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M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 10h29: | |
Genèse d'après BII 8 de Thierry Le Baill (n° 31) Tout commence par les eaux ancestrales Les courants glacés du sommeil Tout commence dans les remous du soir Si lourd lourd poids de mercure la densité des effrois orphelins quand des besoins aveugles vont louvoyant derrière l’effluve et que les mâchoires crissent dans le noir Absent comme un regard hagard effiloché dans l'eau sans nulle prise sans autre lot que se faire proie par abandon Une vitre a été rabattue sur la fosse pour que rien ne s’échappe des peurs somnambuliques que tout reste tapi aux hauts fonds du non-dit Cloche fêlée où les fièvres nocturnes reviennent se cogner Pourtant déjà s'inscrit la parabole de l’éveil et c’est une île fauve qui se déploie soudain au soleil renaissant gorgée de gratitude et dans sa pâte ardente ouvre la valse MC.E http://www.lebaill.com/essaiframe.html |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 12h28: | |
Il me semble que je commence à comprendre – un peu. Ne cherches-tu pas, systématiquement et en prenant un tableau de Le Baill pour gares de départ et d’arrivée, ne cherches-tu pas à voyager dans ce que Jung appelle « l’inconscient collectif » ? |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 12h44: | |
oui c'est complètement ça. C'est en tout cas ce que je cherche à atteindre |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 15h43: | |
J'aime ce poème hypnotique. Mais je dois le relire pour y pénétrer... Bien des passages me semblent hermétiques (mais pas rebutants pour autant). Qu'est-ce qui (ou qui) est "Absent" (la majuscule m'intrigue plus que la difficulté grammaticale à justifier syntaxiquement la présence du mot)? Je trouve que ton poème rend bien compte du mystère qu'est le rêve. Pourtant, si je devine bien que s'exprime là l'inconscient (ou plutôt que tu l'exprimes), je ne vois pas en quoi il est "collectif", c'est-à-dire en quoi il est plus jungien que freudien (sauf à ne pas retrouver dans ton texte les poncifs du docteur viennois)... Par contre, il "colle" bien, à mon sens, au tableau de Thierry L.B., plus abstrait que bien d'autres. |
Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 16h05: | |
j'aime beaucoup le surréalisme M-C, ton poème est chargé d'image qui me parle : "Une vitre a été rabattue sur la fosse pour que rien ne s’échappe des peurs somnambuliques que tout reste tapi aux hauts fonds du non-dit Cloche fêlée où les fièvres nocturnes reviennent se cogner " ton texte est un petit chemin qui passe par la toile de T. LE BAIL pour aller interpeller nos falaises à propos des eaux aux teintes de sombre et de lumière qu'elles surplombent |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 17h46: | |
"Qu'est-ce qui (ou qui) est "Absent" ?" Je ne sais pas moi-même, "ça" je suppose. Comme ce qui est "si lourd lourd". Un état indéfinissable, une sensation. Pour l'inconscient, oui c'est plutôt la version jungienne que freudienne que je cherche à exprimer. Il n'y a rien dans ce texte de mes traumatismes personnels, liés à mon histoire. J'essaie d'exprimer symboliquement des sensations, des peurs, des répulsions ou des attirances archétypales, comme tout le monde en connaît quelle que soit son histoire. Ce qui ne veut pas dire que j'y arrive bien sûr ni que ce soit parlant pour tous. Mais c'est mon but. Nao, tu as raison de faire la connexion avec le surréalisme car Breton était lui-même fasciné par la notion d'archétype chez Jung. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 20h03: | |
Je ne sais pas qui a raison. On est chez toi, Marie-Christine, plus dans un « climat » de rêve ou de rêverie ( sans connotation péjorative) que dans un climat de songe. Ce qui est normal : le tableau contemplé nous cache - nous interdit quasiment - l’accès à des zones plus profondes. Non ? Le rêve, la rêverie, - je l’ai lu quelque part, jadis – nous renseigne sur notre propre monde plus ou moins enfoui. Le songe, par l’intermédiaire d’un individu, avertit toute une communauté, ou pressent et dessine plus ou moins clairement le destin d’un personnage qui sera responsable de celui de son clan, ethnie ou peuple. (Les songes de Joseph, de Nabuchodonosor, etc. dans la Bible, par ex.) Enfin, quelque chose comme ça. Je baragouine. Je ne suis pas du tout à l’aise dans ces régions-là. Elles m’effrayent chaque fois que j’y vais. |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé vendredi 14 janvier 2005 - 17h34: | |
Oui sans aucun doute, je ne cherche pas dans ce projet à exprimer le destin d'un clan, d'une communauté. Quand je disais que je cherchais à exprimer des archétypes, je voulais parler de la représentation symbolique, fantasmatique des instincts. La peur du noir par exemple, ou la répulsion pour "l'informe", l'insaisissable... Ces représentations-là, bien que très variables d'une ethnie à l'autre, voire d'un individu à l'autre, sont toujours présentes, quelque soit l'ethnie et l'individu. Tu dis André : "le tableau contemplé nous cache - nous interdit quasiment - l’accès à des zones plus profondes". Pour moi, non. Quand je lis vos poèmes (André, TM, Nao...), j'oublie complètement le tableau, je ne cherche aucun rapport avec la toile dont il est issu. Je me laisse totalement aller au poème. Mais bien sûr, ce n'est pas du tout la même chose quand j'écris. Je crois qu'il est important de s'imprégner de la peinture pour écrire (sinon le projet n'a plus de sens). Mais ce n'est pas du tout nécessaire à la lecture. Le poème, une fois écrit, est un objet artistique totalement autonome. Et à mon sens, c'est toute la beauté du projet : voir comment à partir d'une source d'inspiration unique tant d'objets artistiques divers ont pu être créés. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 8h39: | |
Je ne suis pas en désaccord avec ce que tu dis, Marie-Christine, mais si le lien avec le tableau apparaît à la lecture, il me semble que c'est encore mieux... |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé lundi 17 janvier 2005 - 9h54: | |
Oui bien sûr, parfois le lien s'impose de lui-même quand du poème se dégage la même ambiance que celle du tableau. C'est le cas par exemple quand je lis ton poème "Lustrale" (cf Retour au rouge). Maintenant, est-ce que c'est un mieux ? Pour moi, c'est un fait, ni mieux ni pire. Ce serait mieux à tout coup si les poèmes servaient "d'illustration" aux toiles. Mais ce n'est pas l'objectif dans mon esprit. De plus, la perception d'ambiance à partir d'une peinture abstraite est très subjective. Ce que je trouve coller avec un tableau sera peut-être (voire probablement) très différent de ce que perçoit un autre. C'est pourquoi d'ailleurs nous écrivons des poèmes si différents les uns des autres alors que chacun croit être au plus près de la substantifique moelle du tableau. Regarde, par exemple, quand j'ai lu ton poème Plénitude, j'ai cru qu'il partait de "Deuxième Thalle" (je n'avais pas fait attention au sous-titre) et je le trouvais parfaitement en accord. En fait, je me suis trompée, c'était issu de "Terre et Mer blanche". Et pour moi, cette toile a une ambiance beaucoup plus dépouillée, moins riche que le poème. Tout ça est donc très subjectif. Mais ça n'enlève strictement rien à ton poème. (au fait, je n'ai pas répondu à ta question sur la majuscule de "Absent". J'ai voulu noter une articulation, un glissement dans l'image qui organise le paragraphe. D'abord centrée sur l'appréhension dans l'obscurité, puis à partir d'Absent, sur l'angoisse face à l'Informe et le besoin d'être attrapé, pour en finir) |
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