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Abîmes poétiques : le forum » le 4 juin » 2007 » Lausanne, Suisse, Debab « précédent Suivant »

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Anonyme
Identificateur : Ddebb

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Envoyé lundi 04 juin 2007 - 4h32:   

4 juin d’un temps et d’un lieu au hasard…

Ma journée est finie. Vers 11h, ce matin, après une nuit confortable au Métropole, j’ai traversé la Grand Place encore brillante de l’humidité du matin, à la fois vaste, rouille et bombée, avec ses gros pavés comme posés sur le toit d’un monde calculé au XVIII ème siècle. La Grand Place s’échoue doucement, au bord du canal, par une large rangée de marches où flottent les tables suspendues, déjà servies, d’un petit restaurant. Je me pose sur un des sièges froid de cet endroit encore désert et reste là, le temps d’avaler un pressé médiocre de pépins de raisins et un petit seabeef panné sur son assiette sèche de yucca. Le trafic du fleuve en amont du Grand Pont est très intense et je distingue, au-delà, la ville neuve, bordée de rangées de grues blanches en forme de pinces à sucre, le port et les aménagements en téflon jaune des quais d’accueils éventuels.
J’ai préféré la NSI, la Navette Sans Interruption, à l’eurometro pour atteindre la rive d’en face. La traversée n’est pas très longue, mais j’apprécie ce transport aérien, le confort des sièges bacs rembourrés de mousse d’algues morphologiques qui favorisent la détente, les fenêtres qui restituent, en temps réel, le paysage, tellement déformé par la vitesse que l’on ne pourrait distinguer, à cette hauteur, quoi que ce soit.
Le quartier des Zibelines est juste à côté du port. Il se caractérise par la masse d’une grande structure architecturale, quelque chose proche de la tour de Babel dans le tableau de Sainte Ursule, en forme de pyramide à trois côtés, dont la façade centrale, comme munie d’une fermeture éclair, est rayée par le sillon d’un funiculaire pneumatique sur plusieurs centaines de mètres. De ces maisons « qui poussent », comme on en construisait au milieu du siècle dernier, mais devenues, faute de soin, couvertes d’herbes folles, de buissons jaunes et d’arbres tordus dont les racines crevassent et éclatent le revêtement de pierres bleues d’origine.
J’ai sauté dans une cabine montante pas trop encombrée à cette heure. Je regarde maintenant, le paysage des installations portuaires qui rétrécit et oscille au souffle de la propulsion et au chaos régulier de la crémaillère, attentive quand même aux numéros qui défilent sur le bord de la voie.
J’ai rendez-vous à trois heure à l’OUPM, l’Organisme Universel des Personnes Mobiles. Je dois y déposer mon avis de mission. Arrivée sur la plateforme 56, je me dirige, à gauche vers le tunnel, saute sur la bande roulante qui décuple mes pas allègrement et, à moins d’un kilomètre, j’aperçois, au carrefour, l’écran internet de l’OUPM. Ses bureaux sont de plain-pied sur l’allée, éclairés comme une grande vitrine, laquelle ne cache rien de l’activité du personnel. L’hôtesse, dans son europanto chantant du sud, me souhaite la bienvenue et me propose un chikoré à la menthe en attendant Mr Böns… qui arrive plus vite que prévu, toujours pressé, ses cheveux roux en bataille dans lesquels il ne cesse de passer une main active comme pour les encourager. Il me fait un sourire chaleureux de ses yeux bridés qui se plissent avec courtoisie derrière ses lunettes et me conduit dans son bureau.
L’ordre destiné au BUVE, le Bureau Universel des Villes Eventuelles est signé, tamponné ; puis il me tend le code de mon appartement sur la 207 ème plateforme dont il espère que le confort me conviendra le temps de ma mission. Quelques remarques sur le ciel d’aujourd’hui qui s’affiche sur le mur écran du bureau, annonçant la température, 16o, signalant en dégradé de teintes gris bleue, la nature, la densité et la hauteur de la nappe de pollution, la direction des vents assez forts aujourd’hui, le degré d’ensoleillement et l’évolution de la situation. C’est vrai qu’il fait plus frais depuis quelques jours, que le ciel a cette teinte particulière que pourrait avoir l’automne, avec ses courts nuages en poissons éparpillés dans leurs eaux bleu polaire, mais nous ne sommes qu’au début de juin ; l’été qui viendra avant septembre, sera, probablement comme chaque année, caniculaire. Les souvenirs de la dernière fois et l’avenir rapidement évoqués, une forte poignée de sa main sympathique et collaboratrice et nous nous quittons.
La benne m’achemine maintenant vers la terrasse résidence 207. A ce niveau, je prends de nouveau le tapis roulant jusqu’à l’appartement, sur la voie qui dessert, de l’extérieur, cette partie du bâtiment. L’infra rouge s’allume au signal reçu par la porte qui s’efface dans la rangée de ses semblables et me livre accès à ce qui pourrait être une grande cabine de bateau, chaude et ouverte du sol au plafond sur le paysage de l’autre côté du port. De là, je surplombe, à gauche, la vieille ville et le canal, puis, plus loin, droit devant, dans la brume dorée du soir, la presse indéfinie des constructions, jusqu’à l’horizon plat de ce pays que l’on appelait, autrefois, les mille pas.

d2b
Note du 4 juin
Mission BUVE pour l’OUPM
Sabine (Sabine)
Identificateur : Sabine

Inscrit: 10-2003
Envoyé mercredi 06 juin 2007 - 0h17:   

Une seule chose est fictive dans ce beau et tragique récit : "L’hôtesse, dans son europanto chantant du sud" ... ;o)
(Intervenant non inscrit)
Envoyé mercredi 06 juin 2007 - 19h03:   

merci pour la lecture :-)

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