Nao (Nao)
Identificateur : Nao
Inscrit: 6-2004
| Envoyé dimanche 04 février 2007 - 19h55: | |
Ce n’est pas de la littérature à proprement parler mais je pense que ça pourrai plaire à certains Le plâtre et une substance maudite créée par Dieu pour tester la solidité du caractère humain. Le plâtre n’existe que pour montrer, à nous banals quidams non initiés, comment la vie est une lutte, comment la matière est hostile ; laide et mesquine. Pour vraiment connaître l’expérience de l’épreuve et tester vos limites, faites du plâtre pour la première fois, vous comprendrez. Donc, cette bouillie malfaisante et sournoise, toujours trop molle quand vous la voulez compacte, toujours trop dure quand vous la voulez souple, vous retombe partout sur la gueule, dans les manches, colle sous vos chaussures et sur vos cheveux, parce que vous avez mis trop d’eau ou pas assez, trop remué trop tôt trop tard, ça y est c’est foutu, c’est pris, faut tout balancer mais la gamatte est prise aussi et votre truelle dedans, vous hurlez, vous sanglotez, c’est la 3 ° fois que vous recommencez, vous cassez tout, la gamatte, le mur, la porte et vous allez vous jeter dans le premier cours d’eau et Dieu ricane. Eh bien cette purée infernale, malédiction de l’humanité innocente, certains humains savent parfaitement la domestiquer, lui faire danser le menuet. Un plâtrier qui met un pata de plâtre sur sa taloche, qui le colle sur le mur, et qui d’un geste d’un seul laisse une surface verticale parfaitement lise et blanche, ça atteint pour moi le summum de la perfection divine, seulement dépassé mais de très loin par ce même plâtrier qui fait la même chose AU PLAFOND, en défiant à la fois la pesanteur, la logique et la nature. Là, on entre dans l’indicible. Mais ils ont un truc : c’est d’avoir commencé arpète sur les chantiers, d’avoir fait du plâtre pendant plusieurs années en s’en mettant plein les manches et les cheveux sous les engueulades des aînés, et d’avoir appris peu à peu les gestes précis. Y en a pas d’autre. Le triste placoplâtre fait disparaître peu à peu ce miracle, il n’y a plus de plâtrier, seulement des plaquistes, qui ne connaissent que la visseuse sans fil. Trouver un de ces magiciens ritals ou portos pour refaire votre plafond à l’ancienne, c’est un peu comme demander à Karl Lagerfeld de recoudre votre chemise. Bruno Léandri |