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Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire
Inscrit: 2-2005
| Envoyé mardi 19 juin 2007 - 14h10: | |
Une phrase se termine par un point pensait Paul, assis à sa table de travail, et tout en observant d’un œil distrait le vert de la prairie, car il aimait bien écrire avec devant lui un paysage champêtre, parce que cela est agréable, mais aussi et surtout parce qu’il était persuadé que cela influençait de façon positive la qualité de son écriture, c’est la raison pour laquelle il avait été immédiatement séduit par cette maison, achetée il y a deux ans, notamment par cette grande pièce au premier étage ou il avait tout de suite remarqué cette baie vitrée devant laquelle il pourrait installer sa table d’écriture, projet qu’il avait concrétisé bien sur dés son installation, et si Paul pensait au point de la fin d’une phrase, c’est qu’il estimait, et de cela il était de plus en plus sur, encore que le mot sur soit un peu faible, Paul était un maniaque des mots, Paul avait la certitude que la fin d’une phrase était une fermeture d’idée, un renoncement à la fouille des mots et à la recherches de l’infinité de leurs sens possibles, que c’était presque un aveu d’échec, car en fait, on ne commence une autre phrase que pour mettre fin à une idée, ou, du moins, pour envisager cette idée sous d’autres angles, comme si l’on considérait comme infructueuse, ou du moins purgées, toutes les possibilités de la phrase précédente, et cette idée lui répugnait, il avait une certaine conception de l’écriture, il aimait tellement les phrases qu’il aspirait, et même qu’il avait le devoir, pour ne pas dire la mission, d’en tirer tout leur suc, son rêve en fait, mais pourrait il le réaliser un jour, car il mesurait très bien la difficulté du défi, son rêve était que son œuvre consisterait en une seule phrase ou il pourrait tout dire, il serait le premier, les autres écrivains et même les plus grand, il nourrissait pour Proust une admiration sans borne, n’avaient écrit que des livres, alors que lui, il n’écrirait qu’une seule phrase, une phrase inachevée. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mardi 19 juin 2007 - 22h25: | |
Joli exercice, Rienadire! Mais tu n'échappes pas au piège de la parataxe à quelques endroits de ta longue phrase... Proust, il est vrai, fut un des meilleurs à ce jeu exigeant, mais pas le seul: André Breton a su construire, lui aussi, de longues phrases que Gracq comparait à des vagues... Au fond, la vie n'est-elle pas une longue phrase-temps? Une sonate-existence? Une fresque en mouvement? Un je-cathédrale qui se construit en continu, jusqu'au point de chute où se signe l'être au moment du point d'orgue... |
Rienadire (Rienadire)
Identificateur : Rienadire
Inscrit: 2-2005
| Envoyé mercredi 20 juin 2007 - 1h03: | |
merci de ce commentaire. pourais tu m'expliquer ce qu'est une parataxe? j'aime beaucoup cette idée que la vie serait une longue phrase-temps, on pourait aussi envisager l'inverse et s'aventurer à penser que la phrase, plus généralement l'écriture, serait la vie... une p'tite phrase: Je pressens parfois la possibilité d’un phénomène analogue pour l’écriture, comme une espérance, comme une promesse d’un état nouveau ou je n’écrirai plus, ou, magiquement habité d’un sentiment de liberté, je contemplerai, sans effort, les mots défiler sous ma plume, envoûté par le rythme musical des phrases, les oreilles enchantées par la sonorité des mots, l’esprit émerveillé par la clarté logique du discours, les sens comblés par le trouble délicat du aux odeurs musquées émanants de mots inconnus, venus de derrière l’horizon, aux couleurs sensuelles et mystiques, des viva la muerte, des mots pour dire le reflet du soleil sur l’épée du cavalier chargeant au galop avant que sa lame ne s’ensanglante de rouge vermeil et que ne retentisse pour toujours en son âme le cri de douleur de l’ennemi terrassé qui lui ressemble tant , des mots interrogateurs, sagesse de la folie, des mots aussi, remontant des entrailles de la terre, terrifiants comme la clameur des guerriers avant la bataille, des mots d’avant, d’avant le big bang, d’avant l’instant ou commença le temps, des mots nourriciers d’une sagesse pacifiante, comme pour dire par exemple Satori de l’instant , Solitude des Rois, Silence Originel. |
Tm (Tm)
Identificateur : Tm
Inscrit: 1-2005
| Envoyé mercredi 20 juin 2007 - 21h00: | |
La parataxe, c'est l'absence de lien syntaxique entre deux propositions. Il y a des endroits dans ta phrase où la virgule remplace artificiellement le point. Ce n'est pas un reproche, entendons-nous bien. C'est seulement qu'alors, la virgule ne fait que justifier l'exercice, pour réussir le "challenge" que tu t'es fixé. Cela résonne un peu artificiellement. Plus performant serait de rendre absolument solidaires entre elles toutes les propositions et que chaque coordination et chaque virgule paraisse absolument indispensable au déroulement de la phrase. Difficile. Il m'est arrivé de le faire juste pour "déconner"! Mais en général, je m'arrange pour m'embrouiller volontairement dans mon fil syntaxique, à des fins purement comiques... |
Eric (Vialette)
Identificateur : Vialette
Inscrit: 10-2006
| Envoyé mercredi 15 août 2007 - 10h17: | |
superbe
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