K3
| Envoyé lundi 22 novembre 2004 - 12h46: | |
(Extrait: acte I, scène 5.) (Entre un palotin à longues dents rouges et yeux verts.) UBU. -Purin de bleu! Qu'est-ce encore? LE PALOTIN. -La dame est en retard, ô Extrémité! UBU. (Jaillit du trône.) -Ventragaz! Est-ce ainsi que l'on traite le Roye suprêmeuh? Palotin! J'ai faim! LE PALOTIN. -Sssyrrreuh, -vous mangeâtes il y a seulement deux heures... (Ubu le foudroie du regard.) LE PALOTIN. -Sssssssssssssssssssssssyr? Ce n'est poynct l'heure... UBU. (Découvrant une rangée de dents à concasser le marbre.) JE ay faim, marche-rustre! LE PALOTIN. -Peut-être un artiste vous suffira-t-il, Syre, attendant la midi? UBU. -Va pour l'artiste. Mais vyte! (Le palotin vise attentivement le ciel, lance une corde, tel un lasso. La corde retombe. Ainsi de suite deux fois -tandis qu'Ubu s'impatiente. Enfin, la corde reste accrochée là-haut. Le palotin satisfait tire sur la corde et, lentement, ramène la prise: un oiseau anthropocéphale, dont les yeux hagards trahissent bêtise ou désarroi.) UBU. (Se lève.) -Ah! tout de même! Faites-le cuyre illico en broche et me le ramenez aux petits oignons! LE PALOTIN. -Ce sera long, Syre. Vostre appétit en pâtira... UBU. -Bugre! Utilise la broche atomyque ou je te broie sur l'heure! Je veux ce doux-rêyveur avant les dix minutes! LE PALOTIN. -Ce ne sera facile, mon Roye, celui-ci est semble-t-il des plus coriaces. Or, à en jauger par la moderne-école des cuisines de Gaulée, il est de chair fine, quoique ayant peu volé, de par sa vue basse. Et d'ailleurs, le peuple ne l'a poynct gousté. UBU. -C'est bon sygne. Allons! Presse, alanguisseur! LE PALOTIN. (Courbé en spirale.) -Il en sera faict selon vos désirs, mon SSSSSSSSSSSSSSSyre. (Il disparaît avec l'artiste.) |