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Abîmes poétiques : le forum » Vos textes (publication libre) » Archives : octobre 2004 - mars 2005 » Passe. « précédent Suivant »

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Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 16 mars 2005 - 14h55:   

Au quai d'adolescence
ombr'âge
le grand vaisseau de pierre
dans la lumière
chargé de sueur et d'âmes
ne décollait pas la tête seule
coeur fusée
fleur de chair

coeur noyé dans les heures de chaire
tête en l'air
chair rêvée

ainsi la rame à la main
passe le plus beau des temps
le paquebot Temps
et sa voile de papier

de l'aube épine
et du soir en sang
j'ai gardé le goût lancinant
comme d'un port lointainement désiré.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 16 mars 2005 - 16h22:   

Beau poème ! Avec ce désir toujours, désir désiré. Et plein d’inventions : ombr'âge / …heures de chaire… chair rêvée / le paquebot Temps et sa voile de papier / de l'aube épine.

J’aime beaucoup.
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mercredi 16 mars 2005 - 20h20:   

Moi, c'est ce passage que je préfère :
"le grand vaisseau de pierre
dans la lumière
chargé de sueur et d'âmes"

L'image du vaisseau de pierre n'en finit pas de m'éblouir, comme une contradiction lumineuse, qlq chose qui flotte en coulant. C'est bien l'idée que je me fais de l'adolescence, à la fois légère et sinistre.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 9h11:   

Je suis ravi que ce poème ait exercé sur vous quelque charme.
L'adolescence a été pour moi (comme pour beaucoup d'entre nous, positivement et/ou négativement) un temps fort.
Le vaisseau de pierre est un clin d'oeil à un auteur qui m'est fort antipathique mais qui a écrit des choses très belles et pertinentes sur l'adolescence des garçons (il était misogyne, je le crains, et ce n'est pas là le moindre de ses défauts): Montherlant. Dans "La Relève du matin", il célèbre l'extase lycéenne des 13/15 ans. Mais en attribue les mérites -à tort, quoique ses arguments ne soient pas sots- aux lycées d'enseignement catholique.
Qu'importe! Je crois qu'il avait touché du doigt une vérité: au faîte de sa sensibilité, plus diponible que jamais, l'adolescent investit une charge affective et intellectuelle dans l'étude qui confine à l'extase mystique... Chair, âme, coeur, tout ne se mêle-t-il pas, à cet âge ombrageux, en un beau charivari extatique?
Mais sans doute ai-je tort de généraliser...
La très belle métaphore du Lycée-vaisseau est de lui. Mais nul n'est tenu de la réduire à cela. Comme Marie-Christine* semble-t-il, j'y vois le symbole de l'adolescence même, rongée du désir de départ...

*Heureux de te retrouver!
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 9h12:   

Correction: l'adolescent(e)!
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 20h33:   

ah oui ? De Montherlant ? Cela dit, si ça désigne chez lui le Lycée (bâtiment de pierre), l'image redevient anodine.
Ce qu'il y a de bien dans le contexte de ton poème, c'est qu'on croit que ça métaphorise une époque de la vie et là, ça devient génial.
Il y a l'idée de départ bien sûr et de la liberté de la navigation, une liberté ample comme un vaisseau (tu parles plus loin de paquebot, on l'imagine massive). Et vaisseau de pierre qui plus est. Comment peut-on naviguer sur une embarcation de pierre (on sent déjà les affres du fond marin)? Il y a en plus dans les 2 vers qui suivent l'apparition comme en surimpression de l'arche de Noé, la foule indistincte des animaux. Toute une image donc de bateau qui emmène aux abymes, qui personnellement me touche.
Peut-être n'avais-tu pas l'intention de donner une coloration aussi dramatique au texte, c'est pourtant ce que je lis dans ton poème.

Je trouve Montherlant assez antipathique moi-même. Mais j'aime bien son théâtre, en particulier la Reine Morte et Port-Royal. En plus, j'habite à 2 pas de l'hôpital Cochin où se trouvent les vestiges du monastère et j'apprécie énormément la Grammaire générale et raisonnée de Port-Royal d'Arnauld et la Logique de Nicole.
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé jeudi 17 mars 2005 - 20h37:   

au fait, j'attribuais les "sueurs" à d'autres fins que l'étude. Mais bon, ça marche aussi, non ? Je donne aussi à présent une autre interprétation aux "heures de chaire"
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 14h55:   

A commenter son propre poème, on risque de décevoir son lecteur! J'espère que ce n'est pas le cas? Ce ne devrait pas l'être, puisque tout un chacun est en droit de se l'approprier une fois qu'il est "publié".
L'adolescence est de toutes les sueurs: celle de l'esprit, qui prend son envol; celle du coeur, tendu à se rompre, et celle de cette chair qui fleurit et attend -trop tôt?- d'être cueillie.
Douloureuse -mais enfiévrante- expérience de l'existence, à cet âge où la lumière fait peur: la liberté qui appelle est un désir inassouvi (il faut préparer l'avenir, alors qu'on brûle de tous les possibles) et chaque jour -il m'en souvient encore- est un acte de courage. Apprentissage du choix, donc du renoncement.
Oui, je pensais spontanément à mon Lycée de briques bordé de haies de lauriers (et d'aubépine par substitution): le Lycée Arago de Perpignan est ma foi une assez belle réussite architecturale (elles sont rares) des années 30/50. Ce fut pour moi un lieu de synthèse pour l'esprit, le coeur et -quoique en attente- la chair. Une circulation intense s'est développée alors entre ces trois pseudo-palliers. Est-ce cela que Freud appelait sublimation? Conatus ou libido à tous les étages...
Mais cette image (pas si anodine, car le lycée est souvent -entre autres- lieu de synthèse de soi, loin de se limiter pour l'adolescent au seul envol de l'esprit) m'est devenue symbole de départ, au-delà du l'établissement (qu'il faut bien quitter après son... Bac!). En ce sens, le temps n'est-il pas toujours ce vaisseau de pierre, chaque jour nécessité aurorale de départ et menace vespérale de naufrage?
L'Arche de Noé ne m'avait pas traversé l'esprit, mais l'idée me plaît.
Cela dit, il n'est même pas nécessaire de songer au lycée! Chacun investit sa propre expérience, son propre souvenir, sa propre idée de l'adolescence...
Du coup, j'aime un peu plus ce texte, car vous l'avez enrichi à mes yeux de vos propres commentaires. C'est un peu comme si, ayant circulé de main en main, il sortait nettoyé de la charge affective trop nombriliste que je lui accordais pour briller d'autres feux.
NB. Sans en surestimer la valeur, 'va d'soi!
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé vendredi 18 mars 2005 - 15h34:   

Il m’arrive de lire des poèmes dans des revues. Le tien, je l’estime et non le surestime, ferait partie des meilleurs.

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