TM, du côté de la terre gaste. Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

Abîmes poétiques : le forum » le 4 juin » 2009 » TM, du côté de la terre gaste. « précédent Suivant »

Auteur Message
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 04 juin 2009 - 22h44:   

6h.
Il faut s'extraire d'un sommeil confortable, éternellement déficitaire. Telle est la vie moderne qu'on court même après Morphée. Morphée: personnage de la mythologie antique. Je le précise, parce que la mythologie des temps "post-modernes" est tout autre, quoiqu'on n'invente rien. Autocratie/démocratie par exemple: la forme a changé, mais le fonds est le même. Les bouffons tiennent toujours les rènes du pouvoir, ici et ailleurs.
C'est le genre de pensée qui m'accompagne au petit déjeuner. Café moins fort qu'autrefois, parce qu'avec le temps, on a l'estomac moins solide. Un peu plus de jus de fruits, un peu moins de cochonneries pâtissières: invasion d'huiles hydrogénées et palmiste oblige. On aimerait éviter le boulevard vers le cancer. Suivre des chemins de traverse plus conformes à une nature saine, non revue et corrigée par l'homme intéressé et sans scrupule.
Il se pourrait que cette nature, sous un ciel vide, soit devenue le temple d'un panthéisme post-moderne.
(Ici manque un smiley "mgreen", un de ces repères cybertypographiques postmodernes!)
Je regarde la lumière estivale, explosante festive (pour parodier Breton)... A-t-elle changé, elle, depuis les matins enchantés où je m'éveillais dans la maison de mes grands-parents, sur les bords de la Sauldre, à l'orée des forêts solognotes? Ou serait-ce un soleil postmoderne, paré pour nous griller tout vifs?
Ah! l'odeur du café et du chocolat chaud flottant parmi les meubles cirés, endormis dans la pénombre du salon, bercés par le tic tac du carillon aux harmonies de sable et d'or...
Banal, n'est-ce pas? Je ne vais pas refaire le coup de la madeleine du petit Marcel! On a tout dit, c'est l'inconvénient de vivre dans l'époque postmoderne.
D'ailleurs, le mot est idiot. Comment peut-on parler de postmodernité quand le propre de la modernité est d'être à la pointe de la contemporanéité? Faudra-t-il, demain, parler de post-postmodernité?
Arf!
Je ris jaune, mais c'est parce que ma douche est froide. Encore oublié d'allumer le cumulus, scrongneugneu!
Y en a qui glissent sur leur savon. Moi, je m'écorche sur les gravats. Travaux dans la maison. On dirait un peu Berlin en 45. L'image n'est pas postmoderne, j'en conviens, mais on n'a pas encore fait pire, si l'on excepte Nagasaki et Hiroshima, et ce n'était pas encore la postmodernité. Le pire disparaîtra-t-il dans les oubliettes de la prémodernité?
Dis, tonton Marcel, c'était quand, la modernité?
Cigarette? Non merci, pas encore, des fois que je pourrais grapiller quelques secondes d'existence...
Bon, on va y aller. L'auto m'attend, couverte de poussière, de marques d'incivilités et de traces de pattes félines... Voilà qui me réconforte: deux frimousses épanouies m'observent, rayon de soleil du matin! Deux prunelles qui sourient, en quête qui d'une caresse qui d'une poignée de croquettes symbolique. Le circuit de la tendresse passe, dans l'esprit d'un chat, par l'acte fondateur: tu m'as donné le gîte et le couvert et tu me laisses la liberté, alors je t'en suis éternellement reconnaissant. Buffon disait que le chat est hypocrite... Le sot! Est-ce que l'enfant, qui fonde sa vie amoureuse sur le sein maternel, est hypocrite?
Me voilà parti. Il faudra que je revienne chercher ma compagne pour l'emmener chercher son auto neuve en panne. Renault roule à la tête de la postmodernité... A moins que le malheureux ouvrier qui l'a préparée ait été embauché sur la foi d'un Bac postmoderne?
On a beau en être à compter les ultimes post-gouttes d'une source d'énergie prédiluvienne, le moyen de se passer d'une auto? Pas de station ferroviaire ni routière dans la banlieue rurbanisée où naissent, vivent et meurent ces gérants de supermarché, ces cadres à la bourse supérieure, ces promoteurs de saloperies bétonnifères ou encore ces farouches fermiers amoureux des pesticides et fervents massacreurs de vie forestière... Evidemment: chacun a sa paire de 4x4 pour écraser le pauvre et le hérisson! Il m'arrive en les croisant de rêver d'en raccourcir quelques uns...
Le reste de ma journée? Beauf... Pardon: bôf!
Des heures de cours qui ne ressemblent à rien, avec des élèves démotivés par l'inorganisation de l'Education presque plus nationale et qui n'en n'attendent pas moins leur diplôme servi sur un plateau d'argent... Sans parler de ce soleil qui tape sur de frêles têtes...
Sans grand intérêt,hélas!
La banlieue cosmopolite, ça n'intéresse pas un ministre sarkozyste, sauf en période électorale. Ah! ben! suis-je bête! nous y sommes en plein! Bon: c'est dans ces eaux-là qu'on ramène au devant de la scène le sempiternel problème de la sécurité. On redécouvre qu'elle existe... Voyez-vous cela, braves gens! Je croyais, moi, benêt, qu'ils étaient réglés... Un président qui a été ministre de la Sécurité -pardon: de l'Intérieur, qui a été élu sur le thème de la sécurité, et ça n'a pas réglé le problème, ça? Pas encore karchérisée, la banlieue en eaux troubles? Ben non, citoyen! Qu'est-ce qu'il resterait de fond de commerce à ce malheureux homme?
Un péquin qui a peur, c'est un péquin qui vote Sarkozy. La postmodernité, elle n'est pas difficile à comprendre, finalement!
Midi. Je ne mange pas. Horreur de travailler le ventre lourd. Trivial? Bé oui: la trivialité, ça fait bigrement partie de la postmodernité, en doutiez-vous?
(Y a des smileys qui se perdent!)
Après-midi surchauffée. Le temps semble en panne. Tout est écrasé par un soleil mensonger. Que devait faire l'homme de Cro-Magnon, à ces heures tièdes, dans le secret des bois? Prier ou ronfler? Penser, peut-être? C'est l'heure maudite où l'ascète s'ennuie ferme, loin des soifs insatiables de la postmodernité. Tout devient uniforme, noyé dans une fallacieuse lumière, comme frappé de déréalisation. On croise des fantômes de sujets, ces frères humains avec lesquels on ne communique jamais qu'improbablement. On est seul sous un ciel sans étoile, sur une terre sans âme, à perte de vue. D'ailleurs, on ne voit rien. Et surtout rien venir...
Jusqu'au retour des ombres et leur danse qui ranime, on quête l'extinguibilité comme une mystérieuse musique. Alors, le temps reprend tout son sens tandis que le jour se couche. On se demande par quel moyen on aurait dû cueillir le jour qui s'éteint. On rêve du banquet que l'on a manqué...
La postmodernité prépare-t-elle des lendemains mystiques? Après tout, certains, à court de programme, ne nous parlent-ils pas de sacraliser la République?
O démission de l'esprit!
On en reparlera ce soir, si le débat programmé par ce qu'il reste de la télévision publique nous le permet. Puis, un bon livre entre les mains, on s'évadera enfin.
Vous relirez ces lignes en mémoire de moi.
On n'échappe donc jamais à la mythologie?
Eteins la lumière, s'il te plaît.

Message:
Identificateur : Information d'envoi:
Cet espace est réservé. Seuls les utilisateurs inscrits et les modérateurs peuvent y écrire des messages.
Mot de passe :
Options: Code HTML non valide dans un message
Activation automatique d'URL dans un message
Envoyer:

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration