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Tm (Tm)
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| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 15h21: | |
(D'après "Un horizon" de T. Le Bail -n°22.) A l'orée des enfers est une brune falaise Où s'ébauche à l'ultime instant de notre vie Le rideau sans étoile de l'immense nuit; Nul fanal n'y signale l'extinction des braises! L'or en cascade vaine rejoint la passe noire Dans la gorge d'ébène coule un obscur Rhin Sans Lorelei, lac d'obsidienne ou sang éteint Comme une bouche d'ombre où périt tout espoir. Sur cet écrin de peine glisse un diamant noir Aux plumes de charbon, triste seigneur du soir Gracieux gardien -ô cygne à l'oeil furibond Thésaurisant le signe au fond d'abscons secrets Qu'un Lemminkainen indigne et indiscret Arrache au néant -ô sombre Rubicon! |
Tm (Tm)
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| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 15h29: | |
2e version. Mythe. Il pleut l'or fané des gloires fauves à l'heure où le géant tourmaline sent son coeur fendre de toutes parts et se creuser en lui le gouffre à fiel par où s'écroulent terre et ciel et la mer est d'encre et l'océan se perd à l'angle nocturne des angoisses puis rassemble ses forces dans une aura fulgurante et ressuscite électrique les monts aurifères. |
Tm (Tm)
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| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 15h34: | |
3e version. Rade d'or. L'orage pulvérise l'ambre des vieux âges De la nuit absolue sourd cette pluie étrange Par laquelle transmute, indécryptable Gange En aurifère aurore, apaisé de ses rages Le fleuve ténébreux de la mélancolie. Où va-t-il? Vers la mer infinie reculée Au-delà du flot d'encre -jet d'une trouée Où se fond au jusant, infernale, la lie Débordante, et s'enfuit. Derrière, ciel de miel S'esquisse, salvateur, lavé de tout son fiel Le passage oblatif d'un généreux soleil Où réancrer sa nef au hâvre neuf des astres. Nulle larme n'obombre ce songe vermeil. Voici la fin des soifs -aboli le désastre! |
André Carruzzo (Dreas)
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| Envoyé mercredi 12 janvier 2005 - 20h26: | |
Question : Tuonela, c’est bien la réplique finlandaise du Styx, le fleuve des Enfers ? J’ai un vague souvenir… - poème symphonique de Sibélius, je crois. Si je suis tout faux, informe-moi ! Il flotte comme un petit air mallarméen dans ce poème. - Havre n’a pas d’accent circonflexe -v. 4 : à quoi se rattache le participe « apaisé » ? -v. 11 : très beau vers. Je remplacerais « d’un » par « du » : Le passage oblatif du généreux soleil. J'ai une petite préférence pour la 1ère version |
Tm (Tm)
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| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 9h22: | |
Tout juste: Tuonela est la frontière que la mythologie finnoise imagine entre les morts et les vivants, un lac où nage le fameux cygne dont Sibelius a éternisé la grâce étrange et divinement belle. (J'adore ce poème symphonique.) Havre sans accent circonflexe: pardon, tu as raison; mais quel dommage! "Apaisé" se rattache au "fleuve tébébreux" qui suit dans le v.5. v.11: j'aime à imaginer que le soleil est multiple, que notre soleil n'est pas unique dans l'univers ni dans nos mythologies; et puis l'indéfini augmente l'étrangeté et l'incertitude de ce soleil qui s'esquisse... |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
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| Envoyé jeudi 13 janvier 2005 - 13h33: | |
Content, par ailleurs, que la 1e version te plaise un peu. Pour ma part (trouveras-tu cela bizarre?), j'ai le plus grand plaisir à relire la 2e, qui est la moins aboutie et la plus spontanée. Peut-être parce qu'en pareil cas, on se sent plus "inspiré"... Retrouver l'émotion vécue à la création n'est cependant pas garantie de réussite. C'est pourquoi je goûte toute critique avec intérêt. |