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Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 13h28: | |
D'après "Terre et mer 24" (toile de T.Le Bail n°60). On hisse la voile aux plus beaux bijoux la nacre et l'opale sont riantes lagunes telle ornée d'atours la frontière des dunes que s'en rit la lumière au jour qui se joue toile de mystère dentelle du rêve âme peut-être cette grève où la terre se mêle aux vagues qui submergent l'esprit le plus fou le ciel est glycine et l'éternité trop brève assigne -énigme- l'heure des origines la comète d'écume dessine ses plans flous le monde est là stellé de poussière dimanche dont l'écran s'emperle explosion de l'être qui cherche à se figer au tissu surlunaire de profonde harmonie point d'orgue enfin ou déjà d'agonie est-ce la perfection qu'en transe la mer chante ô conscience éblouie? Mais sous la peau de couleurs les courants roulent d'étranges houles et derrière le velours qui se ride crissent des rêts jaloux près de lancer la cadence d'impérieuses orgies surgies d'arcanes telluriques tectonique abyssale du plaisir et je rouvre les yeux sur la servile mélopée des atomes où se profile alors la gueule d'un dieu. |
Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 13h32: | |
vive la poésie libre... |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 13h38: | |
Bonjour, Nao! En ce moment, en effet, je "géométrise" le moins possible. |
Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 13h56: | |
Bonjour, TM en tout cas ce poème me plait beaucoup je préfere de loin ce style au forme très classique, de plus l'utilisation de quelques mots techniques, passe là admirablement bien, il est vrai que parfois j'ai un peu de mal avec les termes rares et compliqués que tu utilise.(c'est un point de vue tout à fait personnel qui j'espere ne te froissera pas...) |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 14h32: | |
Non, sois tranquille. Tes critiques sont toujours respectueuses et elles m'intéressent. Tu sais, ces mots qui paraissent précieux me séduisent souvent plus pour leur son que pour leur sens. C'est un peu ma pente naturelle de les utiliser, de même que je reviens régulièrement au sonnet: c'est plus fort que moi! Mais c'est amusant. Du moment qu'on n'interprète pas ça comme du pédantisme... |
Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 16h07: | |
Non moi je ne l'interprète pas du tout mal je trouve que c'est plutôt instructif, ça me pousse à ouvrir le dico pour certain mots et ça c'est plutôt une bonne chose. Et puis la langue française est si riche tu as bien raison de lui faire un peu sortir ses mots du porte monnaies... |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé vendredi 28 janvier 2005 - 16h18: | |
Magnifique début (les deux 1ers vers). Je me perds un peu, après. Et reprends le fil à partir de «Mais sous la peau… » Mais bien sûr, Nao. Les mots sont nés pour ça. L'image du porte-monnaie est très juste. |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé samedi 29 janvier 2005 - 9h17: | |
"Et puis la langue française est si riche tu as bien raison de lui faire un peu sortir ses mots du porte monnaies", j'adore. Nao, tu as le sens de la formule et je suis complètement d'accord avec l'idée. Très beau texte, TM. Il utilise ingénieusement la rime désinvolte de sorte qu'il paraît sans contrainte, très spontané, mais en même temps on ressent inconsciemment l'harmonie des combinaisons. De très belles images aussi qui mêlent les éléments naturels et le champ sémantique de l'apparât (les bijoux, les atours...) J'adore toute la première partie du poème. J'en suis éblouie comme la conscience à qui s'adresse le poème. A partir de "près de lancer la cadence", dans l'antre de la mer, j'adhère un peu moins. Je sens moins l'osmose entre mer et orgies/tellurique (peut-être aussi parce qu'on s'attendrait à des vers plus amples pour dire ces grands mouvements ?) Cela dit, je vois très bien l'opposition que tu veux faire dans ces 2 parties (j'ai moi aussi écrit un poème là-dessus), entre la vision éblouie de la surface et le monde obscur du dedans. D'ailleurs le dernier passage est beau également. (pourquoi "servile", la mélopée des atomes ? Le mot sonne curieusement ici) |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 9h16: | |
L'adjectif en fait s'applique aux atomes, éléments d'un jeu déterminé par les lois de la physique, donc serviles. J'ai joué à faire un ... comment dit-on encore? un hypallage. (Pardon pour ce mot immodeste.) |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 9h22: | |
Du porte-monnaie de la langue française, il y a une partie "stylistique" qu'il est amusant de débourser aussi. Moi aussi, je goûte la jolie formule de Nao, qui d'ailleurs, s'y connaît en figures de style. Cela dit, pour être franc, sur le moment, la plume à la main, je n'avais que très intuitivement conscience (ou subconcience, ce serait le mot) de faire un ... comment, déjà? un hypallage. |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 9h49: | |
Pour "servile", ce n'est pas l'hypallage que je trouve curieux mais le jugement moral attaché au sens de ce mot. sens 2, figuré : "Qui s'abaisse de façon dégradante devant ceux dont il dépend". Le déterminisme est une autre affaire |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 10h11: | |
Je ne te suis pas très bien... Servile, à mon sens, est la ronde des atomes, car ils sont voués à tourner en rond selon les lois que les sciences physiques nous décrivent. Après une envolée dans l'animé où l'être s'affranchit, je me suis réveillé dans un univers matérialiste, où tout est déterminé.Bien pitoyable monde où la liberté semble absente, qu'on lui suppose un dieu créateur ou pas. Alors, oui, le monde des atomes est dégradant, par rapport au libre arbitre dont semble jouir l'être sophistiqué qu'est la personne... Extravagué-je? |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 13h53: | |
"Extravagué-je?" Bah, je ne sais pas. Moi, je te parlais du sens du mot et de ses connotations dans les dictionnaires. Tu me réponds que "le monde des atomes est dégradant". Oui ? Bof ! Pourquoi pas ! Bref, je ne vois pas le rapport. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 16h40: | |
Désabusée - ou lasse, MC. Non ? |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé lundi 31 janvier 2005 - 18h17: | |
Désabusée ? non, pas du tout. Fatiguée, c'est certain, depuis quelques jours. Mais rien à avoir avec TM. Là, je voulais simplement dire que les lois de la physique n'ont aucun rapport avec les jugements moraux des hommes. Vraisemblablement la terre tournera bien après la mort du dernier homme. Je ne vois pas ce qu'il y a de dégradant là-dedans. A mon sens, la conscience de cela devrait porter l'Homme a plus d'humilité au contraire. Ne sommes-nous pas des épiphénomènes dans l'infiniment grand ? |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 03 février 2005 - 10h59: | |
J'en suis d'accord. Simplement, quelle déchéance pour l'esprit de savoir qu'il abdiquera son peu de libre-arbitre pour laisser la place à la ronde aveugle des atomes. C'est un jugement tout relatif, donc. Il est dû à la pérennité de notre vieille croyance en la primauté de l'"âme". Mais la morale n'existe pas dans la nature et les atomes ignorent toute idée de culpabilité. D'ailleurs, je n'ai rien contre les atomes, sans lesquels je ne serais pas ce que je suis, l'"esprit" compris. Mais ah! que c'est dur de se dire qu'il ne restera de nous que ces atomes, convoqués à d'autres danses... |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé vendredi 04 février 2005 - 13h27: | |
je vois bien ce que tu veux dire. Ma remarque au départ voulait pointer sur le fait que ce ne sont pas les atomes qui "s'abaissent de façon dégradante" - donc serviles, comme dit le texte - mais l'homme lui-même qui se sent dégradé par leur ronde inéluctable. |