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André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
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| Envoyé mardi 29 mars 2005 - 9h45: | |
Capriccio en un fouillis de plumes et de harpes comme prisme qui se déchire l’éclair en plein vol, rapace de quartz avec heurts, schismes et rires chevelure de frelons, élytres de métal des tambours et des sonnailles se fissure qui reçoit la gifle et les chats qui se cachaient d’électriser leurs vibrisses et de montrer leurs griffes |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mercredi 30 mars 2005 - 12h03: | |
Adagio gisement continu de la détresse y retentissent des appels s’y englue le basson dont la plainte progresse par-dessous les cris des flûtes gisement de la détresse une bête y danse une féminité, avec blancheur comme jadis la Licorne chantait et la Dame à même le parterre de fleurs subtilement s’endormit gisement de la détresse étoffe marécageuse d’où sourd la phrase des violons elle flue selon les méandres de la douleur et frémit en sourdine y surnagent des appels tandis que le pouls lourd des eaux lentes bat sur la rive |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 31 mars 2005 - 9h02: | |
La forme capriccio est bien rendu par un rythme plein d'allant. Beau fouillis d'images qui gardent un rapport étroit avec les sons et les instruments. J'aime plus encore ton adagio, très directement évocateur dans le premier paragraphe, puis qui glisse vers les images que génèrent sans doute en toi cette musique célébrée. S'il est aisé de faire de la musique en poésie, il n'est pas facile de "rendre" une musique précise. Tu t'y essayes avec bonheur. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 31 mars 2005 - 13h43: | |
Scherzando Paillasse dont les bronches sont des binious et sa gouaille s’étrangle si trop ils s’enflent Criaillerie congédiant quelque pastourelle et toutes sortes de flûtiaux au babil ébouriffé Jactance de clairons et de trompettes et la fanfare se fait obèse Timbale mate comme vache qu’on tape et les tétines tintinnabulent Caquetage de clarinettes et la grosse caisse pond un gros œuf |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
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| Envoyé vendredi 01 avril 2005 - 13h10: | |
La musicologie me paraît plus séduisante, exprimée ainsi! |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
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| Envoyé samedi 02 avril 2005 - 8h35: | |
Très intéressant comme idée. ça pourrait faire un recueil. J'aime beaucoup le scherzando, superbement évocateur |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 04 avril 2005 - 12h03: | |
CHUTE ET ASCENSION D'UN AVOCAT MOTOCYCLISTE Opérette en un prélude et cinq tableaux Prélude : L'éclatement d'un piano engendre un mouvement polyrythmique rendu visible par la course simultanée d'une autruche, d'un unijambiste et d'une tortue elephantopus, et rendu audible par le jeu d'une batterie riche en cymbales, jeu orné de cris, d'applaudissements, d'aboiements, de grands rires, de tumultes divers. 1er tableau : Il vente. Près d'une pompe à essence, un motocycliste en baskets est arrêté par un gendarme. Désespoir, accompagné de gestes ultra-romantiques, d'une jeune femme qui doit être l'épouse aimante, la fiancée ou la maîtresse de l'homme appréhendé. Le vent est suggéré par un interminable sifflement de fifres, ponctué de claquements de volets; un long duo (ténor et baryton) exprime, à la manière des anciens récitatifs, les opinions du gendarme et celles de l'homme en baskets, maintenant dûment menotté; le désespoir de la dame est parfaitement perceptible dans la stridulation posée sur l'alternance rapide des notes si bémol/si bécarre très haut juchées. 2ème tableau : Nuit. La même dame, assise au pied d'un arbre, pleure. (On entend une série de miaulements syncopés émis par la flûte traversière.) La lune est "partiale" : elle n'éclaire que quelques égarés, ou noctambules fatigués, qui ronflent, couchés sur et sous trois bancs publics. (Phrases intermittentes, pourvues de clés de fa, qui proviennent de saxophones et de tubas.) 3ème tableau : Au tribunal. On apprend que l'homme - qui n'est plus en baskets mais en souliers noirs cirés - est un avocat; qu'il a été surpris en flagrant délit de cambriolage et qu'il sera jugé pour cet acte. (Grand air vériste pour ténor.) L'avocat se défend lui-même. Son argumentation se base sur le thème : “La cambriolomanie est une maladie incurable”. La plaidoirie est chantée sur l'air pour baryton de la cantate « Ich habe genug » de Bach, mais de façon exagérément plaintive. Toussotements dans les travées, qui se mêlent au chant. La cantate n'a pas l'effet escompté. L'avocat-cambrioleur est rayé de l'Ordre, puis condamné à quatorze mois de prison sans sursis. (Sentence prononcée sur autre grand air vériste [Leoncavallo] pour ténor). 4ème tableau : Quelques mois plus tard. Le cambrioleur n'est plus en prison. Il s'est converti à l'Islam. On le voit et entend dialoguer avec un ayatollah. (Pour ce duo, se référer à celui de la scène 1). Le sévère religieux lui ordonne de se faire couper la main droite - qu'elle soit fautive ou malade importe peu : c'est comme ça, c'est la loi. Mis en face de ce remède à l’efficacité redoutable, l'ancien avocat recule avec épouvante et s'enfuit fuite illustrée par des giclées de notes hasardeuses que projettent toutes les trompettes et tous les tuyaux d'orgue. 5ème tableau : Deux ans plus tard. L'avocat-cambrioleur s'est reconverti en propriétaire d'un sex-shop. On voit et on entend un homme en manteau blanc lui faire de belles promesses, mezza-voce : "Ici-bas, tu n'auras que des emmerdes. On va t'envoyer au ciel pour quelque temps, en soucoupe volante, celle qui fait l'aller-retour en six ans et vingt-deux jours. Je te présente le pilote de l'engin. Le voici !" Apparaît une de ces "entités" expertes en voyages inter-galactiques, et dont on peut apprécier les performances dans pas mal de films de science-fiction - à la science absente et à la fiction riche en infantilismes. L'extraterrestre et l'ancien avocat s'évanouissent dans un brouillard. L'orchestre - de l'apparition de l'entité jusqu'à sa disparition - hue, mugit et craque de toutes ses cordes, de tous ses bois, de tous ses cuivres, de toutes ses cymbales. Rideau |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
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| Envoyé lundi 04 avril 2005 - 12h05: | |
Opérette écrite pour exorciser un rêve qui revenait - avec des variantes – mais qui revenait chaque nuit ou presque. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
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| Envoyé lundi 04 avril 2005 - 12h21: | |
Eclatent au rideau tombé les bravos des spectateurs électrisés, téléportés d'enthousiasme, plus quelques inévitables sifflets d'hurluberlus sidérés, verts de rage! Les chanteurs-protagonistes saluent, -sauf l'extraterrestre, gêné par la pesanteur. Que tes nuits s'embaument, délivrées! |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mercredi 06 avril 2005 - 8h18: | |
Ostinato chuchotis de l’air dans la brume mots de passe et schibboleth gosiers irisés de murmures mélodies d’eau, clapotis verts, hautbois liquides pas coulés, cadence pour funambules chuchotis de l’air dans la brume que les violons reprennent trotting de tambourins, galop de guitares séguedille des flammes macumba, Carmagnole et têtes coupées stridulations et cliquetis, chapeau chinois la diva s’orne d’éclats le vent fulmine et les violons s’en vont air peuplé de clochettes pas mesurés pour une pavane prime donne, gosiers de soie brume ou robes qui susurrent mélodies d’eau, clapotis verts galop de guitares, séguedille des flammes et les violons reviennent nids d’aigrettes, de clochettes des grelots rient sur fils et spires des clapets et des valvules chuchotis de l’air dans la brume mots de passe et schibboleth toute une embrouille verbeuse que les violons reprennent … |
Tm (Tm)
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| Envoyé mercredi 06 avril 2005 - 13h53: | |
Quelle virtuosité! Bravo! Je suis enchanté par tes musicopoèmes! Entre poètes, quel schibboleth (chuinté!) adpterons-nous? Et si c'était en entonnant une jolie séguidille? |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 07 avril 2005 - 12h04: | |
Gigue tchin tchin oh oh bigre ma doué jouez, violons mazette si fait parbleu et comment hourra youpi ollé vas-y hop là hé hé chouette la miquette miam-miam gare gare bas les pattes et toc oh ! le couac fi le vilain scrogneugneu tchin tchin et zou ouste (bis, ter, quater… jusqu’à l’épuisement) |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 07 avril 2005 - 13h56: | |
"Miquette"? Fouchtra! Voilà qui ne m'est pas connu... |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 07 avril 2005 - 15h04: | |
Miquette : mignonne, caille, bergère ; mais c’est peut-être une expression locale (d’autrefois). |
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine
Inscrit: 12-2003
| Envoyé samedi 09 avril 2005 - 17h43: | |
C'est formidable, André. Vraiment super, tout. J'adore l'Ostinato et le burlesque de ton opérette me ravit. Continue |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé samedi 09 avril 2005 - 23h31: | |
Merci Monsieur, merci Madame. C'est intéressant à composer. Lancez-vous ! Chez moi, pour l'instant, c'est la panne. Désinspiré. Mon rhube de cerbeau y est sûrement pour quelque chose. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 11 avril 2005 - 11h41: | |
Il me souffle des mélodies comme il pousse des fleurs sur les bords de mon âme le monde y tisse ses harmonies subtiles et je dissonne comme il plaît à me coeur de chanter l'aube est-elle rose -geint doucement le violon qui dessine au ciel la rosace de mes chagrins le soleil brasse ses hautes orgues aux grondants rayons du zénith le vent balance-t-il l'arbre -y roucoule un tendre piano touchant hommage roule cristallin le ramage tintinnabulant des petits passants amoureux d'espace la grande salle d'universelle acoustique où l'être danse une ronde incessante un mouvement fini lui succède un autre jamais on ne voit le chef et sa baguette d'ombre de saut d'octave en arpège da capo ou point d'orgue on erre inlassable et porté au rythme baptismal de l'enchantement combien faut-il supposer pourtant de sueur au front du génial Ludwig et de battements de coeur sur la route des sons s'y déploie entrevue la cathédrale promise illuminant le monde inachevé mais deux points de silence à boire comme un nectar d'éternité et le soir qui ranime l'orchestre assoupi explose en tutti d'adieu. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé lundi 11 avril 2005 - 12h13: | |
Beau concerto. Ton "âme" en est le soliste - qui se fond peu à peu en l’orchestre. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mardi 12 avril 2005 - 20h30: | |
SUITE caresse orchestrale, lento remuement d’airs en quoi frissonnent des buissons de mandolines la plus fine des chairs nous frôle puis au rythme stable du rouet respire la cornemuse en son ressac ressasse sèves et jus denses avec dictons et sentences car cérémonieuse est la loure battement de sabots, cadence terrienne remembrance de semailles, de labours la patience est capitale de la carrure, il en faut * ébats dans le bonheur rixe rieuse danseurs jetés dans la bousculade ils trépignent, juvéniles élans, bonds mais immobiles quasi jambes, bras jetés dans l’allégresse ils se plient, se déplient et demeurent, ont pris racines en ce rêve que joue le rigaudon rixe rieuse fraîcheur en flammes puis tremble la ritournelle phrase subreptice transe moirant la popeline une aile grisée par l’air croise des substances lisses * andante, toujours le même, toujours autre qui s'insère en lui-même, en un autre mouvement-gigogne miroir qu’avec finesse l’on traverse sans collision liquide miroir ouvrant à l’âme sa tactilité troublante miroir où l’on glisse escorté de sirènes - elles parent de sollicitudes leur cruauté de femelles frappent le cœur de coups subtils et vous transportent jusqu'aux pelouses d'un Eden jusqu'à l'affinité étourdissante de leur chair et de leur voix où l’on s'enferme dans l'accord parmi l'or et d'autres substances fleuronnées d'éclats de vocalises inaudibles *** |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mercredi 13 avril 2005 - 14h07: | |
Avec quel plaisir je serais l'élève d'un tel professeur de typologie musicale! De la didactique par la métaphore... Elle suffit au poète mélomane. |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
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| Envoyé mercredi 20 avril 2005 - 10h09: | |
Concerto L’orchestre fait un grouillement de phrases une emmêlée ses strophes en lesquelles le piano scande trois iambes limpides ils miroitent, interrogent l’effervescence bavarde et les eaux se détournant de tout ce qui est autre qu’elles mettent en dialogue ébullition et lied de fontaine chuintement d’écluse et voyelles d’eau fraîche, écumes qui jasent cataracte sombrant et friselis de perles, embruns, volutes chuchotées avant qu’en un lac ne choie le ruissellement innombrable et ne s’apaise * Une clarinette chante la cantilène déchirante tumulte ouaté des cordes des frissons circulent le piano s’étonne que l’on se plaigne il soliloque, se trouble, dit son malaise, rêve d’une île, de mers lointaines pendant que, bloc sur bloc, l’orchestre s’entasse sur lui-même jusqu’à l’opacité la clarinette veut redire son abandonnement… couplet coupé … pour qu’elle s’accomplisse, la sérénité réclame l’espace entier du ciel * Flammèches, oriflammes démarrage d’une ode gazouillis, poudroiements et comme issu d’un vitrage solaire le piano véloce, grisé, étincelant les flûtes disent vite leurs haïkus et s’évaporent les hautbois chantent chansons chatoyantes les trompettes flamboient le piano est véloce il jubile se mêle à un tumulte de flammes joyeuses en l’empyrée monte l’embrasement se fait myriades d’étoiles *** |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
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| Envoyé mercredi 20 avril 2005 - 14h18: | |
Bravo, andré, pour ces comptes rendus musicaux! Poèmes à ouir qui donnent une idée imagée des morceaux que tu écoutes. Ainsi nous en fais-tu partager le plaisir. |
André Carruzzo (Dreas)
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| Envoyé vendredi 22 avril 2005 - 10h20: | |
balafons les branches caisses claires les feuillages vent percussionniste |
André Carruzzo (Dreas)
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| Envoyé vendredi 29 avril 2005 - 21h54: | |
Ecoute sur le vent tigré de nuées fines Le chant du rossignol ou Reine de la nuit Ecoute sa gorge gonfler avec le parfum de rose marine au large des noirceurs voyageuses, le cri Du jasmin de la nuit et la peau purpurine Des ombres secrètement tuées : meurtre de nuit Au long gémissement des astres: sang de nuit, Ecoute le féroce trille de la jolie reine de la mort Triompher en pointes légères sur la teneur de l'endormi. Pierre Jean Jouve in ODE (Ed. de Minuit, 1950) |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
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| Envoyé mercredi 11 mai 2005 - 11h58: | |
Motet dévoisé h...............rrr............h fff..............kh.......….... sss.............tdt..........ch ffr.............ssk............h dtd............ ............ch Les intervenants se font de plus en plus rares. Hay razones para hacer algo. |
André Carruzzo (Dreas)
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| Envoyé jeudi 16 juin 2005 - 9h57: | |
Minnesang sérénade, la brise fine et de l’étang le satin fluide le chant d’amour avec tendresse dit ce qui meurt, ce qui s’oublie et le jet d’eau jette ses gemmes les fleurs ont un parfum fragile prise de doutes, de vertige la raison d’un homme vacille le chant enchante l’air nocturne climat d’ardeur, de trouble occulte |
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas
Inscrit: 1-2005
| Envoyé jeudi 16 juin 2005 - 15h25: | |
Essai de traduction d’un poème étrange intitulé Gesang einer gefangenen Amsel Chant d’un merle captif Sombre souffle dans la frondaison verte. De petites fleurs bleues flottent autour du visage Du solitaire, autour du pas d’or Qui agonise sous l’olivier. La nuit s’envole, frissonnant d’une aile ivre. À voix si basse saigne la soumission, Rosée qui goutte lentement de l’épineux en fleurs. La compassion aux bras radieux Entoure un cœur qui se brise. D’après Georg Trakl (1887-1914), étrange poète |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
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| Envoyé vendredi 17 juin 2005 - 13h58: | |
N'est pas sans me rappeler le Dormeur du val du non moins étrange Arthur. -Plus clair, ce dernier, pour le coup. Connais peu PJ Jouve, mais le sais fasciné par la musique. Au motet dévoisé, j'avoue préférer l'aria amuie. Question de goût, sans doute. |