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Abîmes poétiques : le forum » Vos textes (publication libre) » Archives : octobre 2004 - mars 2005 » Coup de ciel « précédent Suivant »

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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé lundi 28 février 2005 - 16h58:   

COUP DE CIEL

Les rochers sont gardiens de la mémoire du temps.
Et les rochers parlent.
Montes sur le plateau du Causse Méjean, par une nuit froide, quand le vent glacé souffle dans ton dos, montes y seul de préférence, évite la compagnie pour ce rendez-vous, surtout la compagnie des bavards, les rochers n’aiment pas du tout, ils ne savent que trop, eux qui savent tout, que les mots sont creux et que ceux qui parlent n’ont rien à dire en général. Surtout les intellectuels et les citadins.
Une fois j’y suis allé avec un de ces bavards insupportables, alors les rochers, ils m’ont fait la gueule, et, pour me punir, pendant quarante jours, ils ne m’ont plus parlé.
Quand les rochers parlent, on les comprend mais on ne les entend pas, car la texture de leur parole n’est pas le son, bien au contraire elle puise dans le silence, un peu à la manière des étoiles, dont la lumière est puisée de la nuit.
Voilà, si tu te sens des dispositions pour aller à leur l’écoute , alors monte la haut. Comme moi tu comprendras cette histoire….cette vielle histoire, il y a deux mille ans de cela.



Ces deux là, on les aimait bien, ils nous respectaient, ils étaient sensibles à la majesté du lieu. Ils venaient régulièrement, cela avait quelque chose de rituel, cela confinait au sacré, c’était leur messe à eux et ce plateau c’était leur cathédrale. Mais elle, elle n’appelait pas ça une messe, elle appelait ça un ‘coup de ciel.’
Promenades, rires, ils étaient sages, jeux avec le chien, oui il y avait un chien, ils étaient trois et le chien aussi on l’aimait bien.
Le type, lui, il avait l’air drôlement amoureux, bien qu’il essayait de ne pas le montrer, mais on ne la fait pas à un vieux rocher. Et à chaque nouveau coup de ciel son état s’aggravait. Il faut dire que je le comprenais, la fille était vraiment belle, nous les rochers, nous sommes très sensibles à la beauté.
‘’O oui elle était canon la meuf !’’ commenta un jeune rocher, ce qui lui valut une gifle de la part de son grand père qui avait des principes et ne tolérait pas qu’un jeune d’à peine deux millions d’années lui coupe la parole.



Puis on ne les vit plus sur le Causse Méjean, on ne les vit plus nulle part d’ailleurs, du moins on ne les vit plus ensemble.
Alors commença, pour l’amoureux incompris, une période douloureuse, tant et si bien qu’il éprouva le besoin de chercher réconfort dans la prière, et de confier sa détresse à la Vierge Marie. La Vierge, émue, en parla à son fils Jésus qui envoya sur le champ un mail à son Père.
Et chose impensable, Dieu le Père lui même, pourtant peu suspect de sensiblerie, fut ému lui aussi et ne put supporter la souffrance.
Alors Dieu le Père versa une larme.
Cette Larme Divine tomba dans l’Océan Indien.
Océan indien ou, à la même époque se produisit un séisme sous marin d’une violence inouïe. Plus de cent cinquante mille âmes périrent et l’axe de rotation de la terre fut modifié. C’était il y a longtemps, c’était en 2004, quelques jours après le solstice d’hiver.
Paradoxalement ce drame suscita quelques espoirs, un élan de solidarité traversa les consciences et l’on se prit à rêver d’une planète ou l’homme ne serait plus en guerre avec la terre nourricière, ou il réaliserait qu’il faisait partie de cette nature qu’il ne respectait plus et qu’il maltraitait. Beaucoup prirent conscience qu’en ne respectant pas la terre, la vie, on ne méritait plus de s’appeler Homme.
Et Dieu se mit à penser que l’homme n’était pas si mauvais, qu’il allait lui donner une autre chance.
Il faut croire que Dieu lui même peut se tromper, car, dix années plus tard vint le déluge final.
Sans Arche, sans Noé, sans colombe ni rameau d’olivier, et aucun arc en ciel annonciateur d’une nouvelle Alliance.
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé lundi 28 février 2005 - 19h12:   

Il est vrai que les rochers parlent “en puisant dans le silence” et que certains lieux sont de véritables sanctuaires. Quelqu’un, il y a 30 ou 40 ans, a écrit des choses passionnantes sur la “géographie sacrée”. J’ai beau me creuser la tête, je ne sais plus qui est ce monsieur.

Le début de ton texte ne manque pas d’intérêt ; le reste m’agace un peu.
Christiane (Christiane)
Identificateur : Christiane

Inscrit: 12-2004
Envoyé mardi 01 mars 2005 - 10h42:   

idem, j'aime beaucoup le début... un peu pessimiste, la fin tout de même, il faut garder l'espoir.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé lundi 07 mars 2005 - 13h21:   

J'aime bien le tout, à part le langage vulgaire du petit rocher et la personnification trop candide à travers la gifle du grand-père.
Sinon, hélas, je partage ton pessimisme.
J'aime bien cette récupération merveilleuse du Tsunami pour en faire un apologue tout à fait d'actualité.

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