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Abîmes poétiques : le forum » le 4 juin » 2008 » TM, Ile-de-France. « précédent Suivant »

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Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mercredi 11 juin 2008 - 18h37:   

Loupé!
Dans le bouillonnement insipide de cette triste année, je ne me suis plus rappelé.
Maintenant, ça me revient: ah oui! le 4 juin...
C'est un jour comme les autres, gris, avec son lot d'inepties déblatérées par la radio que j'écoute dans l'auto sur le chemin du boulot.
On y parle beaucoup d'un nain malfaisant, un petit être immature qui prépare la cession à bas prix de toute une terre, tout un pays, tout un peuple aux puissants de ce monde, ceux qui ont pris leur envol loin des patries pour étendre l'ombre de leur aile de rapaces sur le monde entier.
J'en parle parce que c'est dans ma tête dès le lever. Face à mon café. Sous la douche. Je ne sais plus très bien où je vis... Une démocratie? J'ai tout le temps dans l'oeil et dans l'oreille le ricanement hideux des petits-enfants de Vichy.
Puis le principe de réalité l'emporte. Il faut se dire que mon passeport n'est pas encore biométrique, qu'on n'en est pas aux autodafés. Sur Internet on peut encore respirer...
Sur le chemin qui traverse un petit bois, pompeusement appelé "route royale" en souvenir d'un autre ego suraigu, un certain tyran du nom de Louis le Quatorzième, qui passait par là pour le bon plaisir de sa chasse, je réfléchis à ce qui remplacera mon auto dans dix ans, quand il n'y aura plus de carburant accessible à ma bourse. Je ne suis qu'à 10km de mon Lycée, mais faudra-t-il dormir sur place? Y aller à vélo, comme déjà un de mes collègues?
Je songe: dans dix ans, un lycée à entrée filtrée, télésurveillée, interdite aux âmes sans papier, aux êtres libres et égaux... Fermé sur des communautés sans fraternité? Ou fermé tout court, métamorphosé en "boîte" privée?
Je croise une biche en sursis -pas encore abattue par les chasseurs.
On m'a fait dix queues de poisson, cinq feux rouges ont été outragés: oui, on est bien en France. Il y a aussi des carcasses d'autos grillées sur le macadam des cités où des jeunes affamés par les grandes marques ont voulu clamer à leur façon leur déshérence dans une société de consommation où ils sont interdits de participation.
Des gendarmes rigolent. Je m'imagine qu'ils se disent: tant qu'il y aura ces zones d'insécurité, on aura besoin de nous pour quadriller la société au plus serré. Il y a beau temps qu'ils ont compris: le désordre est là pour justifier l'ordre.
Bref, je pense beaucoup. Tout se passe dans ma tête. J'ai peu d'actions à rapporter. Une espèce d'impuissance pèse sur mes épaules, et ce jour ressemble tellement à tous les autres!
Je songe aussi au conflit qui oppose le proviseur de mon lycée au personnel et je m'interroge: cet homme est-il sain d'esprit? J'en doute. A la radio ils en rajoutent une couche: les chefs d'établissement auront plus de pouvoir. Du pouvoir, encore!
Que faire? Je change de chaîne! France Musiques -ouf! ça, ils ne nous l'ont pas encore pollué!
Un coup de bip et je gare mon auto.
Mes élèves sont là. Ma nausée commence à passer.
"Bonjour, Monsieur! ça y est! On a votre livre, 1984 de George Orwell!"
Ce sont les classes de seconde.
"M'sieur, on a le lecteur de cd, on pourra écouter Paris mai de Nougaro?"
Bon, il y a encore de l'espoir. Ah! jeunesse!
Ce soir, ne pas oublier le pain, les croissants.
Internet a remplacé pour moi la tv, gagnée par un consensus de nullité -sauf, toujours, Arte, qui résiste.
Comme chaque soir, je laisserai ma compagne un peu seule, pour m'occuper d'un site de vigilance sur le net. On y surveille la traque des maudits qui n'ont pas la chance d'avoir de foutus papiers! On y réfléchit à des jours meilleurs. On y trouve cette chaleur qui s'avère une énergie de moins en moins renouvelable, dans un monde en perdition.
Ce soir, je lirai un vieux bouquin sur "Les projets d'instruction publique sous la Révolution"... Je sombrerai dans un demi-sommeil après avoir pris un sédatif et, avec un peu de chance, je rêverai de Marianne en couleurs...

Quel est l'enfant de crétin qui disait l'autre jour qu'avec le "libéralisme", on gagne en tranquillité d'esprit?

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