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Abîmes poétiques : le forum » Vos textes (publication libre) » Archives : octobre 2004 - mars 2005 » Dernier matin « précédent Suivant »

Auteur Message
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 10h11:   

Dernier matin

d'après Et son empreinte de Thierry Le Baill (n° 33)




Douce banquise aux dunes bleues,
Plus aucun pas ne froissera ta neige
Où le feu survivant lance ses derniers traits
Dans l’énième pénombre.

La pléiade des horizons,
Empilement des chaînes nuageuses,
S’est frayée un couloir dans les ciels étagés
Jusqu’en être apaisée.

Sphinx de glace sur la neige,
Tu resteras notre unique témoin.
Une énigme posée en face des étoiles
Pour dernier souvenir.

Et je m’en vais dormir
A la fin délesté du fardeau de mémoire.
Dis-leur que l’Homme était un rêve,
Vierge banquise aux lèvres bleues.



MC.E
Christiane (Christiane)
Identificateur : Christiane

Inscrit: 12-2004
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 12h13:   

J'aime beaucoup la chute, qui donne tant de profondeur à la vision : une éternité minérale...

Mais je ne suis pas toujours à l'aise avec les poèmes inspirés par des tableaux. D'abord, je ne connais pas les tableaux... et puis cela me parait un peu artificiel (pardon si je choque) cependant, si le poème va plus loin que le tableau, il se justifie...
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 12h33:   

Merci Christiane pour ton commentaire.

Tu peux voir ici les toiles de Thierry Le Baill sur lesquelles quelques-uns d'entre nous écrivont : http://www.lebaill.com/essaiframe.html. Pour ce poème, c'est cette toile : http://www.lebaill.com/Images/etsonempreinte.JPG

Sinon, pourquoi dis-tu que la démarche te met mal à l'aise et qu'elle te paraît artificielle ? ça ne me choque pas du tout mais je ne vois pas ce que tu veux dire.
De tout temps, de nombreux poètes se sont intéressés à la peinture. La relation peinture-poésie est privilégiée par la nature même de leur opposition, l'une concrète (l'impact visuel), l'autre abstraite (le sens des mots et les symboles).
Quant à aller plus loin que le tableau, le poème ne le peut pas, il va ailleurs.
Louve (Louve)
Identificateur : Louve

Inscrit: 8-2001
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 15h08:   

en passant...

ton poème est super m-c,
il stigmatise la toile dans ton interprétation.
je crois que c'est la même chose que moi dans le fond(ou d'autres dans le genre),
c'est de la contemplation.
qu'on prenne une toile ou un paysage ou une fenêtre, le poète l'utilise dans son essence pour écrire.
en y ajoutant ses émotions et son talent.

niaut!
louve
Tm (Tm)
Identificateur : Tm

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 15h14:   

Tu as réussi là un flamboyant tableau, que j'aime beaucoup, Marie-Christine. Je vois dans la chute une valeur ajoutée que la toile de Thierry Le Baill laissait implicite, parmi d'autres possibles. Je songe en le lisant à Sibelius: sa symphonie n°4, est pour moi une sorte d'hiver nordique figé, que la toile qui nous intéresse pourrait superbement illustrer. Et encore à sa symphonie n°1, qui est une genèse.
Ton poème (je le relis sans me lasser) me fait penser par sa chute à la fin de "Tapiola", poème symphonique dudit compositeur: après l'apocalypse, le sommeil éternel. Et l'on se demande: le monde a-t-il existé?
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 16h51:   

Quelque chose cloche, me semble-t-il, au 8ème vers. Non ? Le grammairien veille, pardonne-moi.
Comme tout le monde, j'aime le dernier quartain.
Le sphinx - la glace énigmatique - parle et verse en nous l'apaisement évoqué plus haut.
Christiane (Christiane)
Identificateur : Christiane

Inscrit: 12-2004
Envoyé mardi 18 janvier 2005 - 18h04:   

j'essaie de trouver mes images au fond de moi-même... mais tu as raison, pourquoi ne pas parfois utiliser les images d'autres personnes ? Cependant il ne faut pas que ce soit systématique. Je le ressens comme ça, et puis je ne suis pas très (pas assez?) versée dans la peinture. A chacun son chemin...
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé mercredi 19 janvier 2005 - 8h54:   

Un tableau peut être seulement une source d'inspiration, une belle toile évoque forcément un tas de choses profondes, qu'on peu avoir envie de mettre sur le papier, après je pensequ'il ne faut pas forcer si on ne ressent rien ou si les mots ne viennent pas
C'est pour cela que perso, j'ai choisit la toile qui me plaisait le plus pour y laisser vagabonder mon imagination.Et j'ai commencé à écrire une fois que j'ai sentit que j'avait envie de dire quelque chose
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé mercredi 19 janvier 2005 - 8h57:   

P.S. : bravo MC, je ne suis pas retourner voir la toile correspondante mais je crois que ton poème se suffit à lui même
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé mercredi 19 janvier 2005 - 14h51:   

Je vois ce que tu veux dire, Christiane, mais je ne suis pas d’accord. A mon avis, il n’y a pas de frontière franche entre le monde intérieur (ses images personnelles) et le monde objectal (images des autres ou monde brut). L’un l’autre s’interpénètrent et c’est bien tout le drame humain mais aussi la beauté de l’art qui en rend compte.
C’est pourquoi j’adhère totalement à ce que disent Louve et Nao. On ne voit vraiment que ce qui nous parle intérieurement, qu’il s’agisse d’une toile, d’un paysage, d’une scène de rue ou d’une situation qu’on vit. Chaque individu, et particulièrement l’artiste qu’il soit poète, peintre ou autre, porte toujours un regard subjectif, intime sur les choses, quelle que soit leur nature. Louve, je te reçois 5/5 quand tu parles "d’état de contemplation".

TM, je connais très peu Sibelius. Pour être honnête, j’ai du mal à entrer dans son univers musical et mythologique. Mais ça me flatte beaucoup qu’on puisse faire une correspondance entre ce poème et un monde de musique.
Voilà une autre analogie qu’il serait intéressant de faire : un dialogue musique-poésie, auquel tu t’es déjà essayé m’as-tu dit, et qui me paraît bien plus difficile à rendre. Personnellement, j’adorerais faire un poème à partir du concerto pour clarinette et hautbois de Mozart, summum de la légèreté extatique, ou du 2ème mouvement du concerto en sol de Ravel, ou encore du Stabat Mater de Pergolèse (lui, je l’avais présent à l’esprit dans un poème), et plein d’autres encore.

André, tu as raison. Syntaxiquement, il faudrait dire "jusqu’à en être apaisée". Mais c’est impossible d’écrire ça. D’abord à cause du hiatus /a/ - /en/, cacophonie qui desservirait l’idée d’apaisement. Puis, ça poserait un problème métrique (7 syllabes au lieu de 6). Or, ici j’ai essayé d’être rigoureuse sur ce plan.
Cela dit, personnellement c’est toute la 2ème strophe qui ne me convient pas. A retravailler, notamment son 2ème vers en apposition. Cette strophe a un caractère trop descriptif et extérieur qui fait comme une parenthèse dans le poème. Il faudra du temps pour qu’elle trouve le ton juste tout en gardant les images auxquelles je tiens.

Merci à vous pour vos commentaires, discussions ou compliments qui font chaud au coeur.
Nao (Nao)
Identificateur : Nao

Inscrit: 6-2004
Envoyé mercredi 19 janvier 2005 - 18h58:   

la beauté est la racine de l'émotion et l'art, les feuilles de cet arbre...
M-C Escalier (Mariechristine)
Identificateur : Mariechristine

Inscrit: 12-2003
Envoyé samedi 22 janvier 2005 - 17h18:   

Joli, Nao !
version modifiée


Dernier matin


Douce banquise aux dunes bleues,
Plus aucun pas ne froissera ta neige
Où le feu survivant lance ses derniers traits
Sur l’énième pénombre.

Dans les miroirs multipliés
De l’horizon, où il faudra s’éteindre,
Flotte déjà la nuit des ciels superposés
Comme un apaisement.

Tu resteras, toi sphinx de glace
Et vestige de notre court séjour,
Une énigme posée en face des étoiles
Pour dernier témoignage.

Et je m’en vais dormir
A la fin délesté du fardeau de mémoire.
Dis-leur que l’Homme était un rêve,
Vierge banquise aux lèvres bleues.



MC.E
André Carruzzo (Dreas)
Identificateur : Dreas

Inscrit: 1-2005
Envoyé dimanche 23 janvier 2005 - 12h49:   

-La 2ème strophe est parfaite maintenant.
-J'aime l'unité du poème, i.e.le même ton de *mystère" qui passe d'un vers à l'autre, sans heurt.
-Je sais par coeur le dernier quatrain
-Suis d'accord avec Nao : la référence à la toile n'est pas du tout indispensable.

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