Lausanne, Suisse, Marc Log Out | Thèmes | Recherche
Modérateurs | Fiche Personnelle

Abîmes poétiques : le forum » le 4 juin » 2008 » Lausanne, Suisse, Marc « précédent Suivant »

Auteur Message
marc (Marc)
Identificateur : Marc

Inscrit: 8-2001
Envoyé jeudi 05 juin 2008 - 0h17:   

Réveillé tôt ce mercredi 4 juin, je me suis glissé hors de ce lit tiède.

J'adore son parfum. Le jour se lève, dans cette cuisine encore inconnue, je cherche le café, la cafetière, tasses et sous-tasses. Vieil immeuble, plafond haut et pièces spacieuses, j'aime cet endroit.

Je me rappelle qu'elle met du lait dans son café, J'improvise un plateau et je m'essaie léger
sur ce plancher qui craque. Le jour est gris, le soleil absent. Elle est encore lovée dans l'édredon et effleurée par l'odeur du café, elle se retourne doucement.

Un dernier baiser avant de revêtir l'uniforme. Ce matin la chemise est jaune et col mao, le pantalon noir et neuf. Je quitte l'immeuble à 7h30, la ville est déjà en marche. Premier regard sur la terrasse de ce tea-room, je repense à Delerm et son fameux "on aurait presque pu manger dehors". Le temps est frais.

Je hâte le pas soucieux d'être à l'heure. J'interviens ce matin devant un parterre de personnes intéressées par la médiation.

Quartier des banques, je croise quelques banquiers gris et voûtés, manifestement la banque ne rend pas heureux. Depuis quelques mois ce monde est dans la tourmente, crise des subprimes, crise alimentaire, crise pétrolière (pour mémoire, le baril a rapidement passé la barre des 100 $ et le litre d'essence a maintenant passé la barre des deux francs....les pessimistes parlent d'un baril à 200 $ pour la fin 2008)

Arrivé à demeure, la dame qui me reçoit diffuse un parfum agréable. Il ne m'est pas inconnu et rappelle des souvenirs diffus. Je suis toujours troublé par la puissance évocatrice d'une simple odeur et la manière dont elle ravive une scène, une image ou une impression. L'odeur est ici assez lourde et évoquerait plutôt la fin de soirée qu'une matinée naissante. L'humidité ambiante renforce ce sentiment de lourdeur.

Je ne me suis jusqu'ici pas encore résolu à l'utilisation du projecteur vidéo (beamer) dans mes présentations, je reste un classique utilisateur du transparent et du rétroprojecteur. J'ai parfois des vélléités de franchir le pas et c'est en général dans ces situations, comme ce matin, que le beamer ne marche pas ... Le technicien arrive et accorde...

Le café offert provient de thermos déjà tièdes, odeur de cantine, le croissant est croustillant, les participants arrivent. Parmi eux, quelques visages connus, quelques sourires.

Présentation rapide. Mon propos tourne autour des mécanismes de l'adaptation et de leur influence prépondérante sur la naissance des conflits. Pour survivre nous devons en permanence évaluer les situations auxquelles nous sommes confrontés de manière quasi-automatique. Cette analyse nous conduit à imaginer des scénarios, à développer des attentes. Nos semblables, infiniment complexes, agissent rarement de manière conforme à ces attentes....c'est alors que naît la frustration, le fameux "il fait exprès de..." qui nous pourrit l'existence.

Les participants, juristes pour la plupart, écoutent attentivement cette description sommaire de leur fonctionnement. Ils réalisent comme d'autres cette propension que nous avons tous à vouloir faire rentrer la vie dans des cases, à la standardiser.... pour survivre

Il est 10h, ma présentation est terminée, le soleil point. Je vois la masse de travail qui m'attend aujourd'hui et je décide de renoncer au lunch avec mon ami luthier pour aller retrouver ma pile d'urgences. Je prends toutefois le temps d'aller boire un café avec lui. Il est passionné par un luthier espagnol, un géant presque inconnu de la guitare, un élève du fameux Torres. Il organise quelques jours plus tard une conférence sur ses découvertes à son propos...le mystère est total et je lis dans ses yeux cette étincelle de passion que j'adore.

Nous traversons la route pour annuler le lunch. Latif, marocain doux, nous accueille avec son sourire et sa chaleur. Ce n'est que partie remise, rendez-vous est pris pour le lundi suivant, pour un repas aux odeurs de là-bas dans ce cadre protégé.

Je remonte à pied vers la gare, dans cette ville dans laquelle j'ai vécu 40 ans, et dans laquelle je suis revenu au départ pour des raisons professionnelles. Genève, ma ville, celle dont je connais les noms des rues, celle dans laquelle je croise toujours quelqu'un de connu, celle dans laquelle il y a toujours un visage familier.

Eurofoot oblige, les effectifs policiers ont été renforcés dans le périmètre de la gare. Sur le quai, deux hooligans anglais sont stoppés par 5 policiers aux cheveux ras. Manifestement imbibés, ils obtempèrent néanmoins.

11h17, intercity pour Lausanne, premier wagon, celui des businessman. Je branche mon ordinateur portable et ma musique. Anouar Brahem, redoutable joueur de luth, remplace agréablement le bruit des essieux.

33 minutes de trajet, je rembobine vite ces derniers jours, la forme est bonne, le cardiologue que j'ai vu vendredi passé me reverra dans trois ans, et la diabétologue que j'ai vu hier est aussi étonnée que moi de mes glycémies récentes.

Arrivé à Lausanne, je retrouve mes piles. Beaucoup de travail à l'extérieur ces temps et peu de temps pour le rangement. Du coup les papiers s'entassent et s'obstinent à ne pas vouloir disparaître.

16h00 en route pour Fribourg. Et je réalise en l'écrivant que dans le fond la journée est bien remplie. Séance de travail en groupe restreint dans l'arrière salle du restaurant de l'hôtel de ville. Peu de membres sont présents, le travail est rondement mené.

Nous passons rapidement à table dans ce cadre enchanteur. Frederik, le chef est un roi du goût. Les plats qu'il prépare sont savoureux et goûteux et c'est toujours un plaisir de le redécouvrir.

A la table, Milena, une amie argentine, graphiste, avec laquelle nous travaillons sur un projet d'exposition, et Gilbert qui travaille pour les produits du terroirs. Milena a pris son ordinateur avec elle, et je découvre ses premières images, des gros plans de fenouil, fraises et pain en fermentation, un vrai régal de sensualité.

Nous rions de l'érotisme de ses photos en imaginant l'exposition dans ce lieu fréquenté par une partie du clergé local.

Retour tardif sur Lausanne pour clore ce 4 juin bien rempli. L'humeur est badine et heureuse. Amour naissant, premières découvertes, riches instants, connexions surprenantes.

La semaine est particulière, demain je repars pour le Tessin, avant de filer sur Bâle samedi.

Message:
Identificateur : Information d'envoi:
Cet espace est réservé. Seuls les utilisateurs inscrits et les modérateurs peuvent y écrire des messages.
Mot de passe :
Options: Code HTML non valide dans un message
Activation automatique d'URL dans un message
Envoyer:

Thèmes | Depuis hier | La semaine dernière | Vue d'ensemble | Recherche | Aide - Guide | Crédits programme Administration