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Abîmes poétiques : le forum » le 4 juin » 2010 » Yverdon, Suisse, Jo « précédent Suivant »

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Libre (Libre)
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Envoyé dimanche 06 juin 2010 - 20h49:   

Réveil lumineux aux sons des indélicats - les camions de livraison et des disgracieux – les corbeaux. Mon premier réflexe matinal consiste à consulter mon assistant personnel, nommé BB pour Black Berry. Il daigne, malgré son activité noctnure peu syndicale, me donner l’heure… 5h17.
Premier challenge, réveiller ma fille aînée de 11 ans à 6h00, puis brancher ma radio DAB sur CH-Jazz… respirer et me convaincre qu’un peu de légéreté dans ce monde est possible.
Après avoir machouillé leurs tartines - baguettes-confitures - mes filles désertent la table pour aller se préparer, que dis-je, s’admirer, se scruter jusqu’à optention de l’apparence glamour souhaitée, nécessaire… indispensable ! (et moi, en secret, je contemple ma cadette faire d’improbables chefs-d’œuvre avec cheveux et foulards. Admiration).
Contrairement à d’habitude, mon départ pour le travail n’aura pas lieu aux alentours de 7h00… car, chose inhabituelle, j’ai rendez-vous chez mon nouveau médecin-généraliste. J’ai donc du temps devant moi… luxure que j’agrémente d’un carré de chocolat au lait Nestlé, avec éclat de caramel à la pointe de sel… hmmmm… d’un café à la Georges C… hmmmm et de la lecture du « Temps ». Un choc : Mats Wilander a vieilli et s’est patiné… comme moi. Je l’avais naïvement figé à 23 ans avec ce charme réservé, propre aux nordiques, qui le caractérisait. Plus sérieusement, je prends connaissance des fantasmes expansionnistes de notre hôpital cantonal… et me demande s’il y aura encore des médecins et des infirmières pour travailler dans ces rêves architecturaux… en tout cas les patients, eux, seront là. Se rappeler qu’un peu de légéreté est possible.
Avant de s’extraire de la caverne familiale, j’écoute l’exposé de Camille et regarde, avec consternation cette fois-ci, Roxane jouer au jeu en vogue du moment… les FlashCups. Activité primate de premier ordre consistant à empiler des gobelets en plastique le plus rapidement possible pour… les désempliler. Désopilante parodie sysiphienne à connotation burlesque.
Camille et moi quittons Roxane devant un épisode de Dr House (une gâterie télévisuelle, avant l’école, à l’humour grinçant et probablement peu approprié pour une fillette de 8 ans) et filons direction – salle de la Marive à Yverdon-les-Bains - pour sa leçon de gymnastique. Bises et aurevoirs-à-ce-soir.
Il me reste quelques minutes avant mon rendez-vous médical. Hardi, un deuxième café que je prends à l’Arc-en-Ciel, tea-room bien mal nommé (notons que le brevage est sans Georges C. et me coûte, de surcroît, fr. 3.20). J’opte alors pour un complément de haute littérature, lecture du « Région Nord vaudois » où j’apprends que 137 permis de conduire ont été retirés sur le tronçon d’autoroute que j’emprunte quotidiennement. Une conclusion s’impose : il me faudra convaincre mon pied droite de freiner ses ardeurs.
Reçue par mon nouveau médecin – fort charmant, je constate rapidement que celui-ci dispose d’une écoute inversément proportionnelle à ses atouts physiques. Prescription de fer, d’acide follique et de bronchodilatateurs… me voici armée pour être à la hauteur de la production que l’on attend de moi (beurk).
J’arrive à mon bureau lausannois après avoir vaincu (car que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien d’une lutte) les travaux autoroutiers avec leurs lots d’embouteillages et de ralentissements. Je dispose de 4 minutes pour allumer mon ordinateur PC, répondre aux questions de ma collaboratrice, lire mes 22 e-mails de ces 18 dernières heures… et filer en séance. L’objectif est de trouver une application souple de dispositions légales rigides afin d’aboutir à « des solutions dynamiques »… ainsi le veut notre chef de département ! Mais, où est ma p….. de baguette magique ? Etonnament vouloir, doit être pouvoir… car un compromis satisfaisant émane de cette réunion avec nos partenaires. La clause du besoin sur les cabinets médicaux ne sera donc pas appliquée les yeux fermés… allons-nous pour autant éviter le mur ?
Il est 12h30 et je me dirige, avec deux collègues, vers l’ancien Verre à Pied à la Rue Saint-Laurent afin de manger un « petit quelque chose » accompagné d’un verre de vin. Si ce dernier est correct, le « petit quelque chose » en question est infecte. Dorénavant, éviter cet endroit.
Il me faut précipiter le mouvement car une séance de médiation avec mon futur-ex-mari a lieu dans 15 minutes… il va sans dire qu’une arrivée tardive ne serait pas de bonne augure. Pendant mon trajet pédestre, j’appelle une amie et recueille de bonnes nouvelles la concernant… il n’est pas exclu qu’un peu de légerté dans ce monde soit à terme possible.
Je pousse la porte du salon n°3 du Buffet de la Gare pour y rejoindre mon futur-ex et notre médiateur… je me sens en minorité et souris. A l’issue des 2 heures éprouvantes de palabres, un accord est à bout touchant… une sorte de mode d’emploi de nos conversations futures. Il nous aura fallu prendre conscience et accepter que malgré (ou à cause) un mental super musclé, l’émotionnel, s’il est ignoré, est le plus fort. La solution : lui faire une place pour le remettre en place !
Il me reste moins de 2 heures avant de récupérer mes filles… la bise est enfin tombée et le soleil peu enfin dorer ma peau laiteuse... j’opte donc pour un macchiato latte glacé au bar Nespresso (avec un maccaron au caramel… aurais-je des envies de douceur !?!) aux Portes Saint-François. Un tarif exhorbitant à déguster dans un cadre aseptisé… mais, j’ai le soleil, l’espace et le calme… un certain luxe.
Mes filles ont pris, SEULES (aaaahhhhhhh), le train à Yverdon pour me rejoindre à Lausanne… c’est une première ! Je vais donc les accueillir sur le quai et nous filons récupérer, à pieds, ma voiture. La montée du Petit-Chêne, de la Rue de Bourg jusqu’à la Rue César-Roux suscite de nombreux soupirs… il semblerait que les muscles de la mâchoir soient nettement mieux entraînés que ceux des jambes !
Il s’agit de se rendre, en ce vendredi soir, au vernissage d’une exposition d’un artiste peintre de la Riviera, Alvaro Querzoli. Brésilien d’origine, j’aime les couleurs de ses tableaux et la vie qui les débordent. Le jugement de ma fille aînée est sans appel… « on dirait des Picasso copiés ». Elle n’a pas tout tort… l’influence est indiscutable et peu transcendée.
Après quelques contacts sociaux de rigueur, il nous faut regagner la maison… la fatigue et les angoisses de ma fille ne laissant pas d’autres choix… il semble bien qu’à tout âge exister est un exercice difficile… et il faut, sans cesse, se convaincre qu’un peu de légéreté dans ce monde est possible.

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