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Anonyme
| Envoyé lundi 05 avril 2004 - 0h36: | |
PARIS MELI-MELO Marcadet-Poissoniers, Porte de La chapelle Des stations de métro, qu’il me faut oublier, J’y ai dilapidé une jeunesse rebelle, Et, en mai 68, jeté quelques pavés. Paris, au sacré cœur, tu as bouffé mes heures, A Pigalle, à Barbés, ou au quartier latin Paris, qui ne vaut rien, tu as piqué mon cœur Tout en bas du boul’Mich, à cinq heures du matin. J’suis r’monté sur la butte, empruntant la rue Berthe, Les pinceaux s’affairaient à croquer les passants, Y’a des pigeons, tout plein, sur la place du Tertre, Faut qu’les artistes bouffent, comme les autres gens. Boulevard de La Chapelle, ou passe le métro aérien, Y'a des filles très belles, et beaucoup de vauriens, Des clochards affamés qui s’endorment sur les bancs, D’vieilles poupées qui tapinent, passé soixante cinq ans. Si calme coule la Seine, qu’on la remarque à peine, Jusqu’au pont Mirabeau, lentement, elle se traîne Zazie vient de rater de peu le dernier métro, Place de la Concorde, les fontaines sont en eaux. Entends, ma chère, entends la douce nuit qui marche, Elle remonte les champs, et va passer sous l’arche, De l’empereur déchu, Bonaparte sans panache, Que moi, j’irai croquer, d’la pointe d’un caran d’ache. Montand et Barbara reposent au père La chaise Du cimetière ingrat, ils ne reviendront plus, Reste au fond d’une impasse un peu d’chanson française Un souvenir de Georges, le poète moustachu.. Paris, Paris délices, Paris, Paris, méchant, Paris de Saint Sulpice, Paris des mécréants, Pauvre Paris des vices, sur la butte, nonchalant, Gentil Paris des miss, pour poètes charmants. Paris de la Huchette, clarinettes au vent, Trompette de Bechet, et Luther de talent Souvenirs, z’êtes chouettes, je remonte les champs, J’ai du Prévert en tête, et du Ferré aux dents ! ************************************
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Poète 77
| Envoyé mercredi 07 avril 2004 - 7h20: | |
Félicitations, j'ai l'impression de revivre ma jeunesse, quelle belle visite de Paris dépeinte, à travers ces vers.... Que dire de plus ? Serge LAINÉ |
JG
| Envoyé mercredi 07 avril 2004 - 12h47: | |
A quelle époque Vitton ! PARIS-CHAGRIN (Robert VITTON) LES CHAGRINS DE PARIS Un passant un coeur incassable Un instrument dans son écrin Qu’aurais-je été sans tes chagrins -Chagrins de sel chagrins de sable- Sans tes complaintes inlassables Sur les cent pas ineffaçables De tes poëtes à tous crins Qu’aurais-je été sans tes chagrins Je jette des ponts sur la Seine Des ponts-aux-ânes des ponts-neufs Des ponts de paroles obscènes Paris je sais tourner un oeuf Quand la Rime me turlupine Sur le Poëme l’herbe croît Alors je rame et je rapine Sur le pont Alexandre-III Je suis le roi de la fève Entre Une poire d’étranguillon Et du brie mité -tout fait ventre- Je chante du François Villon Ecornifleur à Montparnasse Crevard à Saint-Germain-des-Prés Ma Muse me tient dans sa nasse Je vois partout des déterrés Au bout de ce siècle malade Si je passais bon débarras Quand je te lime une ballade Tu paies en chagrins et en rats Ta Dèche bave sur les glaces Déformantes des magasins Je la tripote la délace Et l’entraîne dans un vieux zinc Tourne tourne la manivelle Tourne tourne tourne et me tords Une scie d’hier dans la cervelle Réveille un beau chagrin qui dort Tes ors tes orgues tes rosaces Agenouillent les miséreux Ma fortune est dans ma besace J’en suis follement amoureux Ne suis-je ta mauvaise graine Ton ivraie Je ne compte pas Mes méfaits mes mots mes migraines Mes plaies mes peines ni mes pas Tes automates -tête vide Jambes de plomb- de grand matin Dégringolent dans les avides Gueules du Métropolitain Je savoure -je ne m’en lasse Jamais- les plaisirs automnaux Je me gare de tes wallaces Je ne boirai pas de ton eau Je cueille en douce sur tes lèvres Des cris et des baisers d’oiseaux J’ai une patience d’orfèvre Je fais bon marché de mes os Quand vont tes proses sans épines Que ma folie roule ses grains Sous les jupes des proserpines J’appelle un chagrin un chagrin J’ai dans l’idée une frangine Qui porte des bijoux de deuil Quand je fends sa soie aubergine Mon arme pousse en un clin d’œil Ni les cancans ni les rafales De pleurs de rires de clameurs N‘ébranleront les ithyphalles De Monsieur Morris imprimeur Les dames de l’ombre à Paname Prises dans leur fourreau souris Brisent ma voix griffent mon âme La nuit tous les chagrins sont gris Des maquereaux sèchent aux angles De ma rue J’habite un réduit J’ai une chaise un lit de sangle Demain sera comme aujourd’hui Tes archets auront à l’usure Les nerfs à vif de mon violon Que la Mort prenne ma mesure Si elle trouve mon temps long Un passant un coeur incassable Un instrument dans son écrin Qu’aurais-je été sans tes chagrins -Chagrins de sel chagrins de sable- Sans tes complaintes inlassables Sur les cent pas ineffaçables De tes poëtes à tous crins Qu’aurais-je été sans tes chagrins Robert VITTON
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JG
| Envoyé mercredi 07 avril 2004 - 13h05: | |
LES NUITS ROUGES Je me souviens des nuits alanguies dans les fers Ma parque me tirait des jours sous la veilleuse Mes corbeaux assaillaient les nids de mitrailleuses Les joueuses de dés jouaient un jeu d'enfer Je me souviens des nuits de cette lampe à huile Qui mourait lentement sur le "Spleen de Paris" De ce coq à tous vents qui poussait les hauts cris De cet arbre rongeant ma chambre sous les tuiles Lorsque j'aurai vidé mon méchant havre-sac Ma barque arraisonnée ma semaine d'amphores Et lâché vers le jour mes chiens lanterniphores Je larguerai ma voix au fracas du ressac Lorsque j'aurai jeté mes mains aux mandolines Chez quel écrivassier chez quel poètereau Trouveras-tu le feu la paillasse le rôt Les mouches et le rouge ô ma muse orpheline Lorsque j'aurai flanqué ma guenille de bal A votre orchis bouffon ma hâve cavalière Je mêlerai ma voix à ces voix familières Qui paient la symphonie des violons du mal Lors je peloterai Notre-Dame vêtue De l'aube éclaboussée de ses rouges flueurs Et je n'entendrai plus aux dernières lueurs Du jour les pas de bronze et le cri des statues Je me souviens des nuits pavées de pavots bis Des bouffées de guitare aux regards de l'impasse Je couchais au béguin sur des autels de passe Et les filles messées s'inondaient de rubis Je me souviens des nuits encombrées de guirlandes De queues-rouges quêteurs d'anges pestiférés D'ordes masques bouffies de vieux masques laurés Et d'un saint dispensant aux gueux sa houppelande Nomade besacier et poète maudit Que la meute captive et cafarde bâtonne Lorsque je serai froid un de ces quatre automnes Je mêlerai ma voix aux voix des graffiti Les goélands clameux piqueront dans ma tête Mes compagnes d'alors ô ne les chassez point Avec vos crucifix et vos flambeaux de poing Qu'ils emportent mes mots au gros de la tempête Les rapsodes du soir peigneront les mustangs De mes molles pampas tachées de caravanes Les gitanes vannées sur la roue des pavanes Habilleront d'osier les clepsydres du Temps La dame de léans a sa male semaine A bientôt lanternier lanternier à bientôt Veille sur mes hiboux ma plume et mon manteau Mon plectre dans son rouge empalera la peine Je me souviens des nuits à boire le vin vieux Des barriques en perce au zinc des barricades La cantate empoignait nos rouges cavalcades Et nous rêvions parfois le havre oblivieux Je me souviens des nuits fleurant bon le remeugle Des souvenirs confits dans l'orgueil des pavés Des voyoutes hélant mes hiboux de chevet Qui marchaient devant moi comme des chiens d'aveugle Robert VITTON
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