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Abîmes poétiques : le forum » Vos textes (publication libre) » Archives juin 2006 - décembre 2006 » Arrivée en Lozere « précédent Suivant »

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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé dimanche 04 juin 2006 - 15h58:   

Ecoutons Paul:

Cela faisait deux ans, presque trois que j’habitais à Mende. Bien entendu j’ai commencé quelques ballades dans la région, histoire de faire connaissance avec tout ce qui vit dans le coin, lacs, forets, pierres et fleurs, de me présenter et faire savoir à tout ce monde que j’arrivais ici avec les meilleures intentions du monde, très pacifiques et pleines d’espoir, et que j’espérais être le bienvenu. J’ai aimé d’emblée ce nom de Tulipac, et comme je ne crois pas au hasard, mot creux qui n’a pour seul avantage que de colmater notre ignorance, j’y vis un signe du ciel, signe qui se confirma quand me fut donnée l’opportunité de l’achat d’une maison, dans la commune même mais assez à l’écart cependant pour avoir l’impression d’être à la campagne.
Je quittais donc Mende pour Tulipac. La première nuit, je l’ai passé dehors dans le jardin, nuit sans lune et très étoilée d’été.

Les jours suivants je m’envoyais en éclaireur dans la ville. C’était l’été, plutôt animé. La première impression fut bonne. Cela me changeait de Mende, moins froid, plus accueillant, c’est encore la Lozère et déjà un peu les Cévennes, ça fleure bon un je ne sais quoi de méditerranéen, ces platanes sur la grande place. Des accents très variés, des expressions du midi mais aussi des intonations plus pointues, anglo-saxonnes aussi et germaniques. Quelques portugais, quelques maghrébins, bref un rien de cosmopolisme plutôt sympathique. Des couleurs dans la sape, un peu branché façon baba. Des commerçants sénégalais, c’est super je vais pouvoir parler wolof, on va pouvoir chambrer les indigènes sans qu’ils ne s’en doutent, rien de bien méchant, en Afrique on rie avec, on ne rie pas contre….
L’été passe, l’automne s’installe et les concerts se font rares, les jours plus courts, on commence à parler champignons, Tulipac se vide de ses touristes. Ce sera bientôt la récolte et on sera autosuffisant, plus besoin d’aller s’acoquiner avec les dealer de Babylone.
J’avais assez vite repéré un bar un peu « espécial » qui drainait une faune non moins « espéciale » et variée allant du faux babacool pseudo anarchiste au vrai taxeur de cigarettes, du squatter intermittent à l’incrust professionnel. Mais aussi quelques tronches sympathiques, quelques nanas pas avares de leurs sourires francs à vous donner la pêche pour toute la journée et des mecs au clin d’œil pétillant et fraternel. Celles la et ceux la on les voyait plutôt le jour du marché, ils avaient tendance à habiter du coté de la Vallée de l’Herbe. Encore qu’il convienne de se garder d’excessives généralisations, sinon gare au risque de désenchantement. Même dans cette vallée j’ai rencontré des personnes à priori fréquentables…tu parles…. de soi disants choix de vie qui ne sont en fait que des résignations. Lui il parle de son voyage aux Indes, mais il n’a fait qu’y aller, il a gardé son regard d’occidental civilisé et ses grilles de pensée franchouillardement cartésiennes et n’en est pas revenu changé, sait il ce que voyager veut dire ? Il aurait mieux fait de s’offrir une semaine au Club Med, profiter de la piscine et s’y payer une pute. Au moins il aurait pu me montrer la photo de la beauté exotique, ça m’aurait plus branché que ses commentaires merdiques, prétentieux et stéréotypées qu’on se farcit déjà à la télé. Une autre se prend pour une anarchiste mais elle parle comme une fasho, suffit de remplacer « arabe » par « patron » Quant à l’intello, il a tout appris dans les bouquins ce con, il sait tout, il comprend tout, il parle toujours et n’écoute jamais.
Mais qui suis je pour porter des jugements ? Non qu’ils soient faux ou injustes, mais prématurés puisque moi-même je n’ai fait que commencer à balayer devant ma porte. Toujours est-il que je fus parfois déçu, en témoigne ce bout de papier retrouvé, griffonné un jour de spleen il y a quelques temps :









Le bar des paumés,
Ça bouffe du keuf, ça bouffe du beauf.
Plein de paumés qui se prennent qui pour le Che, qui pour Bakounine !
Mais en fait des ratés qui ruminent leur aigreur en se soûlant la gueule !
Y z’aiment pas les beaufs mais partagent avec eux le même rêve : avoir de la thune.
Trouvent que ça s’rait mieux si les bourges ça s’raient eux,
Et si ça seraient eux qu’aurait l’oseille et les keufs à leur service, du coup ils les kifferaient les keufs
Y fument des pétards comme on boit du gros rouge.
Z’aimeraient être caïd mais z’ont pas les couilles !
Plus beaufs qu’eux tu meurs !

Mais laissons là Paul, ça va lui passer sa petite colère, c’est pas un mauvais garçon, simplement il n’aime pas les gens qui emmerdent les autres avec leurs problèmes et leurs mauvaises vibrations contagieuses, s’il vient au bar, c’est pour passer un moment et se détendre, pas pour se faire couper le feeling par des alcoolos.
Nous le retrouverons quand il nous parlera d’autres rencontres plus fructueuses, plus apaisantes. Elles viendront à coup sur. Car déjà il sent que s’esquissent des amitiés plus riches, certaines déjà sont en germe, des complicités tissées dans un respect réciproque, des silences partagées.
Et pourquoi même, ne nous parlerait il pas non seulement de ces rencontres mais de La Rencontre ? La rencontre avec Elle.
Il la rêve sauvage, sauvage et révoltée, insoumise et aimante, amante et protectrice Une louve peut être, oui, mais avec des ailes pour qu’elle puisse voler et le transporter loin, dans une île croit il, ou il sera le roi, dans un temps révolu ou l’espoir est possible, dans l’enfance perdue et le rêve innocent, dans le noir absolu ou brillent les étoiles.
Ou bien un arbre alors qui lui enseignera la sagesse des druides,
………. ou peut être un rocher.

Mais n’anticipons pas.
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mardi 06 juin 2006 - 8h30:   

très bien écrit et captivant. J'espère qu'il y a une suite
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 06 juin 2006 - 19h00:   

Récit qui m’a beaucoup intéressé. Il relate quelque chose de vécu, de vrai donc. Cependant :
-Tulipac ? Ce nom de lieu existe-t-il vraiment ?
-La louve ailée me semble être une sorte d'allégorie, quelque chose qui pourrait ressembler à une certaine forme de poésie plutôt qu’à une femme en chair et en os.
Comme Marie-Christine, j’attends la suite.
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 06 juin 2006 - 19h34:   

O boudiou! Avang mai soixan'-yui', eh bé c'était pas commeu ça la Lozèreu, eh pardi!!
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé mercredi 07 juin 2006 - 15h59:   

-à 40km de Mende,en direction d'Alès, se trouve une petite ville: Florac.Le Tarn et le Tarnon s'y rejoignent.
-la louve ailée, effectivement peut être interprétée de façon allégorique mais peut tout aussi bien representer une femme.ou les deux simultanément.c'est le plus probable.bien des choses ne se dévoilent en fait à l'auteur qu'au fil de l'écriture.
merci à tous de m'avoir donné l'envie de continuer.....
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé jeudi 08 juin 2006 - 16h36:   

Florac ? Je crois connaître mais je ne suis pas sûre, je connais plusieurs petites villes dans la région plus agréables les unes que les autres (ma soeur habite Alès depuis 5 ans et je fais des ballades avec elle chaque année)
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé jeudi 08 juin 2006 - 18h10:   

Dans les années 50 j’ai parcouru des causses (Meujean ?), visité des grottes et des sortes d'affaissements quasi circulaires, dans cette région, me semble-t-il. Hauts-plateaux magnifiques, à ladite époque ; le sont-ils toujours ?
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé vendredi 09 juin 2006 - 17h20:   

au nord il y a l'Aubrac.
mais comment parler du Silence qu'on y entend?
bout du monde.bout du temps.
le mental se tait,l'ego s'estompe et tu fais Un avec le Tout.
cet état de grâce, ce sentiment comme évidence que l'eternité est dans l'instant, qu'elle est ici et mainenant, je l'avais ressenti à Tataouine,dans le sud tunisien, aux portes du désert.
Entre Tataouine et l'Aubrac 1000km et trente ans.
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire

Inscrit: 2-2005
Envoyé vendredi 09 juin 2006 - 17h23:   

"ici et maintenant" vous aurez rectifié

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