-même.
Le pour-soi et l’être de la valeur.
Le pour-soi et l’être des possibles.
Le moi et le circuit de l’ipséïté.
La recherche de l’en-soi par le pour-soi.
Le pour-soi en tant que relation avec le monde extérieur.
Les doctes du clan, auréolés de 2000 ans de monde judéo-chrétien !
Etc….

Continuons….
Pour Sartre la solution entre le réalisme et l’idéalisme est le solipsisme.

Et encore…..
Autrui est le regard intermédiaire entre moi et moi-même.
Nous sous le regard d’autrui = nous objet.
Je suis morte- possibilité en tant que je suis dépassée par autrui.
Nous sommes ce que la qualité d’autrui nous assigne, en ce sens, parfois, les autres sont l’enfer, car nous ne pensons pas ce que les autres pensent de nous pour nous-même.
Les paramètres des jugements et croyances sont complexes et si cet Autre m’importe, il m’importe que ses jugements soient des jugements positifs.
Nous avons l'idée de perfection et du beau en nous.
Et nous tendons en général vers cette idée.
Se sentir reconnus, aimés, on pagaye pour cela, d’autant plus face à un Etre qui nous importe.

Sartre tire la liberté de la proposition suivante :

être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas.

Et pour lui, la condition première de la liberté est l’action.
Et par cette liberté, Sartre nous amène à une vue déterministe.

Bref.
Ce que je retiens de cet ouvrage, c’est que comme dirait Epitecte :
« Rendre parfait ce qui dépend de nous, et prendre les autres choses comme elles viennent »
Je suis responsable de ce que je laisse se produire et de mon action.
En clair, face à une situation x , j’ai la possibilité de sécréter autre chose, par mon vouloir vouloir,action, que de la tristesse, de la colère, je suis responsable de ce que je sécrète …..
Et quand autrui est l’enfer pour moi, ma responsabilité est une remise en questions, voir ce qui m’affecte dans les dires « révélateurs de l’autre », pour avancer, progresser dans l’apprentissage de mon en-soi, pour moi (ce que je veux ne pas être et comment agir pour ne pas l’être).

Re-bref, pour André, ses propos me font penser à Pascal.

Qui veut faire l’ange fait la bête…..
Autre mystère.

Voilà de quoi penser pour l’éternité…..histoire sans fin, éternel retour.

Pour finir :

Pour cet Autre, un presque haïku :

Dis-moi tous ces mots
ceux qui me font croire
que tout n’est que Beau

Avec mes salutations pensives.
Nicole
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 15 juin 2005 - 23h14:   

Brrr ! Il fait 23 degrés dans la chambre et un judéo-chrétien a froid. Il y a des gens qui disent intelligemment des bêtises ; on peut s’y laisser prendre. (“… la solution entre le réalisme et l'idéalisme est le solipsisme.” Comment peut-on raisonnablement penser que le moi constitue la seule réalité ?) Je préfère ceux qui disent bêtement ce qui est, et, par-dessus tous, ceux qui disent intelligemment ce qui est et pourquoi il nous est donné de vivre.

“Et par cette liberté, Sartre nous amène à une vue déterministe. ” Qu’est-ce que c’est que cette liberté-là ? etc. etc. Es-tu sûre, Nicole, de résumer correctement sa pensée ? Si oui, il était à côté de la plaque, le grand homme ; à mon humble avis.

Bien le haïku.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 16 juin 2005 - 10h23:   

Merci, Nicole, pour ce petit exposé en forme de rappel de la pensée de Sartre. Ardue, la plongée de certains philosophes dans le monde conceptuel. A des gens comme Sartre ou Heidegger, je reproche d'établir un langage à la limite de l'idiotisme (sans nuance péjorative, car j'admire ces herméneutes de la pensée). D'où le caractère souvent abscons de la formulation de leur système...
Sartre m'est encore accessible (avec moult suées) mais Heidegger m'horripile, qui s'est créé (par nécessité, je ne le lui reproche guère, ayant idée de la difficulté à rendre compte de cet effort conceptuel par le langage courant) un langage quasi solipsiste!
Mais je reconnais ma propre insuffisance (ou répugnance?) à entrer dans ces univers langagiers abrupts. Et admire au contraire la familiarité que tu as acquise, par fréquentation, sans doute, avec ces univers philosophiques.
Pour ma part, plus modestement, je préfère la clarté de Montaigne.
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 9h31:   

Pour André, mes propos sartriens sont tirés d’une analyse faite par des séminaristes, à propos du texte imperméable par moment de l’Etre et le Néant, dont je faisais partie, guidée par un Maître, travail d’une année.
Il est clair que face aux méandres intellectuels de Sartre, seul cet auteur pourrait confirmer le bien-fondé de cette interprétation
Le résultat des courses n’est pas si simple quant à la réalité.
Le surréalisme (évolution des idées luttant notamment contre les conceptions étriquées du réalisme) dont nous parlions auparavant se situe notamment dans ces fameux vases communicants (du dedans au dehors du dehors au-dedans).
Le solipsisme, ici, serait une attitude limite de l’idéalisme, selon laquelle le sujet pensant constituerait la seule réalité, un solipsisme momentané accompagné de doute systématique (le cogito révolutionnaire de Descartes).
Je le prendrais plus volontiers dans le sens d’une causa sui.
D’où l’idée de responsabilité, de déterminisme, dans le sens que je veux bien donner, soit celui d’un point de vue métaphysique qui nous dit qu’il n’existe pas d’effet sans cause. De l’homme Sartre nous dit :

« L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait »

L’homme serait un projet subjectif et ex-statique conscient de se projeter dans l’avenir et nonobstant responsable des effets qu’il produit par des causes.

Lire les philosophes est passablement difficile. Ce qui m’intéresse, face à une recherche de la vérité asymptotique, c’est la démonstration de la pensée conduisant à un cqfd.
Un truc bien foutu que l’on reconnaît en tant que tel, même si on n’accrédite pas.
Evidemment il y a aussi un snobisme intellectuel (qui m’amuse énormément).
Je lis de la poésie tout comme de la philosophie ardue souvent simplement me laissant porter agréablement par des mots qui me font rêver.
Tout cela est infini et me laisse ébaubie.

Bien à vous.
Nicole
PS: c'est quoi ce grand frisson judéo-chrétien?
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 10h41:   

Je m'y perds dans tous ces érudits
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 11h31:   

Merci, Nicole, de te donner tant de peine, et tout ça à propos d’un texte (le mien) que je trouvais bizarre – ce qui est d’ailleurs encore le cas.

Je ne sais pas si j’ai bien compris. Le solipso-déterminisme de Sartre (« L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait »), serait donc le fait que notre volonté a le pouvoir de maîtriser les événements dont nous connaissons la cause. Ce serait alors – et simplement - une sorte d’antonyme de la paresse ( = le paresseux, ne faisant rien, ne peut "se faire"). Si c’est ça, pourquoi couvrir des pages et des pages de jargon philosophi-que ? "Onanisme intellectuel" ? Complaisance en soi ?
Le frisson fut le mien.

Je t’embrasse.

Ne t’inquiète pas, Nao ! Sartre (sa pensée) est probablement déjà mort. Laissons les morts enterrer les morts, nous conseille l’Evangile.
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 13h06:   

Personnellement, lire du Sartre à des moments de ma vie ou je n'était pas bien physiquement ou au niveau du moral a été assez néfaste à mon état mental...Depuis j'évite la philosophie quand je vais pas très bien, et même la plupart du temps, et du coup je me préserve aussi des céphalées...
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 13h08:   

En tout cas merci Nicole,
Très interessant (même si j'ai pas tout suivi)
et très impressionnant aussi
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 14h31:   

A mon humble avis, Nao, tu ne devrais pas fuir la philosophie quand tu ne vas pas bien.
D'une part, il est de nombreux philosophes qui sont lisibles et utiles: Sénèque et ses Lettres à Lucilius; Marc-Aurèle, Alain, Epicure même, et, plus près de nous, Marcel Conche, Michel Onfray... ne sont pas des antidépresseurs, mais aident à prendre du recul vis-à-vis de cette réalité qui fait parfois (très) mal...
Le Bouddha lui-même...
D'autre part, c'est justement en prenant ce salutaire recul que la philosophie nous aide à vaincre le mal d'être: ma modeste expérience m'a appris qu'il n'y a pas de meilleure remède aux maux du coeur que le baume de la raison (entre autres). Qui fait un effort de lucidité découvre sa plaie et se trouve en mesure de saisir sa chance de la guérir.
Enfin, il y a des philosophes qui font rire, salutairement: Nietszche et son Zarathoustra, par exemple, je les trouve irrésistibles!
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 15h00:   

Je suis d'accord avec toi TM, mais je me suis laissé entrainé par Sartre en lisant le diable et le bon dieu, les mains sales ou les mur et autres nouvelles par exemple, sans me rendre compte de l'impact que pouvait avoir ces lectures...(à certains moments on à besoin d'un peut plus d'optimisme que ça) alors je me méfie maintenant. Et je suis prêt à m'aider de tes conseils (avisés) pour choisir le prochain philosophe que j'aurai envie de découvrir
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 23h08:   

Nietzsche dans son Zarathoustra a voulu faire concurrence aux textes sacrés (Véda, Avesta, Bible). Quel flop ! C’est pourquoi il peut faire rire, en effet.
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé samedi 18 juin 2005 - 19h32:   

Concernant la paresse, oui....mais...
L'argument de la paresse (voir Chrysippe) est un argument des adversaires du nécessitarisme qui tournent en dérision la notion de destin, dans le sens que si qqch doit arriver à quoi bon agir pour en changer la donne (fatalisme).
La volonté (vouloir ne suffit pas, il serait nécessaire de vouloir vouloir) est une forme délibérée et rationnelle pour laquelle l'homme se détermine à agir. La volonté serait plus grande que la liberté.
Vouloir nous ramène à notre être rationnaliste.
L'Etre des affects et des volités, du mal Etre et du bien Etre, pour un autre jour....

Il est temps de profiter de la douce soirée encore ensoleillée, loin du baratin de la pensée...dans un endroit:

Entre ciel et terre
où rien devient tout
et tout devient rien

Nicole
PS: peut-être, André, si tu le veux bien, peux-tu nous donner des indices sur le sens que tu voulais donner à ton écrit.
Je t'embrasse aussi.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé dimanche 19 juin 2005 - 23h22:   

Vouloir vouloir. Puis vouloir vouloir-vouloir, i.e. tourner indéfiniment en rond, couper les cheveux en huit, en seize…
Vouloir ce qui m'est possible de réaliser me suffit. Ce n’est déjà pas si mal.
Il y a aussi l’état du non-vouloir (beaucoup plus difficile à obtenir que celui du vouloir ; on peut même dire qu’il n’y a pas de commune mesure entre eux) qui est certainement un état de liberté absolue.

Pas d’indices. Ça n’a d’ailleurs aucune importance.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé lundi 20 juin 2005 - 9h09:   

Indice ?
Peut-être ai-je été incité à dire (et je l’aurais fait alors très maladroitement et par un détour inapproprié) qchose comme ceci :
1.Lorsque nous étions dans l’antériorité, dans ce qui précéda nos petites vies fluctuantes, nous avions la Vie inaltérable en partage.
2.Nous sommes peut-être nés pour que nous prenions conscience de cette Vie-là ; et notre seule affaire véritable consisterait à y retourner.
C’est, peut-être, ce que "les doctes du clan" étudient et soupèsent.
Nicole (Nicole)
Identificateur : Nicole

Inscrit: 7-2001
Envoyé mardi 21 juin 2005 - 9h49:   

Début de la complexité.
1.En partage avec qui et avec quoi?
2.Libre arbitre?
Indice ouvrant à l'infini.
En vrac, à ce niveau, la liberté me reviendrait à une plénitude par le vide.
La métaphysique désigne la liberté comme étant le pouvoir absolu de la volonté d’être la cause première d’un acte, expérience constitutive de ce pouvoir en tant que sujet.
C’est aussi une opposition à la contrainte. Volonté de pouvoir et capacité de commencement absolu.
La liberté qui peut toujours vouloir le non-être ou l’être.
Voltaire pensait que la liberté se trouvait dans le fait de suivre les lois.
Ton indice reviendrait à une détermination de l’être, issu du Néant, enfin je le ressens ainsi.
Pour Pascal vide et néant ne doivent pas se confondre.
Le vide est un système dynamique complexe.
Depuis l’Antiquité on s’interroge sur ce vide.
Aristote le réfute, alors que plus tard les atomistes en réclament la nécessité.
Dans cet indice, sans aller trop loin, on pourrait y lire aussi notre libre arbitre face à la toute-puissance et la perfection divine.
Poser un état de conscience et de liberté dans notre Etre surgit au monde, cela m’intéresse bien plus que le pourquoi et comment de mon Etre antérieur et postérieur tout comme poser ma destinée oncologique au travers des choses contingentes et de ma détermination à Etre et à Etre ensemble (limite de ma liberté).
Un ici et maintenant.
Ceci dit,merci d’ouvrir ce dialogue et bonne journée.
Nicole
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 21 juin 2005 - 16h36:   

A la fois complexe et simple. Simple à expérimenter. Apparemment complexe, parce que très difficile à formuler avec la clarté qu’il faudrait – pour moi en tout cas.
-Avoir qchose en partage : avoir ce qchose pour lot. Notre lot n’était-il pas la Vie inaltérable ? le jardin d’Eden ? Mythe ! Fariboles ! N’y a-t-il pas, sous tel ou tel récit mythique, TOUJOURS quelque vérité qui se cache? Ce n’est pas parce que nous démythifions à tour de bras que nous sommes plus subtils ou plus sages que ceux qui mythifiaient. Les vérités qu’ils sous-entendaient ne nous sont peut-être plus accessibles. Depuis pas mal de temps, l’homme dit moderne ne prend en compte que les explications dites "scientifiques" et se ferme ainsi de nombreuses fenêtres ; ses vues sur l’univers et sur lui-même se restreignent ; l’univers est bien plus que des formules mathématiques, la vie est bien plus que formules bio-chimiques, seraient-elles des plus fines, des plus "avancées". Or les mythes parlent indiscutablement de la vie humaine, de sa richesse, de sa diversité, de sa misère aussi…
-L’état du (ou de) non-vouloir : état de non-désir (il y a dans tout désir la volonté de réaliser ce qui est désiré) ; sorte de détachement par lequel on n’est ni au-dessus ni au-dessous des autres, par lequel on est tel qu’en soi-même et rien d’autre ; si j’atteignais cet état, je le ressentirais comme un état de liberté suprême.
-Tout ça n'a probablement rien à voir avec "Naissance déconcertante" - ou si peu.
-Remarque : destinée onTologique. (Attention au cancer !)
Bien à toi.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 21 juin 2005 - 17h24:   

Me permettra-t-on d'y aller de mon grain de sel?
Les âmes amères ne seraient peut-être pas déçues de l'intervention d'un oncologue-ontologue pour les guérir de ce qui les ronge!
J'accepte pour ma part qu'on aborde l'univers et la vie par les points de vue respectifs des astrophysiciens et des biologistes, attendu que la connaissance scientifique me semble être la moins aléatoire en ce qui concerne la réalité objective. Mais on ne peut assujettir la philosophie à ce petit bout de lorgnette. L'Etre, notre rapport à la vie, à l'univers, ce n'est pas la science qui nous en donnera une idée satisfaisante.
Il me semble d'ailleurs que l'on revient de plus en plus -en France du moins- aux Grecs, tant est qu'ils avaient presque tout envisagé sur toutes les questions, à l'état embryonnaire en tous les cas.
Admirable peuple!
Les mythes sont une mine d'or quant à la connaissance de l'humain. Mais il faut la lire à plusieurs niveaux. Le Gaulois moyen, par exemple, croyait aux superstitions, lointain et vivace atavisme d'un animisme millénaire. A côté de cela, des druides parmi les plus fins en étaient à concevoir une divinité suprême qu'ils appelaient l'Incréé. C'est cet amalgame que l'on retrouve dans le boudhisme tibétain: chamanisme dont s'accommode le Dalaï-Lama, lui qui sait pourtant combien la philosophie du Parfait vole plus haut!

Bien à vous.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 22 juin 2005 - 11h44:   

Il serait sot de contester la validité des sciences, quand elles restent dans leurs différents domaines, bien sûr Tm. Mais ce qui est pour le moins contestable, c’est la prétention de certains de leurs représentants à pouvoir expliquer tout le réel. Ces gens-là – et ils sont les plus nombreux – rejettent comme inacceptables, illusoires, les recherches qui se font par d’autres méthodes que les leurs et comme frivole tout ce qui se dit en un autre langage que le leur. Or le réel des scientifiques, depuis Galilée, a beaucoup changé et changera encore. Un réel qui change est-il réel ?
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 22 juin 2005 - 13h30:   

Marcel Conche dans "L'Aléatoire", dit que la science établit des relations de cause à effet mais n'EXPLIQUE rien. Elle ne pose que des hypothèses, ce qui en frustre plus d'un. Pénétrer le monde à travers le déterminisme n'est pas lui donner du sens.
Les mythes donnent un sens au monde.Ils ne sont pas les seuls: religion, psychanalyse et autres herméneutismes aventuriers tentent la même chose. Chacun ne peut-il trouver le sens qui lui convient?
Mais ne pouvant donner UN sens au monde, à la vie, à l'être, la sagesse n'est-elle pas d'accepter que le monde soit fondamentalement absurde?
Je n'ai pas de réponse toute faite. Enfant du siècle existentialiste, dont Sartre fut en France le phare (obscur, peut-on ironiser!), j'ai tendance à préférer le scepticisme. Néanmoins, qu'un être cher vienne à disparaître, et l'absence de sens vous ronge l'âme comme un venin.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 23 juin 2005 - 11h07:   

Parfaitement en accord avec M. Conche.

P.S. Je dois vous quitter pour quelques temps. A bientôt.
ac
batman (Baptiste)
Identificateur : Baptiste

Inscrit: 1-2005
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 15h57:   

"Je suis le Chemin,la Vérité, la Vie"

Nouveau testament

Il y a en sens, nous ne sommes pas là par hasard.
La Vérité se trouve avant tout par le coeur, c'est ce qui manque à tous ces courants philosophiques, tellement pauvres dans l'amour humain.
l'Amour est une chose bouleversante,que ce coit celui de l'Homme ou de Dieu.
C'est ici qu 'est la clef.
Ne nous laissons pas gagner par le speticisme.

"L' Amour est à réinventer."
Rimbaud
"N'ayez pas peur"
Jean-Paul 2
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé lundi 04 juillet 2005 - 17h12:   

Content de retrouver, Batman. Tu as la foi -au sens le plus simple du terme. J'en suis heureux pour toi.
Mais le scepticisme n'implique pas de croire en rien, rassure-toi. Il s'agit seulement d'un réflexe salutaire contre la déception à laquelle bien des crédules se heurtent...
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 06 juillet 2005 - 12h08:   

Les doctrines sont nombreuses… Ainsi, par exemple, l’une d’entre elles dit (si j’ai gardé un souvenir exact de ce qu’on m’a enseigné jadis - ce qui n’est pas sûr) que c’est le corps qui a été obtenu de par l’activité de l’âme, et non pas l’âme obtenue par le corps qui, en soi, est totalement inerte (= le cadavre). Et l’obtention du corps n’est pas le "moment" au franchissement duquel commence la chute de l’âme, mais cette obtention, au contraire, est une conquête, indique un aboutissement. L’âme "habita" les régions les plus opaques d’où, peu à peu, elle s’éloigna, puis, ayant traversé différentes sphères (analogues aux mondes minéral, végétal, animal), elle parvint jusqu’à ce "moment" où elle put prendre forme humaine - qui est la meilleure des formes terrestres…
Les doctrines sont nombreuses. "Il y a un sens, nous ne sommes pas là par hasard", comme dit Batman. C’est ce que chacune de ces doctrines (ou religions) essaie d’établir… Et toutes disent, chacune à sa façon, à peu près la même chose, si on examine bien ce qui vibre sous les diverses apparences (théologies, dogmes, rites, liturgies, prières, etc.)
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 07 juillet 2005 - 12h08:   

On m'a donné un corps - pour quelles fins
Ce corps qui est un seul, ce corps tellement mien ?

Pour la joie tranquille de vivre et respirer,
Qui, dites-mol, dois-je remercier ?

Je suis le jardinier, la fleur aussi,
Dans le cachot du monde je ne suis pas seul.

Déjà la vitre de l'éternité
De mon souffle, de ma chaleur s'est embuée.

Méconnaissable depuis peu la silhouette
En filigrane sur le verre se projette.

Que la buée de l'instant disparaisse,
La chère image ne peut s'effacer.

Ossip Mandelstam (1891-1938)

P.S.
C’est aussi un point de vue.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 27 juillet 2005 - 12h01:   

Terminons par les préliminaires :

Dans la cuve sous l'arbre,
où ils tinrent long conciliabule préparatoire,
bain et noces du mâle et de sa blanche femelle.
Le serpent ami, tout en veillant sur la caverne aux trésors,
est venu assister à leur fusion,
et les enveloppe d’un seul repli de son corps gigantesque.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 23 août 2005 - 11h52:   

Je suis perplexe quant à la "cuve" et gêné par le possessif un tantinet machiste: "sa (femelle)". Sans quoi, cette revisitation du bonheur originel où le serpent est "ami" m'enchante!
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 23 août 2005 - 17h18:   

Maciste. Je mentirais, si j’approuvais ton jugement.
Pour être bref : la cuve est notre corps ; l’arbre (sa verticalité et sa frondaison) voudrait signifier les différents états que peut prendre la vie ; le mâle représente le principe actif en nous (l’esprit ?) et la femelle SON correspondant réceptif (l’âme ?); le serpent, comme dans pas mal de mythes, est une figure de l’archétype de la vie.
Avec le recul : qu’il est prétentieux, cet apologue !

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